Une nouvelle fois, il lui faudra user de stratagèmes et de cette diplomatie sans scrupules qui lui ont si souvent permis de se sortir de situations compromettantes. Mais si la chance sourit aux audacieux, il semble bien que le pire menace toujours les filous. Et l'atout dont il dispose, cet objet magique et puissant qu'Iucounu convoite par-dessus tout, ne sera sans doute pas de trop pour l'aider à triompher de son perfide ennemi...

 

Jack Vance est né en 1916 à San Francisco. Après des études d'ingénieur, il se lance dans le journalisme avant de servir dans la Marine pendant la Seconde Guerre mondiale. De ses voyages, il a gardé un goût de l'exotisme et une verve de conteur qui se manifestent dans toute son œuvre, à commencer par son extraordinaire cycle de Tschaï.

     Cugel Saga, publié il y a presque neuf mois, est pratiquement passé inaperçu aux yeux de la « critique ». Il méritait pourtant, tant par ses qualités stylistiques et thématiques que par son contenu, d'attirer l'attention de la presse spécialisée.

     En effet, huit ans après la publication en volume, chez le même éditeur, des nouvelles relatant les aventures de Cugel l'astucieux, c'est à la suite des péripéties de notre héros que nous invitent Jacques Sadoul et les Editions J'ai Lu.

     On retrouve Cugel là où nous l'avions laissé à la fin du Castel d'Iucounu, dernière nouvelle du précédent recueil : il est de nouveau seul et abandonné sur une plage bordant l'Océan des Soupirs, où un démon l'avait transporté sur l'ordre du Magicien Rieur. Et le présent volume se propose de raconter l'histoire de son voyage-retour vers son pays d'Alméry, où il devra faire, tour à tour, l'apprentissage d'emplois aussi insolites que pêcheur d'écailles magiques ayant appartenues au monstre Sadlark, vermier (soigneur de vers géants) à bord de « La Galante », capitaine du-dit navire et caravanier pour le moins spécial. On le retrouvera dans des situations des plus drôles où l'humour et l'ironie n'ont rien à envier à l'aventure, elle-même extraordinaire du début à la fin. Pourvu de l'Eclaboussure de Lumière Brise-Ciel Pectorale, qui fait d'ailleurs bien des envieux, il se tirera toujours à temps des situations les plus périlleuses. Difficile d'oublier, notamment, son séjour à Tustvold chez le carier Nisbet et sa nuit chez le sorcier Faucelme. Et ce jusqu'à ce qu'il retrouve lucounu, responsable de toutes ses pérégrinations, pour le face à face final... Avec cet ouvrage, qui figure parmi ses chefs-d'œuvre, Vance signe l'un des meilleurs romans de merveilleux, se plaçant presque dans un genre sensiblement différent, au niveau d'un Tolkien. Le tour de force réside surtout dans le fait que l'on n'y trouve aucun passage mineur. L'auteur déploie tout son talent dans cet univers qu'il sait rendre vivant et crédible dans un foisonnement de détails et de précisions, sans que cela nuise à l'action. Les 350 pages de ce « monstre », qui inclut d'ailleurs Les dix-sept vierges (in Le manoir des roses, Presses Pocket, 1978) et The BagfuI of Dreams (nouvelle inédite en français, in Flashing Swords 4, Nelson Doubleday, 1977), littéralement truffées de mille et un détails et annotations ajoutant encore du piquant au récit déjà fort captivant, mettent en scène un Cugel rusé qui, selon son habitude, n'hésite pas à utiliser la duperie et son ingéniosité, personnage beaucoup plus achevé que dans le premier volet de ses aventures. De plus, Vance a laissé une part beaucoup plus grande à l'humour et à la psychologie, la dimension poétique gardant toujours une place privilégiée. Quant à la forme, elle est tout aussi superbe et splendide que l'intrigue et l'univers mis en place, un univers peuplé de créatures extraordinaires tels les Démons bâtons-à-vent, les Wefkins des eaux et les Lutins des roches.

     Quand le Merveilleux rencontre le talent et le génie de Vance, cela débouche sur un roman prodigieux, l'un des meilleurs de l'année...