Nancy KRESS Titre original : After the Fall, Before the Fall, During the Fall, 2012 Première parution : Tachyon Publications, avril 2012ISFDB Traduction de Éric HOLSTEIN Illustration de Diego TRIPODI
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, coll. Perles d'Épice Dépôt légal : août 2014 Première édition Roman, 264 pages, catégorie / prix : 18 € ISBN : 978-2-917689-68-4 Format : 14,0 x 20,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
L'Apocalypse a eu lieu. Ils ne sont plus qu'une poignée et leur survie ne tient qu'à une machine. Remontant dans le temps, avant la Chute, ils volent nourriture, vêtements... enfants. Mais ces kidnappings ne passent pas inaperçus. Le FBI est sur les dents. Au même moment, une mutation bactérienne affole les scientifiques. Le compte à rebours a commencé.
Entre thriller écologique et drame postapocalyptique, Après la Chute, couronné par les prix Locus et Nebula, est un vibrant appel à la préservation de la planète. Par l'auteur de L'une rêve, l'autre pas (Grand Prix de l'imaginaire).
Novella récompensée à la fois par le prix Locus et le Nebula, le titre original d’Après la chute ( After the Fall, Before the Fall, During the Fall) est plus révélateur de sa trame tripartite. On a en effet affaire à trois fils distincts : en 2035, Pete est un adolescent malformé qui, à partir d’une Terre en ruines, plonge dans le temps pour y rapporter des enfants dans l’Abri où il vit avec quelques personnes ayant échappé au désastre. En 2013, Julie, experte en schémas mathématiques au FBI, prédit que de nouveaux enlèvements d’enfants vont se produire, et enquête. Enfin, de minces entrefilets nous présentent une Nature qui, en 2014, se dégrade peu à peu.
La trame est donc résumée ci-dessus. On s’attend alors à ce que la novella déploie cette thématique initiale… et force est de constater qu’il n’en est rien. Certes, Pete va évoluer, mais surtout dans son rapport érotique à McAllister, la Survivante qui gère l’Abri. Certes, Julie va peu à peu récolter le faisceau de preuves qui la conduira toujours plus près des kidnappings. Mais tout cela se fait mollement, sans grand enjeu dramatique – alors qu’on parle de rien de moins que la destruction de la Terre ! Les personnages sont convenus, peu plausibles dans leurs agissements, on ne comprend guère où veut en venir Nancy Kress qui semble hésiter à entremêler les fils de l’intrigue. Les Tesslies, les fameux extraterrestres qui ont causé l’apocalypse tout en préservant quelques humains, sont tellement peu évoqués qu’on en vient à leur être totalement indifférent. En outre, il y va de la crédibilité de l’intrigue, puisqu’il ne se passe que vingt ans entre la catastrophe et les scènes dans l’Abri ; il est de fait impossible que les Survivants sachent si peu de choses…
Alors, bien sûr, tout n’est pas aussi simple qu’il y paraît, il y a bien quelques révélations dans la dernière partie du récit qui remettent en perspective ce qu’on a lu auparavant, mais cela ne pourra racheter le profond désintérêt que l’on porte aux développements précédents… d’autant que le postulat qui sous-tend lesdites révélations est d’une naïveté confondante que n’aurait pas reniée un Bernard Werber. Prix Locus ? Nebula ? Comment un texte aussi faible a-t-il pu glaner ces récompenses ? Voilà qui reste un grand mystère, aussi grand, sans doute, que ces Tesslies, qui occuperont donc dans l’œuvre de Nancy Kress un rang extrêmement mineur. À oublier.
Après la chute est un court roman de Nancy Kress couronné par les prix Nebula et Locus dans la catégorie novella. Ce texte ambitieux se divise en trois lignes narratives alternées, le classique couple plot-counterplot auquel s’ajoute une partie hard-SF qui correspond à « pendant la chute ». Intéressons-nous à chacune de ces lignes narratives.
Avant la chute (2013) : une mathématicienne enceinte aide la police à tenter de mettre fin à une série de kidnappings et de vols, liés les uns aux autres. Des événements étranges car les criminels, dont un garçon décrit comme difforme, disparaissent – « pouf ! » – dans une grande marée de lumière, une fois leurs méfaits accomplis.
Pendant la chute (2014) : est la partie hard-SF du court roman, aride et pourtant la plus intéressante des trois, on y suit des bactéries qui prolifèrent, des mitoses. Et diverses anomalies biologiques…
Après la chute (2035) : nous présente un petit groupe de survivants humains déformés par… (Ou là là, le grand secret !) Des survivants qui, depuis leur Abri, récupèrent en 2013, grâce à une technologie extraterrestre, des enfants et du ravitaillement. Cette technologie c’est la Soustraction, qui leur permet des sauts dans le passé d’une durée de dix minutes, terriblement courts quand on doit commettre un crime fédéral. Sauf qu’en 2035, il n’y a plus de FBI…
Le sentiment qui domine la lecture de ce court roman est la déception (et même, parfois, la consternation), sentiment évidemment amplifié par ce qu’on est tenté d’attendre d’un texte de Nancy Kress multi-primé. Il n’y a quasiment aucun suspens, surtout si on a lu Spin de Robert Charles Wilson ; mais là où Wilson est terriblement humaniste et mélancolique, Kress est aussi didactique que moralisatrice (« la pollution, c’est vraiment pas bien » ; ah bon, m’dame, on n’aurait jamais deviné tout seul). La partie enquête à la Numbers, en sus d’être tendue comme un string XXL sur le cul osseux d’une top-model anorexique, devient évidemment – vous pensez bien, une mathématicienne enceinte d’un policier marié – une ligne narrative surtout sentimentale. Le style est infect (à moins que ça ne soit la traduction française) : il y a de gros gros problèmes de niveaux de langue qui vous expulsent régulièrement de la lecture ; chaque fois que l’auteure essaye un tant soit peu d’écrire (c’est-à-dire de produire une prose tenue), cette tentative avorte lamentablement trois lignes plus loin. Tout cela rend l’ouvrage très pénible à lire ; mais peut-être plaira-t-il à des lecteurs qui ont peu ou pas de culture SF et ne verront pas au fil des pages d’Après la chute du sous-Wilson ou du sous-McAuley…