CASTERMAN
(Paris, France), coll. Autres temps, autres mondes - Anthologies Dépôt légal : 2ème trimestre 1982, Achevé d'imprimer : avril 1982 Première édition Recueil de nouvelles, 246 pages, catégorie / prix : nd ISBN : 2-203-22634-X Format : 13,5 x 20,5 cm✅ Genre : Science-Fiction
Couverture cartonnée et jaquette à rabats ; jaquette de Stryckman, dessin de Michel Gayout. DL belge : D. 1982/0053/25.
Chaque nouvelle est précédée d'une courte introduction de l'auteur.
Dans un post-scriptum Alain Dorémieux signale : [...] j'apprends avec tristesse la mort de Philip K. Dick, survenue le 2 mars 1982, des suites d'une hémorragie cérébrale. Ce recueil sera donc un ouvrage posthume. [...] Et relisez souvent ses livres, c'est ainsi qu'il continuera de vivre.
Méconnu dans son pays d'origine, Philip K. Dick est à juste titre considéré en France comme le plus original et le plus attachant des auteurs américains de science-fiction. Il a signé plus de trente romans, dont les chefs-d'œuvre aussi indiscutables que Le Dieu venu du Centaure, Ubik, Le Maître du haut château, Docteur Bloodmoney, sans oublier les récents Substance mort et Siva, où la trame de sa vie personnelle investit de plus en plus son œuvre. Il s'est attaché à dépeindre les rapports mouvants entre la réalité et l'illusion, à échafauder des mondes paniquants où les points de repère permettant de se raccrocher aux contours des choses se dérobent, où les personnages mis en scène voient se désagréger leur environnement et se retrouvent pris dans des pièges en forme de labyrinthes. Univers schizophrénique, tissé de fantasmes et de psychoses que l'usage des drogues hallucinogènes par Dick a contribué à alimenter. Aujourd'hui qu'il est revenu de ses voyages au bout des drogues, sa personnalité détériorée mais fascinante s'impose plus que jamais. Une première anthologie dans cette collection, Les Délires divergents de Philip K. Dick, avait permis de faire le point sur son oeuvre en tant que nouvelliste. Aujourd'hui, voici un nouveau panorama de cette œuvre, jalonné par huit nouvelles originellement parues entre 1953 et 1968. Leur lecture apporte un éclairage déterminant sur les cheminements et l'évolution de la carrière de Dick. Ce volume s'enrichit en outre d'une préface rédigée par l'auteur lui-même : un long texte où il parle de lui, de son passé, de ses expériences, de ses obsessions et de ses peurs, en s'observant avec une terrible lucidité.
Philip K. Dick est né à Chicago en 1925 et a fait ses débuts littéraires en 1952.
1 - Alain DORÉMIEUX, Avant-propos, pages 11 à 12, introduction 2 - Préface de l'auteur (1978), pages 13 à 28, préface, trad. (non mentionné) 3 - Planète pour hôtes de passage (Planet for Transients, 1953), pages 29 à 46, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 4 - Le Dernier des maîtres (The Last of the Masters, 1954), pages 47 à 83, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI 5 - Service après-vente (Service Call, 1955), pages 84 à 106, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 6 - À l'image de Yancy (The Mold of Yancy, 1955), pages 107 à 133, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI 7 - Le M inaltérable (The Unreconstructed M, 1957), pages 134 à 177, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI 8 - La Petite boîte noire (The Little Black Box, 1964), pages 178 à 206, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 9 - Guerre sainte (Holy Quarrel, 1966), pages 207 à 231, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 10 - De par sa couverture (Not by Its Cover, 1968), pages 232 à 243, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX
Critiques
Après les Délires divergents, également consacrés à ce grand monstre qui est plus qu'un auteur pour bien des écrivains français, Alain Doremieux nous propose un nouveau choix de nouvelles, dont quelques-unes remontent également aux débuts de Dick. Intéressante démarche, qui permet de court-circuiter en un volume l'évolution d'une pensée et de mettre en relief les obsessions persistantes derrière les variations superficielles.
Il faut d'emblée signaler que la préface de Dick lui-même, rédigée pour son recueil américain The golden man, justifie à elle seule l'achat du livre ; tendre, poignante, sincère, pudique... humaine, cette confession en demi-teintes est sans conteste l'un des monuments de l'œuvre de Dick ; il s'y révèle capable d'une compréhension quasi-empathique de tout ce qui existe (au sens philosophique du terme), et il introduit et explique à la fois l'ensemble de son œuvre.
La plupart des nouvelles des Dédales démesurés, quoique déjà parues en France, n'étaient accessibles qu'à quelques collectionneurs fous, et les voici redevenues disponibles dans une nouvelle traduction, bien meilleure (notons pour mémoire que le « swibble » de Service après-vente, autrefois Service de réparation dans Satellite 41, s'appelait naguère « schproumf » ! !) et plus respectueuse du style. On suit ici l'évolution depuis la recherche de ce qui fait l'humain (Planète pour hôtes de passage, et le très curieux et très politique Dernier des maîtres), en passant par la confrontation avec ce qui est autre (Service après-vente. Guerre sainte) jusqu'à la difficulté d'être au monde — puisque nul ne sait ce qu'est le monde — de La petite boîte noire. Le recueil se clôt sur une note optimiste et un tantinet humoristique. (De par sa couverture), et l'on regrette déjà qu'il soit si court. Un livre indispensable, une nouvelle preuve du fait que Dick est vivant. Plus vivant que bien d'autres, encore au monde...