La Sécurité Panafricaine soupçonne Algis Adamci, le secrétaire aveugle de Loé Dantika, d’être aussi un agent américain, manipulé par le colonel Lynbrook. Algis est livré à l’encéphalogue Bruno Ceren qui le transforme en simak. Il devient alors un de ces esclaves dociles et heureux, créés par les biologistes du XXIe siècle pour fournir aux propriétaires des microclimats une main-d’œuvre à bon marché.
Mais au-delà des simaks, il y a les wikis. Algis subit l’ultime métamorphose qui fera de lui un être plus léger que le temps. Pendant qu’un formidable ouragan climatique détruit Bora-Aul et que débute la Guerre de Cent soixante-quinze Ans, il est projeté hors du courant temporel. Une île de la Lune l’emporte jusqu’au bout de l’histoire... où il retrouvera peut-être Gella.
Michel Jeury Né en 1934, figure majeure de la science-fiction en France dans les décennies 1970 à 90, Michel Jeury, qui s’est consacré ensuite à un romanesque de terroir, fut l’un des auteurs les plus innovants de la « speculative fiction ». Les Îles de la Lune était le premier roman de Michel Jeury dans la collection « Anticipation », en 1979, mais était demeuré quasi inachevé, avec une fin très ouverte. Trente-trois ans plus tard, Jeury est revenu sur son œuvre afin de la prolonger et de lui donner une conclusion. La boucle est bouclée, en cette fin de carrière de l’auteur, pour un roman à la fois visionnaire, poétique et rendant hommage à la science-fiction.
Il y a bien longtemps que je n'avais pas lu un FN. Simplement, parfois, sur des sources sûres je lisais tel Gilles Thomas, telle trilogie d'Arnaud, ou bien je me faisais un plaisir de retrouver des noms connus dans le passé comme le récent Steiner Un Passe-Temps (944). J'ai sans doute eu tort et péché par élitisme outrancier. Cela dit, je ne reçois pas le Fleuve en SP, je n'ai pas une quantité infinie de temps, et j'ai des préjugés. A quelques signes il semble pourtant que la politique éditoriale de cette ancienne base de la SF se modifie, et dans le bon sens. Certes, le virage est négocié en douceur, mais quand même... On en vient à reconnaître qu'il existe, au Fleuve même, deux publics : l'un qui se nourrit des Sheer et Dalton ou de leurs avatars français, l'autre, jusqu'alors minoritaire et occulté, qui tend à faire surface : celui qui a toujours aimé les Vandel, Wul, Steiner, Suragne, Carsac et qui se voit offrir un Jeury. Cet ouvrage est issu de l'hybridation de deux veines : l'une développée dans la collection l'Age des étoiles (Laffont) et dont on a critiqué ici Le sablier vert et Le monde du lignus, l'autre c'est l'univers jeuryen classique. Le résultat est intéressant. C'est, à mon avis, supérieur à l'Univers Ombre (Encre) trop statique, et au récent Les enfants de Mord (Press Pocket) trop parodique. Certes, il n'atteint ni la densité ni la profondeur de Soleil chaud (reed Press Pocket) ni la réussite de Territoire humain (Laffont) mais c'est un Jeury d'excellente facture, un bon cheval pour remonter le Fleuve. Lorsque cette critique paraîtra, l'ouvrage aura disparu des tourniquets. Il me reste à vous souhaiter la chance de le trouver chez les bouquinistes. Bonne chasse !