Première parution : Saint-Mammès & Aulnay-sous-bois, France : Le Bélial' & Quarante-Deux, novembre 2019 Traduction de Pierre-Paul DURASTANTI Illustration de Aurélien POLICE
BÉLIAL'
(Saint-Mammès, France), coll. Quarante-Deux Date de parution : 21 novembre 2019 Dépôt légal : novembre 2019, Achevé d'imprimer : octobre 2019 Première édition Recueil de nouvelles, 544 pages, catégorie / prix : 24,90 € ISBN : 978-2-84344-959-8 Format : 14,0 x 20,5 cm✅ Genre : Science-Fiction
Du fait de la coédition avec Quarante-Deux, le livre possède un double ISBN (978-2-9510042-7-6 pour Quarante-Deux). Existe aussi en numérique, aux formats PDF (ISBN : 978-2-84344-895-9) et ePub (ISBN : 978-2-84344-896-6), au prix de 11,99 €.
« Les yeux fermés, j’imagine les photons rebondissant entre les particules de poussière. J'imagine leurs chemins sinueux le long du dédale de surfaces vives, les pièges, les impasses, les culs-de-sac, les chausse-trappes. J’imagine Cigale qui accomplit sa rotation sous les étoiles, modifiant l’angle des rayons du soleil sur les panneaux. J’imagine les couleurs, changeantes, chatoyantes. Une nouvelle façon de voir... »
Né en 1976 à Lanzhou, en Chine, avant d’émigrer aux États-Unis à l’âge de onze ans, Ken Liu est titulaire d’un doctorat en droit (Harvard). On doit à ses activités de traducteur l’éclosion de la science-fiction chinoise aux yeux du monde. En tant qu’auteur, il dynamite la littérature de genres américaine — science-fiction comme fantasy — depuis une quinzaine d’années, collectionnant distinctions et prix littéraires, dont le Hugo, le Nebula et le World Fantasy pour la seule « Ménagerie de papier », ce qui demeure unique à ce jour. Le recueil éponyme, paru aux éditions du Bélial', est par ailleurs lauréat du Grand Prix de l’Imaginaire, tandis que le court roman L'Homme qui mit fin à l'histoire a achevé de le révéler au grand public. Jardins de poussière est son deuxième recueil à voir le jour en français. Sans équivalent en langue anglaise, réunissant vingt-cinq récits pour l’essentiel inédits, il célèbre un talent majeur et singulier à son sommet — un phénomène.
1 - Avant-propos, pages 13 à 16, introduction, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 2 - Le Jardin de poussière (The Dust Garden, 2014), pages 21 à 29, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 3 - La Fille cachée (The Hidden Girl, 2017), pages 33 à 61, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 4 - Bonne chasse (Good Hunting, 2012), pages 65 à 86, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 5 - Rester (Staying Behind, 2011), pages 91 à 106, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 6 - Ailleurs, très loin de là, de vastes troupeaux de rennes (Altogether Elsewhere, Vast Herds of Reindeer, 2011), pages 111 à 123, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 7 - Souvenirs de ma mère (Memories of My Mother, 2012), pages 127 à 130, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 8 - Le Fardeau (You'll Always Have the Burden with You, 2012), pages 135 à 153, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 9 - Nul ne possède les cieux (None Owns the Air, 2014), pages 157 à 182, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 10 - Long-courrier (The Long Haul, 2014), pages 187 à 207, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 11 - Nœuds (Tying Knots, 2011), pages 211 à 227, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 12 - Shelly LI & Ken LIU, Sauver la face (Saving Face, 2011), pages 231 à 245, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 13 - Une brève histoire du Tunnel transpacifique (A Brief History of the Trans-Pacific Tunnel, 2013), pages 249 à 266, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 14 - Jours fantômes (Ghost Days, 2013), pages 271 à 296, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 15 - Ce qu’on attend d’un organisateur de mariage (What Is Expected of a Wedding Host, 2014), pages 301 à 302, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 16 - Messages du Berceau : L’ermite – Quarante-huit heures dans la mer du Massachusetts (Dispatches from the Cradle: The Hermit - Forty-Eight Hours in the Sea of Massachusetts, 2016), pages 307 à 324, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 17 - Empathie byzantine (Byzantine Empathy, 2018), pages 329 à 367, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 18 - Dolly, la poupée jolie (Build-a-Dolly, 2013), pages 371 à 374, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 19 - Animaux exotiques (Exotic Pets, 2012), pages 379 à 401, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 20 - Vrais visages (Real Faces, 2012), pages 405 à 421, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 21 - Moments privilégiés (Quality Time, 2018), pages 425 à 451, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 22 - Rapport d’effet à cause (Effect and Cause, 2013), pages 455 à 458, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 23 - Imagier de cognition comparative pour lecteur avancé (An Advanced Readers' Picture Book of Comparative Cognition, 2016), pages 463 à 477, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 24 - La Dernière semence (The Last Seed, 2011), pages 481 à 484, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 25 - Sept anniversaires (Seven Birthdays, 2016), pages 489 à 508, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 26 - Printemps cosmique (Cosmic Spring, 2018), pages 513 à 520, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI 27 - Alain SPRAUEL, Bibliographie des œuvres de Ken Liu (1976-), pages 523 à 539, bibliographie
Critiques
Quatre ans après le très bon La Ménagerie de papier (cf. Bifrost n°79), Le Bélial’ propose aujourd’hui Jardins de poussière, nouveau recueil du multiprimé Ken Liu, une fois encore organisé par les Quarante-Deux et traduit par Pierre-Paul Durastanti. Non contents d’avoir réuni des textes écrits par Liu durant toute sa carrière, les Quarante-Deux les ont regroupés par thèmes, offrant ainsi à l’ensemble une cohérence multithématique qui a surpris l’auteur lui-même.
