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Un Puits dans les Étoiles

Robert REED

Titre original : The Well of Stars, 2004
Première parution : Tor, 2004   ISFDB
Cycle : Le Grand vaisseau  vol. 2

Traduction de Olivier DEBERNARD
Illustration de Stephan MARTINIÈRE

BRAGELONNE (Paris, France), coll. Science-fiction précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : juin 2007, Achevé d'imprimer : mai 2007
Première édition
Roman, 456 pages, catégorie / prix : 22 €
ISBN : 978-2-35294-058-6
Format : 15,4 x 23,8 cm
Genre : Science-Fiction


Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
Le Grand Vaisseau, aussi vaste que Jupiter, a longtemps voyagé autour de notre galaxie, en abritant dans ses flancs immenses des milliards d'êtres vivants de toute origine qui cohabitaient harmonieusement sous la férule de milliers de capitaines quasi immortels. Mais cette époque est désormais révolue. Apres avoir survécu in extremis à la révolte d'une partie de ses passagers, l'immense carcasse a changé de direction et cherche a panser ses plaies. Elle fonce désormais vers une gigantesque région de l'espace où les étoiles sont si rares que le ciel est aussi sombre que de l'encre. C'est un voyage sans retour.
Pendant que les capitaines et les rémoras s'efforcent de réparer la coque, le navire s'enfonce peu a peu dans la noirceur. Là, dans ce vide étrange, se cache la plus grande menace que le Vaisseau ait jamais affrontée. Car la vie peut prendre des formes inattendues, et l'entité mystérieuse qui veille au fond du puits dans les étoiles a appris à être patiente.
 
Né en 1956 aux États-Unis, Robert Reed a débuté sa carrière d'écrivain de façon tonitruante en gagnant le prix Writers of the Future en 1986. Ses nouvelles ont souvent été finalistes du prix Hugo, du Nebula (c'est en particulier le cas de la novella qui a servi de base au présent cycle) ou du World Fantasy Award. Dans ses romans, il fait montre d'une imagination démesurée, jonglant avec les galaxies, les univers multiples et les personnages quasi immortels. II s'est très vite imposé comme un des principaux piliers du nouveau space opera, la réponse américaine à Iain M. Banks ou Peter F. Hamilton !
Critiques
     Il était une fois un vaisseau, grand comme une planète, vieux comme l'univers, qui errait dans l'espace intersidéral. Un jour, le mastodonte atteignit la voie lactée et tomba dans les mains industrieuses de l'humanité, qui s'empressa de le convertir en astronef de croisière pour extraterrestres voyageurs. Pour embarquer, une seule condition à remplir : payer sa place en information — transfert de technologie fructueux — ou en ressources sonnantes et trébuchantes. Mais le Mal couvait au cœur du Grand Vaisseau. Pendant une mission d'exploration, certains membres de l'équipage découvrirent la mystérieuse entité dénommée Marrow, incarcérée en son centre. S'étant proclamés Indociles, ils tentèrent alors de s'emparer du pouvoir pour imposer son culte et peut-être même, la libérer de sa prison en hyperfibres. Il en résulta une guerre impitoyable qui manqua de détruire entièrement le Grand Vaisseau. Au terme de cet épisode, on aurait pu croire qu'après avoir réprimé la révolte, préservé l'intégrité de la coque et échappé à l'engloutissement dans un trou noir, les capitaines survivants allaient pouvoir enfin goûter à une immortalité paisible durant des éons. C'est bien mal connaître l'imagination de Robert Reed et le goût du lectorat pour ce genre de saga. A peine ses plaies sont-elles pansées que le Grand Vaisseau voit son avenir dramatiquement hypothéqué. En effet, la nouvelle trajectoire qu'il a adoptée pour échapper au trou noir l'entraîne inexorablement au cœur d'une nébuleuse obscure où le guette... un danger peut-être — certainement — plus grand encore...

     Dans un précédent numéro de Bifrost (le 44), j'avais affirmé ne plus vouloir revenir dans l'univers conçu par Robert Reed. Mais voilà, je suis lâche... et influençable de surcroît. Voici donc la chronique de Un puits dans les étoiles qui pourrait aisément s'intituler Le Grand Vaisseau — saison 2. En effet, tous les ingrédients constitutifs, les tics narratifs et les poncifs du précédent volet sont une nouvelle fois convoqués pour en mettre plein la vue aux adeptes de NSO (acronyme désignant le New Space Opera, courant littéraire qui, a bien y réfléchir, ne se différencie de son ancêtre de l'âge d'or que par les trois premières lettres). Un puits dans les étoiles commence immédiatement au moment où l'action de Le Grand vaisseau s'était interrompue et le programme de la seconde saison peut se résumer en deux mots : encore plus. Encore plus de gigantisme, encore plus de combats titanesques et cataclysmiques, encore plus d'armes effroyables (insérez ici le cri d'effroi de votre choix), encore plus d'extraterrestres bizarres, encore plus de jargon technoscientifique, encore plus de sexe (eh non ! même pas...) ; l'ensemble se déroulant sur une échelle de temps qui s'étiiiiiiiire encore sur des centaines d'années.

     Une nouvelle fois, la surenchère d'effets se fait au détriment de l'aspect humain de l'histoire. Ici, on pourrait également résumer le procédé promptement. C'est le règne du encore moins. Encore moins de psychologie, encore moins de chaleur humaine, encore moins d'interaction entre les individus. Capitaines, ingénieurs, post-humains, extraterrestres ne sont que les marionnettes d'événements qui les dépassent en ampleur. Ils évoluent en tâche de fond, immergés dans une intrigue, par ailleurs totalement balisée. Fort heureusement, Robert Reed pratique davantage l'ellipse, ce qui nous épargne des siècles de comptes-rendus minutieux sur l'avancement des réparations et sur l'approche de la nébuleuse. Cependant, la narration reste très lente, pour ne pas dire ennuyeuse. Il ne se passe rien ou presque, durant environ 130 pages. Puis, le rythme s'accélère, les événements se précipitent jusqu'à l'offensive générale contre le Grand Vaisseau. C'est alors une toute autre sorte de lassitude qui s'impose. Celle générée par la répétition des combats qui mobilisent un arsenal toujours plus impressionnant. Celle suscitée par le ressassement des effets dévastateurs de l'assaut. Celle enfin, du rabâchage des contre-mesures déployées par les capitaines, Washen et Pamir, afin de repousser l'invasion ; manœuvres toutes successivement et implacablement déjouées. Des pages et des pages où il n'est plus question d'une S-F d'idées puisque l'enjeu se réduit à la question : Charybde (Marrow) va-t-il trouver son Scylla ? Il n'est pas davantage question d'une S-F d'images, même si certaines visions titillent de manière subliminale le sense of wonder. Non, nous nous trouvons ouvertement dans une S-F de comptabilité. Seul importe le nombre de morts, les outrages pyrotechniques infligés au Grand Vaisseau et, de manière de plus en plus lancinante, le compte à rebours des pages qu'il reste à tourner avant un dénouement, en forme de cliffhanger comme il se doit, dans une série interminable...

Laurent LELEU
Première parution : 1/1/2008 dans Bifrost 49
Mise en ligne le : 27/1/2009

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