Il y a bien longtemps que je n'avais pas lu un FN. Simplement, parfois, sur des sources sûres je lisais tel
Gilles Thomas, telle trilogie d'
Arnaud, ou bien je me faisais un plaisir de retrouver des noms connus dans le passé comme le récent Steiner
Un Passe-Temps (944). J'ai sans doute eu tort et péché par élitisme outrancier. Cela dit, je ne reçois pas le Fleuve en SP, je n'ai pas une quantité infinie de temps, et j'ai des préjugés. A quelques signes il semble pourtant que la politique éditoriale de cette ancienne base de la SF se modifie, et dans le bon sens. Certes, le virage est négocié en douceur, mais quand même... On en vient à reconnaître qu'il existe, au Fleuve même, deux publics : l'un qui se nourrit des Sheer et Dalton ou de leurs avatars français, l'autre, jusqu'alors minoritaire et occulté, qui tend à faire surface : celui qui a toujours aimé les Vandel, Wul, Steiner, Suragne, Carsac et qui se voit offrir un Jeury. Cet ouvrage est issu de l'hybridation de deux veines : l'une développée dans la collection
l'Age des étoiles (Laffont) et dont on a critiqué ici
Le sablier vert et
Le monde du lignus, l'autre c'est l'univers jeuryen classique. Le résultat est intéressant. C'est, à mon avis, supérieur à
l'Univers Ombre (Encre) trop statique, et au récent
Les enfants de Mord (Press Pocket) trop parodique. Certes, il n'atteint ni la densité ni la profondeur de
Soleil chaud (reed Press Pocket) ni la réussite de
Territoire humain (Laffont) mais c'est un Jeury d'excellente facture, un bon cheval pour remonter le Fleuve. Lorsque cette critique paraîtra, l'ouvrage aura disparu des tourniquets. Il me reste à vous souhaiter la chance de le trouver chez les bouquinistes. Bonne chasse !