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Earthwind

Robert HOLDSTOCK

Titre original : Earthwind, 1977
Première parution : Faber and Faber, septembre 1977   ISFDB
Traduction de Sandra KAZOURIAN
Illustration de Marc MOSNIER

MNÉMOS , coll. Icares SF précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : octobre 2004
Première édition
Roman, 320 pages, catégorie / prix : 21 €
ISBN : 2-915159-29-7
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     Au début du troisième millénaire, un vaisseau terrien dirigé par le capitaine Karl Gorstein atterrit sur la planète forestière Aeran.
     Sa mission : retrouver la piste des premiers colons envoyés sur la planète des années plus tôt et disparus sans laisser de trace.
     Mais le mystère s'épaissit quand Gorstein et le rationaliste Peter Ashka découvrent une peuplade indigène demeurée à l'âge de pierre, copie exacte d'une ancienne civilisation terrienne disparue en Irlande plus de deux mille ans avant notre ère...

     Un roman fascinant sur la confrontation entre l'humanité et les forces cachées de l'univers

     Robert Holdstock est né en Grande-Bretagne en 1948. il publié de nombreux romans d'inspiration celtique, parmi lesquels La Forêt des Mythagos, cycle best-seller mêlant fantasy et fantastique contemporain, récompensé en 1984 par le British Science Fiction Association's Award et en 1985 par les World Fantasy Award.
Critiques
     Dans sa novella de 1980, « Earth and Stone » (« La Terre et la pierre », in Dans la vallée des statues et autres récits, critique dans Bifrost n°34), Robert Holdstock nous présentait un voyageur temporel, un scientifique qui s'était installé — des milliers d'années avant la naissance de Jésus Christ — au sein d'une communauté des îles britanniques à peine sortie de la préhistoire. Dans Earthwind (1977), antérieur donc, l'auteur nous parle d'Elspeth, la femme-bijou (belle trouvaille), qui étudie un village paléolithique de la planète Aera Aurigae IV (il s'agit en fait de descendants de colons qui ont tout oublié de leurs lointaines origines terriennes). Au moment où elle commence à s'intégrer à cette société qui rappelle grandement une civilisation celtique disparue des milliers d'années avant Jésus-Christ, apparaissent le NavisMagister Karl Gorstein et le rationaliste Peter Ashka. Ceux-ci sont venus proposer quelque chose aux indigènes, les traceurs, une technologie qui va définitivement changer leur vie et risque bien de sonner le glas de leur minuscule civilisation organisée autour d'un oracle.

     Contrairement à ce que nous annonce le quatrième de couverture, la société aerane découverte par Elspeth n'est pas la copie exacte d'une civilisation d'Irlande disparue deux mille ans avant notre ère. Elle est différente, tout en étant assez ressemblante pour faire vaciller les certitudes des trois personnages venus de la Terre. Différente ? Oui : on y chasse les ailes noires — des oiseaux capables de se téléporter très brièvement — avec des emmêlianes, et on utilise ces même lianes-fouets pour se suspendre à un arbre avant de faire l'amour avec son ou sa partenaire, chacun imbriqué et perdu dans le bercement de l'autre. Ressemblantes ? Oui, et de façon vertigineuse, car à chaque moment crucial de leur existence les indigènes inscrivent des signes « celtiques » dans la pierre, dont le plus important, le plus énigmatique, semble être l'earthwind. Par ailleurs, l'architecture de leur village est résolument paléolithique et européenne.

     Bien plus accessible que Le Souffle du temps (critiqué dans Bifrost n°34) mais moins ambitieux d'un point de vue thématique, Earthwind ne lasse pas de surprendre, notamment en mélangeant les thèmes celtiques et écologiques, la divination par le Yi King et la rhétorique particulière du planet opera (cependant, on est ici plus proche de l'ethno-SF pseudo-réaliste d'Ursula K. Le Guin que du dépaysement aventureux et total cher à Jack Vance). Le plus étonnant dans cette mixtion, unique pour ce que j'en sais, c'est l'utilisation généralisée de la divination ; en effet, Peter Ashka utilise le Yi King pour prendre ses décisions et influencer celles de Karl Gorstein. Grâce au Yi King, il sait qu'il va mourir paisiblement sept mois après son arrivée sur Aera. Il sait, mais il se trompe.

