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La Bête de l'apocalypse

Raoul de WARREN


Illustration de (non mentionné)

Robert LAFFONT (Paris, France), coll. L'Étrange précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : mars 1956
Première édition
Roman, 296 pages, catégorie / prix : 500 F
ISBN : néant
Genre : Fantastique


Pas de texte sur la quatrième de couverture.
Critiques

[Critique des livres suivants :

- La belle de Montferrare de Jacques Morvan, Robert Laffont, Coll l'étrange

- La bête de l'Apocalypse de Raoul de Warren, Robert Laffont, Coll l'étrange]

    Attendue depuis quelques mois, la collection « L'Étrange » de Laffont vient de voir le jour. L'importance de l'événement vaut d'être soulignée. C'est la première fois depuis longtemps qu'un éditeur important prend la responsabilité de lancer une série régulière d'ouvrages fantastiques. Cette collection que Denoël n'a pas osé créer pour y publier Jean Ray et Bouquet, il faut remercier Laffont de nous l'offrir. On regrette simplement, à en juger par son orientation première, de constater… que des gens comme Ray et Bouquet n'y auraient pas trouvé place !

    C'est la mort dans l'âme que je joins une épine à cet envoi de fleurs. Mais je m'explique : conscient sans doute des risques de l'opération, Laffont lance sa collection au niveau, disons, du « commercial honnête ». C'est défendable, et si cela doit l'aider à ne pas mordre la poussière, j'applaudis. Mais je me permets une mise en garde en me demandant si le danger contraire n'est pas à craindre : à savoir d'éloigner la clientèle des vrais amateurs de fantastique.

    Le premier roman publié, « La belle de Montferrare », de Jacques Morvan, illustre typiquement cette situation. C'est en effet un roman fantastique fait sur mesures pour les gens qui ne connaissent rien au fantastique. Après tout, ce n'est peut-être pas maladroit. Le livre risque ainsi de toucher un public « non spécialisé », donc plus vaste. Mais on ose espérer qu'il s'agit seulement là d'une formule tendant à assurer à la collection le démarrage…

    Si « Malpertuis » vous a cassé la tête, si « Je suis une légende » vous a donné la nausée, alors, dépêchez-vous de lire « La belle de Montferrare ». Soyez à l'aise : rien d'intellectuel, rien de morbide, rien de compliqué. Et un fantastique tout timide, qui a presque l'air de s'excuser d'être là. L'atmosphère du début rappelle en plus serein « Le pays sans étoiles » de Pierre Véry, la fin est un pâle démarquage (oh ! si pâle)… de la conclusion de « Malpertuis » précisément. Ce n'est pas mal écrit. C'est toujours de bon ton. Et cela tient une gageure : raconter un sujet érotique sans la plus mince parcelle d'érotisme. En un mot : rien qui soit susceptible de heurter ou de surprendre n'importe quel lecteur. Éducateurs, vous pourrez le prévoir dans vos distributions de prix pour les accessits de français dans les grandes classes. Parents, vous pourrez le laisser à la portée de vos enfants. Enfants, vous serez excusables d'y préférer quelque chose d'un peu poivré et pimenté…

    Le second roman, « La bête de l'Apocalypse », de Raoul de Warren, joue sur l'autre corde : le pur commercial. Il est au moins supérieur au précédent en ce sens qu'il est, sous le rapport de l'imagination, complètement dément. Le fantastique n'y est qu'« instrumental » et non « interne ». En fait, c'est du feuilleton policier délirant dans la tradition de Gaston Leroux. Je préférais « L'énigme du mort vivant », que l'auteur nous donna il y a quelques années ; on y trouvait une plus grande rigueur dans la conduite de l'intrigue. Ici, le rocambolesque confine à la frénésie. Le thème, qui semble cher à l'auteur, est celui de la série d'événements se répétant cycliquement, à divers siècles d'intervalle. Mais il n'est plus ici question de réincarnation, comme dans « L'énigme du mort vivant ». Et, à la cascade de faits invraisemblables qui se sont entremêlés, est fournie une seule explication « logique »… et tellement insensée qu'elle fait définitivement basculer l'histoire dans le domaine du rêve !

    À part cela, le roman est composé avec une science diabolique des effets et des rebondissements. Si vous retrouvez vos quinze ans pour le lire, vous serez survoltés.

