Texte entièrement révisé en 2013 pour une mise en ligne, annule et remplace les éditions antérieures en français. En couverture, masque de l'ethnie Yaouré (groupe Mandé sud), nord-ouest de la Côte d'Ivoire, vers 1970 (Collection Francis Valéry). Tirage limité à 50 exemplaires numérotés et à quelques hors commerce marqués H.C..
Au fondement de l’acte d’écrire, une malhonnêteté intrinsèque pousse l’écrivain à observer, disséquer, retranscrire chacun de ses instants. Il n’est rien de plus malsain, et rien de plus excitant... Dès l’instant où un être humain s'empare d’une plume avec l'idée de décrire la vie - voire d’inventer un monde - il n’est plus acteur mais spectateur et narrateur de sa vie. L'écriture le dépossède de son devenir. Jour après jour, par son œuvre c'est son existence qu'il couche sur le papier. On se prend vite à ce jeu-là. On y est toujours le perdant et la dupe.
Quand j’ai commencé à écrire, je croyais m’offrir d’autres vies que la mienne, par procuration. Je comprends à présent que je n’ai fait, au cours de toutes ces années, que ressasser dans mes romans ma propre vie et mes angoisses, sous différents masques, par différents trucages, toujours au prix d’artifices trompeurs. L’âge et le temps diluent les illusions et il ne reste rien, derrière le rideau d’ombre, que les ruines délabrées d’une vraie vie vraiment ratée, dominant tristement un paysage de vrais regrets, de vraie désolation.
Lionel Evrard, également connu sous le pseudonyme de Léo Dhayer, est nouvelliste, traducteur (en particulier de l’écrivaine et poétesse suédoise Karin Boye), éditeur du Novelliste, livre-revue consacré à la forme courte. Il a été un des membres fondateurs de Limite, un groupe d’écrivains tenant la littérature en haute estime. Il vit dans le nord de la France.