« Je m'appelais Judy Thornton. Je préparais une licence d'anglais et j'étais poétesse... »
Conformément à la tradition instaurée par Edgar Rice Burroughs en ce qui concerne ce genre de cycle, John Norman introduit, afin de maintenir l'intérêt de ses lecteurs, un nouveau personnage dans la surprenante série qu'il a entreprise et qui a pour cadre l'anti-terre de Gor.
Ce onzième épisode qui met donc en scène Judy Thornton, transportée contre son gré et bien mystérieusement pour elle-même sur le monde découvert par Tarl Cabot dans les autres romans consacrés à Gor, a pour but de décrire le lent cheminement de la terrienne vers un esclavage qui va la « libérer » des clichés féminins entretenus sur notre planète à propos du rôle des femmes terriennes ! Bref, l'esclavage pour les Goréennes, c'est la liberté d'aimer totalement de vrais hommes, sous le joug du fouet et dans les chaînes de la soumission !
Plus que jamais, John Norman, dont le succès est nettement retentissant aussi bien aux Etats-Unis que chez nous, semble n'écrire que pour justifier ses théories sur la condition féminine telle qu'il l'a conçut dans le cadre de la série, et il faut bien reconnaître qu'il sait admirablement juger ses lecteurs, tant par le ton répétitif qu'il emploie, et qui est bien significatif de ses obsessions, que par une intrigue savamment ficelée, montrant l'évolution certaine du récit au niveau de la psychologie et de l'action.
Il y a là, c'est vrai, de quoi faire hurler bien des lectrices... et des lecteurs manquant d'humour. Car John Norman ne recule devant rien, tout comme son héros favori, Tarl Cabot. Il déploie une telle minutie pour rendre l'univers culturel Goréen, livre après livre, qu'on ne peut qu'accepter ses excès dans le cadre d'une sexualité fantasmatique.
Les lecteurs qui le plébiscitent ont bien raison.
Qui aura assez d'audace, en France, pour en faire autant dans le domaine de la S.F. ou du Fantastique ?
Charles MOREAU
Première parution : 1/7/1985 dans Fiction 364
Mise en ligne le : 2/5/2005