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La Belle de Montferrare

Jacques MORVAN



Robert LAFFONT (Paris, France), coll. L'Étrange suivant dans la collection
Dépôt légal : 1956
Première édition
Roman, 240 pages, catégorie / prix : 500 FF
ISBN : néant
Genre : Fantastique


Quatrième de couverture
COLLECTION « L'ÉTRANGE »

Cette collection réunit des romans qui baignent dans une atmosphère d'épouvanté et d'extraordinaire. Elle s'adresse à tous les amateurs de manifestations surnaturelles et, plus simplement, à tous ceux qui aiment les histoires véritablement « passionnantes ».

Jacques Morvan : La Belle de Montferrare
Patrick Toussaint : Le grand Secret
Raoul de Warren : La Bête de l'Apocalypse
Critiques

[Critique des livres suivants :

- La belle de Montferrare de Jacques Morvan, Robert Laffont, Coll l'étrange

- La bête de l'Apocalypse de Raoul de Warren, Robert Laffont, Coll l'étrange]

    Attendue depuis quelques mois, la collection « L'Étrange » de Laffont vient de voir le jour. L'importance de l'événement vaut d'être soulignée. C'est la première fois depuis longtemps qu'un éditeur important prend la responsabilité de lancer une série régulière d'ouvrages fantastiques. Cette collection que Denoël n'a pas osé créer pour y publier Jean Ray et Bouquet, il faut remercier Laffont de nous l'offrir. On regrette simplement, à en juger par son orientation première, de constater… que des gens comme Ray et Bouquet n'y auraient pas trouvé place !

    C'est la mort dans l'âme que je joins une épine à cet envoi de fleurs. Mais je m'explique : conscient sans doute des risques de l'opération, Laffont lance sa collection au niveau, disons, du « commercial honnête ». C'est défendable, et si cela doit l'aider à ne pas mordre la poussière, j'applaudis. Mais je me permets une mise en garde en me demandant si le danger contraire n'est pas à craindre : à savoir d'éloigner la clientèle des vrais amateurs de fantastique.

    Le premier roman publié, « La belle de Montferrare », de Jacques Morvan, illustre typiquement cette situation. C'est en effet un roman fantastique fait sur mesures pour les gens qui ne connaissent rien au fantastique. Après tout, ce n'est peut-être pas maladroit. Le livre risque ainsi de toucher un public « non spécialisé », donc plus vaste. Mais on ose espérer qu'il s'agit seulement là d'une formule tendant à assurer à la collection le démarrage…

    Si « Malpertuis » vous a cassé la tête, si « Je suis une légende » vous a donné la nausée, alors, dépêchez-vous de lire « La belle de Montferrare ». Soyez à l'aise : rien d'intellectuel, rien de morbide, rien de compliqué. Et un fantastique tout timide, qui a presque l'air de s'excuser d'être là. L'atmosphère du début rappelle en plus serein « Le pays sans étoiles » de Pierre Véry, la fin est un pâle démarquage (oh ! si pâle)… de la conclusion de « Malpertuis » précisément. Ce n'est pas mal écrit. C'est toujours de bon ton. Et cela tient une gageure : raconter un sujet érotique sans la plus mince parcelle d'érotisme. En un mot : rien qui soit susceptible de heurter ou de surprendre n'importe quel lecteur. Éducateurs, vous pourrez le prévoir dans vos distributions de prix pour les accessits de français dans les grandes classes. Parents, vous pourrez le laisser à la portée de vos enfants. Enfants, vous serez excusables d'y préférer quelque chose d'un peu poivré et pimenté…

    Le second roman, « La bête de l'Apocalypse », de Raoul de Warren, joue sur l'autre corde : le pur commercial. Il est au moins supérieur au précédent en ce sens qu'il est, sous le rapport de l'imagination, complètement dément. Le fantastique n'y est qu'« instrumental » et non « interne ». En fait, c'est du feuilleton policier délirant dans la tradition de Gaston Leroux. Je préférais « L'énigme du mort vivant », que l'auteur nous donna il y a quelques années ; on y trouvait une plus grande rigueur dans la conduite de l'intrigue. Ici, le rocambolesque confine à la frénésie. Le thème, qui semble cher à l'auteur, est celui de la série d'événements se répétant cycliquement, à divers siècles d'intervalle. Mais il n'est plus ici question de réincarnation, comme dans « L'énigme du mort vivant ». Et, à la cascade de faits invraisemblables qui se sont entremêlés, est fournie une seule explication « logique »… et tellement insensée qu'elle fait définitivement basculer l'histoire dans le domaine du rêve !

    À part cela, le roman est composé avec une science diabolique des effets et des rebondissements. Si vous retrouvez vos quinze ans pour le lire, vous serez survoltés.

    Je précise pour terminer que ces deux ouvrages, malgré les réserves qu'ils inspirent, se classent nettement au-dessus du niveau de la collection « Angoisse » du Fleuve Noir (mais cela va de soi). J'attends maintenant que la collection « L'Étrange » nous présente un ouvrage fantastique digne de ce nom.

Alain DORÉMIEUX
Première parution : 1/6/1956 dans Fiction 31
Mise en ligne le : 5/6/2025

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