Arthur C. CLARKE Titre original : Earthlight, 1955 Première parution : États-Unis, New York : Ballantine Books, février 1955ISFDB Traduction de Gisèle BERNIER Illustration de Paul LEHR
Sadier savait que la découverte de minerais sur la Lune pourrait conduire à une guerre dévastatrice entre la Terre et des colonies plus jeunes, comme Mars et Vénus.
Or il y avait quelqu'un dans le groupe de savants pondérés et respectables qui transmettait clandestinement des informations aux vaisseaux de guerre évoluant dans l'espace extra-lunaire — quelqu'un que Sadier avait pour mission de démasquer...
Né en 1917, homme de science, Clarke est considéré comme un des grands noms de la science fiction. Son œuvre récente où, de plus en plus, il développe des thèmes philosophiques, ne doit pas faire oublier l'autre face de son talent : celui de l'anticipation à court terme, soit qu'il décrive la conquête de l'espace, la colonisation de Mars ou, comme ici, la description réaliste et minutieuse de l'exploitation de la Lune par l'homme au travers d'une intrigue dans la tradition des grands romans d'espionnage.
Cette lumière, c'est celle du clair de Terre sur la Lune (« Earthlight ») ;mais ce pourrait être aussi celle qui baigne ce roman aussi limpide mais aussi peu brillant qu'un cours d'algèbre. Ou plutôt, un cours de cosmographie (datant, hélas ! de 1955), à peine égayé par une histoire de conflit entre la Terre et ses colonies pour la possession des richesses de la Lune enfin découvertes dans ses profondeurs, et d'espionnage dans la base lunaire où Clarke ne rivalise ni dans le déroulement de l'enquête (elle aboutît bien après la fin du conflit, et presque par hasard) ni dans le moyen utilisé pour transmettre les renseignements, avec l'ingéniosité d'Agatha Christie.
Bertram Sadler est envoyé en mission sur la Lune. Sous la couverture d'expert-comptable, il doit démasquer un espion au sein de l'Observatoire terrien. En effet, la Terre a peu à peu colonisé les autres planètes du système solaire. Mais celles-ci, regroupées au sein de la Fédaration, en ont assez de l'hégémonie de la planète mère, et la rébellion, voire la guerre, couvent. La Terre, qui possède et exploite son satellite naturel, a peur de voir la Fédération lui disputer l'usufruit des ressources minières de la Lune. Aussi tout ce qui se passe dans l'Observatoire est-il étroitement surveillé. Et pourtant, des fuites se produisent. La mission de Sadler est donc d'en déterminer l'origine. Sa mission sera compliquée, la population lunaire étant composée d'individus aux intérêts forts divers. De plus, la guerre contre la Fédération éclate pendant le séjour de Sadler sur la Lune...
Ce roman de Clarke est ancien (il date de 1955). L'auteur y montre déjà son goût pour la hard science, avec de nombreuses descriptions et explications à la clé. L'intrigue, prenante mais somme toute ultra-classique, n'est qu'un prétexte à l'évocation de scènes astronomiques magiques et de machines impressionnantes. Le ton des descriptions de Clarke s'apparente plus à celui d'un professeur qu'à celui d'un conteur. Par la suite, l'auteur sera plus heureux dans l'intégration d'exposés scientifiques à une trame narrative. Un roman mineur dans l'œuvre de Clarke.