     Le Yi King (Le Livre des transformations) est probablement l'écrit le plus ancien de la civilisation chinoise. Dans cette « bible asiatique » tout l'univers (visible ET invisible) est ramené à deux forces opposées et se complétant : le yin et le yang — le mal/le bien, l'ombre/la lumière, la passivité/l'action, le féminin/le masculin... Cette touche de mysticisme extrême-oriental, filée tout au long du récit, est à mon sens l'unique concession de ce roman de 1977 faite aux thématiques de prédilection de la science-fiction britannique des années 70. Philip K. Dick s'était grandement inspiré du Yi King pour construire son célèbre Maître du haut-château (1962 — prix Hugo 1963) ; Holdstock l'utilise pour exacerber les dualités de son œuvre alors en gestation, dont la plus prégnante reste l'opposition entre progrès nécessaire et fascination pour la société primitive. Pour preuve, l'extrait ci-dessous :
     « En effet, les qualités qu'elle associait au nom de « civilisation » étaient bien plus présentes dans cette culture paléolithique que dans n'importe quelle autre société car, tout primitifs qu'ils fussent, ils avaient au moins appris à communiquer et coopérer avec la nature, et à l'utiliser sans pour autant provoquer de catastrophe écologique. » (Page 88.)

     Naïf ? Oui, beaucoup trop (ce qui a ses avantages, car cela empêche le roman d'être profondément réactionnaire). Cette naïveté politique, amplifiée par des « tunnels de dialogue » soporifiques et des trous dans le scénario dignes de la faille de San Andreas, empêche Earthwind de se classer parmi les grandes réussites de l'auteur. Dommage, car les ultimes pages du récit sont d'une cruauté inimaginable qui confine à l'inoubliable. Au lecteur un tantinet attentif à l'œuvre d'Holdstock, ce roman apparaîtra sans mal comme le brouillon annonçant Le Souffle du Temps, bien entendu, et La Terre et la pierre. Earthwind n'est pas un grand livre, ce n'est même pas un bon livre, d'autant plus qu'il est proposé ici dans une traduction aux écueils aussi rares que contrariants. Pourquoi la traductrice n'a pas jugé bon d'utiliser le mot « triskèle » à la place du mot earthwind ? Mystère et boule de gomme... Toutefois, la parution tardive de ce roman « de jeunesse » — où les thématiques du meurtre et de la divination sont souvent exploitées avec justesse — devrait faire quelques heureux : les fans de Robert Holdstock, car ils détiennent désormais, en attendant la parution du Bois de Merlin chez Mnémos et d'Ancient echoes chez Denoël, une clef supplémentaire pour appréhender/apprécier l'œuvre titanesque de cet anglais trop discret.

Thomas DAY (site web)
Première parution : 1/1/2005 dans Bifrost 37
Mise en ligne le : 5/2/2006


     Sur une planète où les habitants vivent de manière quasiment primitive, une « prêtresse » d'une autre planète qui avait découvert en Irlande un symbole particulier et identique à ceux gravés ici dans la pierre, cherche à s'introduire dans le groupe-tribu pour en comprendre les raisons. Au moment où, après une séance de chasse, elle pense être intégrée... un vaisseau de la Confédération arrive.

     À partir de cet instant tout bascule dans le sang d'une part (rituel de combat pour faire triompher des idées) et d'autre part — au choix — dans le verbiage post soixante-huitard ou la discussion intello (joutes oratoires pour savoir qui en sait le plus de l'oracle de la planète ou du Yi-king entre les mains d'un rationaliste...) le tout sur fond de conquête du pouvoir ou de respect de la parole de l'oracle... Un lecteur attentif devinera la fin de l'histoire dans les brumes créatrices chères à N. & Ch. Henneberg (La Naissance des Dieux).

     Étrangement, alors que le simple récit des aventures des divers personnages confrontés à une autre réalité (les primitifs aux envahisseurs, les envahisseurs à eux-mêmes et à leurs fantômes personnels, et l'héroïne à la fois aux primitifs, aux envahisseurs et à ses propres fantômes) aurait suffi à produire un livre vivant et fort intéressant, on se demande quel démon, quel mauvais génie a poussé Robert Holdstock à alourdir le récit de considérations plus ou moins pertinentes ou oiseuses sur les forces telluriques et autres éléments — on notera à ce propos que la prêtresse est la seule à utiliser ses cinq sens pour vivre sur cette planète, hélas peut-être plus afin de faire mieux rebondir le récit, que parce qu'elle serait vraiment sensuelle.

     Je me permettrai de me demander aussi ce qui peut pousser un éditeur à acheter la production d'un auteur même quand elle ne relève pas — c'est pour moi le cas ici — du chef d'oeuvre qui l'a fait reconnaître et de ne manifestement pas relire une traduction qui par moment frise le ridicule (témoin : « Elle s'accroupit près de la minuscule jeune fille, et dut lever les yeux pour la regarder » p. 189 ; il va de soi qu'en lieu et place de la virgule et du « et » un simple pronom relatif suffisait). Que mes remarques ne vous empêchent pas d'apprécier le simple récit...

Noé GAILLARD
Première parution : 1/12/2004 dans Galaxies 35
Mise en ligne le : 10/1/2009

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