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La Mort en cage

Ian WATSON

Titre original : Deathhunter, 1981
Première parution : Gollancz, octobre 1981   ISFDB
Traduction de Jean-Pierre PUGI

CALMANN-LÉVY (Paris, France), coll. Dimensions SF précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : janvier 1984
Première édition
Roman, 276 pages
ISBN : 2-7021-1303-6
Format : 14,0 x 21,0 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     Qui ne voudrait vivre dans un monde sans guerre et sans violence  ? Ce monde existe, dans la mort en cage. Les geurres ont disparu  : elles étaient le produit de société qui niaient et refoulaient la mort individuelle. Désormais, chacun accepte sereinement la perspective de sa propre fin et s'y prépare, le moment venu, sous la conduite d'un Guide.
     Le jour où l'un d'eux, Jim Todhunter, entre en fonction à la Maison de la Mort d'Egremont, il assiste à un événement stupéfiant  : le premier meurtre depuis des générations. Pis  : l'assassin, un fou nommé Weinberger, prétend avoir tiré pour sauver sa victime. Selon lui, l'homme qui agonise secrète des hormones qui attirent un étrange prédateur venu d'une autre dimension  : la Mort en personne.
     Pour la capturer, Todhunter et Weinberger construisent une cage... Ils voyageront au-delà des vivants, au bout d'eux-mêmes.
     De livre en livre,Watson explore les perceptions-limite. Il signe ici son roman le plus audacieux.

     lan Watson est né en 1943 à North Shields, en Angleterre. Après des études de littérature à Oxford, il a beaucoup vécu à l'étranger (Japon, Egypte). Il écrit depuis 1969. Son premier roman, L'Enchâssement, a obtenu le Prix Apollo 1975.
Critiques
     Depuis L'enchâssement, Ian Watson explore un univers totalement en marge et agencé autour de préoccupations philosophiques ou métaphysiques étrangères à la plupart des autres écrivains, britanniques ou non. Cette œuvre différente se développe avec une discrétion flegmatique et subtile non dénuée d'humour qui est l'exacte manifestation de la personnalité au quotidien de son auteur. On connaît l'influence de la culture japonaise et de la linguistique sur Watson, on connaît son goût pour la sophistication de la pensée et du style. La mort en cage, de ce point de vue, se rattache directement aux splendides nouvelles qui composent Chronomachine lente.
     Ce qui distingue cependant ce livre de ceux qui l'ont précédé, c'est l'ampleur de son propos. Non pas que Watson se soit auparavant laissé aller à la facilité — simplement, La mort en cage va ENCORE plus loin, plus loin que, par exemple. Le monde divin. Il s'agit ici de rien de moins que la mort, littéralement traquée dans toutes ses dimensions (sociale, individuelle, mythique, théologique, etc.). Dans un univers où la guerre n'existe plus, où la violence même fait figure d'anachronisme, le problème de la mort se pose de façon brute, pure et directe. Watson a débarrassé son propos de tout ce qu'il avait d'annexé pour aller à l'essentiel. Oh ! il y a une histoire, et celle-ci est peut-être la plus claire que Watson écrivit jamais : peu de personnages, des rapports psychologiques bien définis, un lieu précisément cerné... Sur ce canevas limpide, lui aussi propice à l'expression de l'essentiel, notre chasseur d'idées exécute un motif audacieux.
     Résultat ? Conclusions ? La mort est un papillon. Un papillon rouge. La force du livre tient d'abord à ce qu'il rend cette hypothèse vraisemblable, et ensuite à ce qu'il la nie du même mouvement en se retournant dans ses dernières pages en un numéro de haute voltige que n'aurait pas renié Dick. La mort en cage acquiert ainsi la profondeur d'un mythe réellement moderne, c'est-à-dire à la fois neuf, poignant et clos. La technologie y apparaît comme l'outil de la fiction : fiction intérieur au livre (SF) mais aussi fiction collective, archétype. Grand héritier de Jung, Watson parle de et dans l'inconscient collectif. En ce sens, et par son seul talent, il s'est élevé à un niveau supérieur à celui du simple « raconteur d'histoires ». Le lecteur de La mort en cage ne peut qu'être ébloui par l'évidence du texte, comme si le roman cristallisait d'archaïques fantasmes personnels et leur donnait un langage approprié. C'est, peut-être, l'une des fonctions primordiales de la SF qui joue là — dans la mesure où la littérature est fonctionnelle. En tout cas, Watson confirme ici qu'il est l'un des écrivains majeurs de notre temps ; il est urgent que les lecteurs s'en rendent compte.

Emmanuel JOUANNE
Première parution : 1/4/1984 dans Fiction 350
Mise en ligne le : 1/6/2006

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