Le premier texte du recueil concentre pour le mieux ce que sait faire l’auteur : « Jardins de poussière » est le récit vertigineux d’une colonisation spatiale au bord de l’échec sauvée de justesse par un acte mêlant rigueur scientifique, beauté poétique et une once d’amour.
Tout au long de l’ouvrage, on trouvera ce mélange assez inédit qui caractérise le travail de Liu. Car touchant à beaucoup de genres SFFF différents – donc, à beaucoup de formes différentes –, c’est à son fond que l’auteur est reconnaissable, au mix de justesse, de sensibilité et de tendresse qu’il met dans des histoires qui racontent la difficulté des sentients à vivre ensemble, mais aussi la chaleur réconfortante qu’apportent la présence et l’amour des autres. Des nouvelles qui, peu ou prou, parlent toutes de famille, de contact, d’Histoire, d’exploration, de changements, voulus ou forcés. De la difficulté donc d’avancer vraiment sans perdre en route ce qu’on est, ce qui fut, sa culture ou son entourage.
Revue en flashes non résumés :
« La Fille cachée » et « Bonne chasse » – cette dernière adaptée en anime dans la série Love, Death, and Robots par Netflix – sont silkpunk et steamfantasy. Mais dans les deux cas, c’est de changement qu’il s’agit pour des personnages profondément émouvants.
« Rester » , « Ailleurs, très loin de là, de vastes troupeaux de rennes », et la très jolie « Souvenirs de ma mère » s’interrogent, Ken Liu-style, sur les déchirements et les évolutions radicales qu’entraîneront les techniques de numérisation des consciences. Excellents et à rapprocher du meilleur d’Egan.
« Le Fardeau » est un texte de xéno-archélogie vraiment drôle sur lequel il importe de ne pas spoiler. Quant à « Nul ne possède les cieux », on y mêle science et religion au service d’innovations qui, les hommes étant ce qu’ils sont… N’en disons pas plus.
« Long courrier » , assimilable à un texte de climat fiction, dépeint un monde nouveau rendu meilleur, sans doute, par un retour à une technologie plus propre. Il montre ce qu’apportent l’ouverture et le contact ; ce qu’ils coûtent, aussi.
Ouverture et contact encore dans « Sauver la face », où Liu réintroduit joliment l’incontournable facteur humain dans la rationalité algorithmique.
« Une brève histoire du Tunnel transpacifique » dit plutôt la face noire du contact et du progrès imparfaitement distribué.
« Jours fantômes » raconte le désarroi existentiel de colons spatiaux pris entre une Histoire prégnante et un avenir inédit à forger.
« Dolly, la poupée jolie » est un conte cruel sur la fin de vie des objets sentients – qui peut rappeler « Le Petit soldat de plomb » d’Andersen, par exemple. Là où « Animaux exotiques », tragique aussi mais bien loin d’être un conte, est un récit quasi cyberpunk très touchant qui dit les horreurs possibles d’une génétique devenue prométhéenne au service d’une humanité hélas égale à elle-même.
« Vrais visages » montre les excès de l’éthique différentialiste – mais le texte est démonstratif et prévisible. « Moments privilégiés », en revanche, pointe les risques toujours inattendus des nouvelles technologies censées améliorer la vie humaine ; il rappelle les mises en garde de quelqu’un comme Peter Watts.
« Imagier de cognition comparative pour lecteur avancé » est un texte à liste qui, en ajoutant de l’humain, réussit le tour de force d’être émouvant, ce que ne sont pas toujours les textes de ce genre.
« La Dernière semence » émeut encore, autant qu’elle navre et précisément parce qu’elle le fait.
« Sept anniversaires » met en scène l’amour, difficile mais jamais éteint, qui lie mère et fille prises dans le tourbillon d’une panspermie d’origine humaine. Quant à « Printemps cosmique » elle nous amène, à grands renforts de gigantisme cosmique, vers la mort thermique de l’univers et le début d’un nouveau cycle. Les deux textes sont aussi beaux que vertigineux.
Concluons en disant que, mis à part un ou deux textes dispensables, l’ensemble est de très bonne tenue car Ken Liu parvient à mettre beaucoup d’humain dans ses textes, y compris dans ceux – à échelle cosmique – qui pourraient être les plus secs. High-tech, beauté, wonder, la (belle) couverture dit tout.