BÉLIAL'
(Moret-Loing-et-Orvanne, France) Dépôt légal : mai 2017 Réédition en omnibus Recueil de nouvelles, 256 pages, catégorie / prix : 20 € ISBN : 978-2-84344-923-9 Format : 14,0 x 20,5 cm✅ Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Miro Hetzel est un effectueur galactique, à savoir un enquêteur privé roublard doté d’un sens tout personnel de la légalité. Il est aussi le plus parfait des gentlemen, l’élégance personnifiée, l’idéale incarnation d’un tempérament aussi éclatant que maîtrisé. À vrai dire, de tous les effectueurs que compte l’Étendue Gaéane, Miro Hetzel est assurément le meilleur. D’où ses tarifs exorbitants — une notion toute relative, ne manquerait-il sans doute pas de remarquer. Et le caractère pour le moins retors des missions qui lui sont confiées. Missions qui le conduisent bientôt sur Maz, planète où humains, liss et olefract se partagent le pouvoir pendant que le peuple gomaz, natif des lieux, s’entretue à coups de guerres rituelles séculaires. Puis surThesse, en quête d’une ancienne connaissance à l’envergure inattendue…
Mondes chatoyants et chamarrés, détective madré et philosophe, créatures extraterrestres impénétrables et radicalement autres : Miro Hetzel, qui réunit pour la première fois en France les aventures de son personnage éponyme, s’avère un pur distillat du talent inégalé de l’immense Jack Vance (1916-2013), maître incontesté du planet opera et de l’exotisme en science-fiction.
« Jack Vance fut une révélation pour moi.
Au même titre qu’a pu l’être Proust ou Henry James. »
Septième titre de Jack Vance publié aux éditions du Bélial’, Miro Hetzel rassemble dans un même ouvrage L’Agence de voyage deTerrier et « Le Tour deFreitzke », textes figurant déjà au sommaire de deux recueils différents, Crimes et enchantements et « Le Livre d’Or » consacré à l’auteur américain. D’aucuns diront : rien de neuf sous les multiples soleils de l’Aire Gaéane. Ils auront raison. L’ouvrage a toutefois l’intérêt de remettre en mémoire les enquêtes de l’effectueur terrien, inscrivant son personnage dans la continuité des héros vanciens tels Glawen Clattuc, Gastel Etzwane ou Kirth Gersen.
Miro Hetzel n’est en effet guère différent. Roublard, calculateur, débrouillard et sans état d’âme, à l’instar des durs à cuire du roman noir auxquels il emprunte beaucoup des traits, l’effectueur fait payer ses services très cher. De quoi lui garantir un niveau de vie enviable et obtenir une juste contrepartie aux enquêtes périlleuses qu’il mène sur les mondes lointains et désolés.
Avec L’Agence de voyage de Terrier et « LeTour de Freitzke », Jack Vance laisse libre cours à son imagination, nous immergeant sur deux des mille et une planètes de l’Aire Gaéane. L’occasion de découvrir leur société exotique mais mortelle pour celui qui n’en maîtrise pas les arcanes.
Dans le premier récit, Miro débarque sur Maz, monde habité par les Gomaz, une espèce humanoïde fière et belliqueuse ayant jadis menacé l’Étendue Gaéane et les empires Liss et Olefract. Le commerce des armes étant désormais prohibé, la planète est dépourvue d’attrait, si ce n’est pour les touristes en quête de frissons. Il semblerait pourtant que la société Istagam ait obtenu d’une façon inavouable les services de quelques clans autochtones afin de produire des composants microniques à un coût défiant toute concurrence… Dans la seconde histoire, plus courte, Miro accepte de traquer un ancien camarade de classe jusque sur sa planète natale, manière pour lui de replonger dans son passé et d’assouvir une vengeance trop longtemps laissée de côté. Délaissant la veine socio-ethnologique pour laquelle l’écrivain est beaucoup apprécié, ce récit met surtout en exergue la capacité de Miro à déjouer les faux-semblants et les non-dits, dévoilant au passage le goût de Jack Vance pour les intrigues alambiquées. En dépit de cet aspect plus policier, « Le Tour de Freitzke » met en scène une figure de sociopathe n’ayant rien à envier aux Princes-Démons de la série éponyme, voire à Ronald, le triste héros adolescent de Méchant garçon.
Bref, vous l’aurez compris, si MiroHetzel ne figure pas au rang des œuvres majeures de Jack Vance, les aventures de l’effecteur n’en demeurent pas moins une lecture divertissante et faussement naïve – du pur Jack Vance, en somme.