Quatrième de couverture
« C'est ça, la vie ? demande Astaroth avcec une grimace en s'agenouillant à hauteur de son visage. C'est ça la rédemption, mmh ? ajoute-t-il en lui crachant à la figure. » Mercure ? Un pauvre type, un minable, un raté. Que s'ouvrent sur Venise les portes de l'Outre-Monde et le voilà qui rapplique en plein XVIe siècle, triste réceptacle divin ballotté par un destin qu'il ne contrôle plus. En 1876, dans un asile londonien, William Caine revient lentement à la vie. Il est seul, il est amnésique et il ne pense qu'à une chose : retrouver les morceaux d'âme qu'on lui a volés. Passé, présent, futur, tout s'entremêle au cœur d'une tragédie macabre et folle — Titien, Cervantès et Gustave Moreau en seconds rôles... et la peste pour décor. Une seule certitude : en 1576 comme trois cents ans plus tard, Venise se prononce « Enfer ». Pour lecteurs avertis. Rôdeur nocturne, Fabrice Colin est, à 25 ans, scénariste, journaliste et traducteur. Familier des créatures déchues et des intrigues malsaines, il illustre ses visions par un style frappant qui surprend et capte, pour ne plus vous lâcher. Après NEUVIÈME CERCLE, il signe là son deuxième roman.
Critiques
Venise 1576, la peste est aux portes de la ville et la Cité des Doges est le théâtre d'un affrontement millénaire entre les dieux (tous panthéons confondus : on y croise aussi bien Isis que Mercure) et l'Enfer dont la maladie est l'ambassadrice. Ce conflit est relayé par les simples mortels de deux organisations, les Léonardiens et les Souverains Antiorphiques. Les Léonardiens entendent lutter contre la peste/diable par l'art et comptent dans leurs rangs les plus éminents artistes de l'époque : le Titien, Véronèse et Tintoret. L'art et la magie se rejoignent dans des toiles qui capturent l'âme d'hommes et de femmes prêts à se sacrifier pour que l'humanité triomphe. Autant de tableaux qui par leur force doivent protéger la ville et ses habitants et refermer les portes de l'Enfer. En face, les Souverains Antiorphiques rassemblent les puissants de l'époque qui souhaitent profiter de l'occasion d'un face-à-face avec les dieux pour accéder à l'immortalité. Au-delà du combat que livrent les dieux à l'Enfer, cette lutte est aussi celle de l'art contre les pouvoirs de l'argent et de la corruption à travers les siècles puisque certains épisodes du roman évoquent les suites du conflit jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle et que les arguments employés par les Souverains Antiorphiques ont une résonance curieusement contemporaine. L'un d'eux s'exclame lors d'une confrontation avec Mercure (p 208) : « Notre soif de pouvoir est infinie ! Nous voulons rendre à Venise sa grandeur passée. En bannir à jamais la laideur et le désordre que toi et tes... complices vous plaisez tant à entretenir. La peste. La peste ne se serait jamais propagée entre nos murs si les artistes et les bohémiens (...) ne s'étaient pas tant « entichés » de ce prétendu « brassage ». Venise n'a jamais été un hospice... » Notre actualité politique n'est pas si loin... Fabrice Colin, dont c'est le deuxième roman, ne manque pas d'ambition en empruntant des voies qui évoquent Zelazny ou Moorcock. On pourra lui reprocher que certains dialogues trop longs finissent par devenir confus et que la première moitié du roman est bien moins maîtrisée que la seconde, ce qui déséquilibre un peu l'ensemble. Mais malgré ces défauts de jeunesse, on ressort avec l'impression d'avoir découvert un véritable auteur dont on guettera avec bienveillance les prochaines livraisons. Benoît DOMIS (lui écrire) Première parution : 1/7/1998 dans Ténèbres 3 Mise en ligne le : 12/10/2003
Cité dans les pages thématiques suivantes
Steampunk
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