    Je précise pour terminer que ces deux ouvrages, malgré les réserves qu'ils inspirent, se classent nettement au-dessus du niveau de la collection « Angoisse » du Fleuve Noir (mais cela va de soi). J'attends maintenant que la collection « L'Étrange » nous présente un ouvrage fantastique digne de ce nom.

Alain DORÉMIEUX
Première parution : 1/6/1956 dans Fiction 31
Mise en ligne le : 5/6/2025

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition LES BELLES LETTRES, Le Cabinet noir (1998)

     Raoul de Warren a l'art de maintenir un suspense constant, de mener le lecteur de surprise en surprise sans temps mort, non pas à l'aide de rebondissements dans l'action mais bien dans l'élucidation de l'intrigue ! Qu'on juge : un jeune homme, Philippe Lormel, venu voir un ami, atterrit chez son voisin de palier, Robert Noir, qui l'informe qu'il l'a attiré ici car il est hanté par des cauchemars qu'il compte lui inoculer ! Effectivement, Lormel rêve ensuite d'une jeune femme crucifiée sur un bateau en flammes. Charles de Mordigné, un jeune passionné de mystères, enquête pour lui et apprend qu'au fil des siècles, cinq navires nommés La bête de l'Apocalypse ont coulé au large de Cadix ! Ce nom est aussi le titre d'un film inachevé illustrant l'Apocalypse de Saint Jean, qui n'aurait été tourné que pour permettre à la secte des Chevaliers du même nom de sacrifier une femme afin de mettre fin au règne de la Bête et hâter l'avènement de la troisième période de l'Apocalypse, qui promet mille ans de bonheur avant la convulsion finale. Plus surprenant encore : les cauchemars de Philippe représentent une scène jouée par l'actrice du film. Au fur et à mesure que l'enquête progresse, des cadavres jonchent la route de Charles de Mordigné, vite accusé de meurtre et qui d'ailleurs en vient à conclure avec d'autres qu'il est le coupable, victime d'un dédoublement de personnalité !
     Raoul De Warren, considéré comme le Gustave Meyrink français, ne craint pas d'abuser, en grand maître de la littérature populaire, de coïncidences et de hasards formidables, de dédoublements de la personnalité et même de filiations cachées ou ignorées ! Ce grand numéro d'équilibriste est peaufiné par l'agilité avec laquelle il manipule les chiffres pour faire coïncider les nombres ésotériques (666, 888) avec les événements de l'Histoire. La seconde guerre mondiale devient ainsi la trace tangible du règne de la Bête sur Terre.
     Récit Fantastique, policier, d'espionnage, d'occultisme ? La bête de l'Apocalypse est tout cela à la fois et bien davantage. De la grande littérature populaire, vraiment !

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/7/1998
dans Bifrost 9
Mise en ligne le : 4/11/2002


Edition LES BELLES LETTRES, Le Cabinet noir (1979)

 
     HERNE NOIR

     A en juger par une foule d'indices internes, ce texte devrait être une réédition. C'est confirmé par les autres ouvrages, promis, de l'auteur qui portent comme titre l'Enigme du Mort vivant ou Le Village assassin. D'autre part, les ouvrages historiques de R. de Warren sont datés des années d'avant 1940. Si c'est une réédition, je pense qu'on devrait le signaler. Sinon, c'est ce qui ressemble le plus à un roman des années de la fin de la guerre, à la fois par le style d'écriture, par les motivations psychologiques et même par l'imaginaire, tout satanique qu'il se veuille. La très belle jaquette, de Goya, laisse entrevoir de sulfureuses rencontres. Le verso annonce un roman occultiste. Tout est réussi pour un voyage maudit. Peut-être n'avais-je pas assez de clés pour ouvrir les portes interdites, mais j'ai plus cheminé en domaine de roman de mystère/policier/espionnage, qu'autre chose. Le projet, pourtant était fascinant : unir des dates, des lieux, des sacrifices à la venue de l'un des signes de la Bête (Hiroshima). Tout ceci retombe à plat, et laisse un parfum de regret.

Roger BOZZETTO
Première parution : 1/3/1979
dans Fiction 299
Mise en ligne le : 7/2/2010

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