Ulser, à peine rentré chez son père, se voit confier une mission : conquérir le trône de Gangrène pour les Brise-Camail. En effet, d'après les prédictions d'une pythie avinée, la lignée royale s'est éteinte brutalement. D'après le codex qui fixe les modalités d'accession d'une nouvelle dynastie, le futur roi doit ramener les quatre élémentaires qui lui permettront de construire le nouveau trône. Seul problème, ils sont, pour trois d'entre eux, dans des zones très dangereuses et pour le quatrième, il relève de la légende, car mettre la main sur de la plume de dahu, un animal mythique disparu depuis plus de six siècles... Mais grâce aux arguments frappants de son père, Ulser et son équipe se mettent en route !
Pour corser le tout, après qu'il se soit inscrit comme prétendant, le Prophétionnel apprend qu'ils sont quatre à vouloir le trône, dont Rohand le Pureux, son plus vieil ennemi !
Ulser de Brise-Camail peut être comparé, pour certains traits de son caractère, au Gaston Lagaffe de Franquin ! Il n'est pas spécialement courageux, ni devant les tâches à effectuer, ni face au danger, mais surtout, il ne rate pas une occasion de déclencher des catastrophes. Pierre Grimbert l'entoure d'une magnifique équipe de « bras cassés » et lui concocte des quêtes impossibles et drolatiques.
Mais, Le Trône du dahu, au-delà de l'humour et de l'action, recèle un travail rigoureux et intéressant sur le caractère de personnages disparates. La lecture de ce roman est agréable grâce à l'écriture limpide de l'auteur. Celui-ci a le goût pour l'image qui fait mouche, pour une inventivité dans les moyens et dans les péripéties. Il s'amuse, pour notre régal, à détourner des règles du genre et à utiliser nombre de références romanesques. La plus évidente étant l'hommage à Astérix avec le barde Fimosis. Il s'inspire des événements quotidiens de la société, introduisant, par exemple, dans quelques pages, les rebondissements de la vie politique de ce début d'année 2007. Il intègre comme éléments de son intrigue, des classiques des classiques comme la course en sac (qui divise le pays par la nature de la matière du sac !) la chasse au dahu, avec toutes les grandes règles à respecter pour capturer cet animal si sauvage et si craintif. Il baptise presque tous ses personnages de nom de maladies ou de pathologies qu'il n'est pas toujours aisé de débusquer, emporté par l'intérêt de l'intrigue : Ernie, Panary, Escar, Fimosis...
On pouvait craindre, après La Théorie du bouclier que ce second volet soit en deçà du niveau du premier, comme c'est souvent le cas dans des suites de romans reprenant le même groupe de personnages. Il n'en n'est rien, au contraire ! C'est ainsi qu'on retrouve avec grand plaisir les personnages lancés dans une suite d'actions débridées, voire loufoques.
Un livre séduisant, pour un moment assuré de détente. Il fait si bon rire !
Serge PERRAUD
Première parution : 27/7/2007 nooSFere