DENOËL
(Paris, France), coll. Etoile Double n° 7 Dépôt légal : octobre 1984, Achevé d'imprimer : octobre 1984 Première édition Anthologie, 160 pages, catégorie / prix : 19 FF ISBN : 2-207-34007-4 Format : 10,8 x 17,8 cm✅ Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
HEUREUX LES HUMBLES
Camarades, la consommation n'est pas un droit, c'est un devoir civique.
Ils formaient un joli couple, mais ils ne venaient pas du même monde.
— Tu n'es pas heureuse ? À cause de... tout ça.
Morey, d'un geste vague, impliquait les vingt-six pièces de leur demeure, leurs cinq voitures, les neuf robots...
— Chéri, j'ai essayé. Je t'aime, Morey, mais je crois que je deviens folle de vivre ainsi. J'en ai assez d'être pauvre !
Heureux les humbles, car ils hériteront de le terre.
Heureux Morey, héritier de plus de biens matériels qu'il n'en pourra jamais consommer.
LE MOINDRE DES FLÉAUX
Et si les autres avaient gagné ?
Quand il se réveilla, il se sentait malade et un peu ivre. Il regarda autour de lui. Les indices d'un incroyable carnage pullulaient dans toute la demeure. Royland s'avança en chancelant jusqu'au charnier, fouillant à pleins bras parmi les ossements entassés. Quelque chose de tranchant, aussi acéré qu'une lame de rasoir, le coupa. C'était un fragment de sabre long d'une quinzaine de centimères. La courbure de l'arme ne laissait aucune place au doute : un sabre de samouraï.
Pohl s'offre (et nous offre) une nouvelle-canular, sur le principe du monde à l'envers : dans l'avenir, être pauvre, c'est être contraint à consommer énormément, et tous cherchent à monter dans l'échelle sociale pour pouvoir enfin vivre plus simplement. C'est drôle, mais une telle pochade ne méritait sans doute pas soixante-douze pages. On finit par s'ennuyer.
Kornbluth, lui, décrit les U.S.A. partagés entre l'Allemagne et le Japon. Il se démarque de Dick, parce qu'il se méfie des mysticismes de tous poils, plaide pour la raison et se souvient que l'orient n'est pas exclusivement peuplé de bonzes et de gourous. On peut lui reprocher quelques incohérences — le jet qui remplace les wagons à bestiaux des camps de la mort n'est guère crédible ; on peut aussi lui reprocher la faiblesse de l'argument qu'il utilise pour justifier le bombardement d'Hiroshima. Ce n'est sans doute pas cela qui a déterminé l'issue de la guerre. Cependant la polarisation sur cet événement a tellement contribué à faire oublier des broutilles comme Coventry ou Dresde qu'un peu d'iconoclasme peut être salutaire. Tant pis pour les bonnes âmes. Et puis si l'auteur n'écrit pas une farce, il n'en manifeste pas moins un solide humour... Bref, son texte justifie amplement l'achat du volume, bien qu'il soit paru dans Fiction en 1963.