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Les Jeux étranges du soleil et de la lune

Lisa GOLDSTEIN

Titre original : Strange Devices of the Sun and Moon, 1993
Première parution : Tor, 1993   ISFDB
Traduction de Monique LEBAILLY
Illustration de Sandrine GESTIN

J'AI LU (Paris, France), coll. Fantasy (1998 - 2000) précédent dans la collection n° 4937 suivant dans la collection
Dépôt légal : juillet 1998, Achevé d'imprimer : 20 juillet 1998
Roman, 352 pages, catégorie / prix : 5
ISBN : 2-290-04937-9
Format : 11,0 x 17,7 cm
Genre : Fantasy


Quatrième de couverture
     Londres, 1590. La peste sévit ; alchimistes, sorcières et spadassins complotent. Alice Wood, modeste libraire, survit tant bien que mal dans ce monde troublé. Elle garde l'espoir de retrouver son fils Arthur, disparu trois ans plus tôt. Mais qui est réellement Arthur ? Pourquoi tant de gens s'intéressent-ils à lui ? Christopher Marlowe, dramaturge et espion de la reine, Oriana, qui envahit la ville avec son Peuple Fabuleux, sans compter des adeptes de la magie noire... Tous sont à la recherche d'Arthur. Une lutte titanesque s'engage alors entre les forces de la féerie et celles du pouvoir royal. Pour quel fantastique enjeu ?
Critiques
     Nous sommes à Londres, à la fin du XVIème siècle. Depuis la mort de son mari, emporté par la peste, Alice Wood est devenue la première femme membre de la Confrérie des Libraires-Editeurs. A ses difficultés à se faire accepter par ses pairs s'ajoutent bientôt d'autres problèmes, dont les conséquences pourraient s'avérer bien plus grave : son fils, qu'Alice n'a plus vu depuis des années, semble être lié à un complot visant à l'assassinat de la reine. A la cour d'Elizabeth, le célèbre dramaturge Christopher Marlowe mène lui aussi l'enquête. Mais derrière les intrigues politiques qu'il est chargé de mettre à jour se dissimule en réalité un événement bien plus fantastique : le retour du Peuple Fabuleux.

     Selon l'humeur ou la sensibilité de chacun, on pourra classer Les jeux étranges du Soleil et de la Lune parmi les oeuvres de fantasy, les romans historiques, voire dans la plus farfelue catégorie des « thrillers élisabéthains ». Fantasy bien sûr, car la magie occupe ici, comme dans la plupart des textes de Lisa Goldstein, une place prépondérante. La romancière insiste surtout sur les différences fondamentales existant entre humains et créatures magiques, sur l'étrangeté des uns aux yeux des autres, et au final sur l'impossibilité pour ces deux mondes de coexister. Le roman raconte donc le passage d'une période à une autre, métaphore transparente de l'évolution politique et sociale que connaît l'Angleterre sous le règne d'Elisabeth Première.

     L'intérêt de ce roman doit également beaucoup à son personnage principal, Christopher Marlowe, auteur de ce classique du théâtre anglais qu'est Le Docteur Faustus, dont la personnalité et la vie tumultueuse permettent à la romancière de dynamiser son récit. Le dramaturge évolue dans un univers de mensonges et de faux-semblants, sur lequel l'apparition du Peuple Fabuleux vient faire souffler un vent de paranoïa des plus réjouissants, et plonge le lecteur dans une ambiance que l'on s'attend plus volontiers à retrouver chez John Le Carré que dans un roman de fantasy. Parallèlement, lorsqu'elle s'intéresse à l'histoire d'Alice Wood, autre personnage en butte aux préjugés et aux interdits de son époque, Lisa Goldstein oeuvre dans un registre beaucoup plus intimiste, évitant avec aisance les écueils du mélodrame. On conseillera donc vivement à tous ceux qui avaient raté il y a trois ans la publication des Jeux étranges du Soleil et de la Lune chez Rivages de se précipiter sur cette réédition.

Philippe BOULIER
Première parution : 1/12/1998 dans Bifrost 11
Mise en ligne le : 1/11/2003

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition RIVAGES, Fantasy (1999)

     Londres, à l'époque élisabéthaine (nous sommes en 1590) : dans le quartier des libraires agglutiné derrière la cathédrale Saint-Paul se croise toute un petit monde de poètes et dramaturges — Christopher Marlowe, Thomas Nashe (qui a écrit le poème d'où provient le titre du roman), Robert Greene, Gabriel Harvey... Shakespeare est évoqué, bien qu'il n'ait pas encore percé. Londres est en proie à la peste, des agitateurs catholiques en veulent à la bien-aimée reine Elizabeth. Et une guerre ne va pas tarder, peu visible et de moindre importance pour les humains : une guerre entre les deux factions du Peuple Fabuleux.
     Lisa Goldstein parle de reine des elfes, de sorcières, d'ondins, de dragons et de farfadets (en fait, de brownies, mais la traduction est insuffisamment précise sur ce point) sans jamais sombrer dans les clichés de la fantasy commerciale. L'imagerie est pourtant connue — c'est celle qu'utilisera Shakespeare, justement, dans Le songe d'une nuit d'été : la reine ne s'appelle pas Titania, mais elle est belle, son amant s'appelle Puck, elle s'oppose au roi. Plutôt que leur point de vue , c'est celui d'une femme humaine qui est choisi, : une simple libraire, Alice Wood, la cinquantaine, entraînée dans un maelström à cause de son fils disparu Arthur. Ce fils que tout le monde recherche l'amènera à prendre un parti dans cette guerre étrange. D'autres humains choisiront l'autre camp pour des raisons diverses : l'appât du pouvoir, l'ignorance, les manoeuvres politiques. Ont-ils tort et Alice a-t-elle raison ? Elle l'ignore et en est consciente.
     C'est une des grandes forces de ce roman que de ne pas prendre parti. Les torts sont dans les deux camps, aider l'un contre l'autre parait vain, comme devrait paraître vaine toute guerre. Les préoccupations d'Alice sont plus terre à terre : sa solitude de veuve, sa place en tant que femme dans la confrérie des libraires, son amitié avec une femme que l'on dit sorcière, avec un des membres du petit peuple. Son ancrage dans la réalité souligne l'évidence que le Peuple Fabuleux n'appartient plus à ce monde.
     L'écriture est toujours légère, l'intrigue virevolte entre les complots politiques ou occultes à la cour, les pamphlets entre poètes, les espions, les alchimistes et les libraires, dans la vie desquels le merveilleux vient s'insérer sans éblouir. Une légère nostalgie se mêle à l'évocation de ce peuple qui va quitter un monde ne lui appartenant plus. Heureusement qu'il reste les poètes... On s'attache aux personnages, sympathiques ou non, mais jamais manichéens. Un roman pas si court que cela, mais qui le paraît tant il est dense et sa lecture agréable. Un représentant élégant de la fantasy historique, comme on aimerait en lire plus souvent en France.

Martine LONCAN
Première parution : 1/12/1999
Yellow Submarine 129
Mise en ligne le : 17/12/2002

Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantes
André-François Ruaud : Cartographie du merveilleux (liste parue en 2001)

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