Margaret Alton est née sur Ténébreuses, mais en revenant, adolescente, sur cette planète, elle a découvert un monde étrange, presque effrayant. Elle est l'héritière du Domaine des Alton, que certains convoitent, et aussi de leur don, que nul ne parvient à maîtriser. Elle est hantée par une Tour de miroirs et une voix impérieuse qui tonne dans sa tête. Seul contrepoids : Mikhail, l'homme qu'elle aime et qu'elle rejoint télépathiquement ou en rêve. Avec lui elle participe au bal du Solstice, avec lui elle s'échappe jusqu'à la Tour de Hali telle qu'ils l'ont aperçue, dans une vision commune, au temps de sa splendeur, il y a des siècles de cela. Ils ont obéi à un appel. Ils ne vont pas tarder à découvrir qui l'a lancé.

 

     L'inspiration fantastique, fréquente dans la romance de Ténébreuse et particulièrement dans le cycle de Lew Alton (« L'exil de Sharra ») et de sa fille Margareth (« La chanson de l'exil »), triomphe dans « La matrice fantôme », digne pendant des « Hauts de Hurlevents », de « Jane Eyre » et de « Rebecca ».

 

     Dans le massif montagneux des Adirondacks, au nord de New York, il y a un village nommé Thendara. Marion Zimmer Bradley est née près de là ; elle y a peut-être été au bal. Sur la planète Ténébreuse il y a une grande ville nommée Thendara. Cette ville, cette planète, Marion Zimmer Bradley les a rêvées, elle y a situé le grand bal du Solstice qui apparaît dans plusieurs romans du cycle de Ténébreuse et notamment dans « La matrice fantôme ».

     Retour de Ténébreuse, retour de Margaret/Margarida Alton, la jeune ethno-musicologue, retour aux sources. Ténébreuse, planète aux vents de folie, aux quatre lunes et au soleil rouge, Ténébreuse, planète étrange où le jeu des pouvoirs n'est jamais ce qu'il semble être, Ténébreuse, rêve d'unité déchirée par d'étranges pouvoirs... Ténébreuse, planète créée de toutes pièces par la Grande Maîtresse de la science fantasy et qui nous fait rêver de belles dames rousses et de laran depuis quelques décennies... Société complexe au rythme féodal, au climat rigoureux, à la société pétrie de contradictions, quel regard peut donc porter sur ce monde une jeune femme qui n'y a jamais vécu même si elle y est née. Quel regard peut donc porter une femme élevée dans le culte de l'indépendance et de la connaissance sur un monde où toute femelle n'est destinée qu'au silence et à la procréation ? Comment réagir avec raison et intelligence face à un pouvoir qui défie toute réalité humaine ?

     Margaret Alton, ethno-musicologue de l'université de la Fédération, va devoir, malgré elle, malgré tout, répondre à ces questions, confrontée qu'elle est à un monde qui ne correspond à rien de rationnel, qui s'éloigne de sa notion même du possible. Margaret va devoir se réconcilier avec un monde et un passé qu'elle a longtemps refusés et se battre pour un avenir qu'on lui refuse avec acrimonie...

     Renouant avec les grands moments de Ténébreuse, Marion Zimmer Bradley continue la romance et donne à son monde une réalité de plus en plus tangible. Avec des personnages comme celui de Margaret, elle forge lentement mais sûrement un avenir pour un monde qui, on le sait à présent avec bonheur, lui survivra.