Shaun Hutson est sans doute l'un des auteurs anglo-saxons les plus intéressants de la collection Gore. Chacun de ses livres véhicule sa dose d'horreurs et de frissons. Celui-ci n'échappe pas à la règle et nous conte une histoire diablement envoûtante. Cette fois, l'auteur joue la carte de la mythologie et pas n'importe quelle mythologie, puisqu'il s'agit de mythologie celtique.

     Tout commence par la découverte de chèvres atrocement égorgées, auxquelles s'ajoutent des meurtres sanguinaires qui s'apparentent à des sacrifices rituels, et enfin des disparitions d'enfants. Tout cela est bien mystérieux, d'autant plus que, dans le même temps, des archéologues découvrent une fosse qui s'avère être l'habitat d'une tribu celtique. Détail surprenant, des crânes d'enfants, datant de différentes époques, sont trouvés sur les lieux, et tous ces crânes sont bizarrement percés. Curieuse coutume... Et puis, il y a ces étranges tablettes gravées qui contiennent un message hermétique qui sera peu à peu déchiffré. Message effroyable qui annonce le retour du dieu Dagda, le principal dieu de la mythologie celtique. Ce retour est prévu pour le jour de Samain. Ici s'impose une petite précision. Samain est la grande fête celtique qui inaugure la saison du froid. C'est le Nouvel An Celtique qui commence le premier novembre (en gaélique irlandais, Mi na Samhna = mois de novembre). Les Celtes ne connaissaient que deux saisons : la saison froide, de la nuit de Samain à la nuit de Beltaine (1er mai), et la saison chaude, de la nuit de Beltaine à la nuit de Samain. Précisons encore que le jour de Samain, les créatures de l'autre Monde peuvent se rendre dans le monde des vivants. Ce jour-là, les sides (les tumulus comme Newgrange, Knowth ou Dowth) sont ouverts et permettent la communication dans les deux sens entre les deux mondes. Ajoutons encore que cette croyance en la nuit de Samain ne s'est pas perdue et qu'elle est encore très actuelle puisqu'elle s'est traduite chez les Anglo-saxons (surtout aux USA) parce qu'on appelle la nuit de Halloween (Oiche Shamhna en gaélique) et dans le christianisme par la nuit de la Toussaint. Et oui, la Toussaint, ça vient des Celtes qu'on se le dise !

     Quant au dieu Dagda, que l'auteur nous présente de manière succincte, c'est le Dieu Suprême (son vrai nom est Eochaid Ollathair), le Dieu Tout-Puissant des Tuatha Dé Danann (race mythique des anciens dieux et déesses, créateurs du druidisme). Il est le père de la race, le premier Dieu, l'Etre Absolu, père des Vivants et maître des Morts, à la fois guerrier, magicien et artisan ; c'est le Seigneur de la Science Complète (Ruad-Ro-Fhessa), le maître des Déments et le dieu des druides. Il possède également un rôle d'arbitre grâce à la possession de la Massue Suprême qui tue par une extrémité et donne la vie par l'autre. Il possède également le Chaudron d'Abondance, archétype du Graal arthurien. Rustre, ventru, paillard, il s'accouple périodiquement aux déesses de la terre, du sol. Il s'accouple également à Morrigan, autre divinité présente dans ce livre. Morrigan est une déesse étrange, mi-guerrière, mi-érotique, fortement ancrée dans la tradition celtique, représentation de l'éros-thanatos. Elle est nommée la Grande Reine ou Reine des Fantômes.

     J'espère que ces quelques précisions permettront aux lecteurs de mieux se familiariser avec la mythologie celtique, qui est du reste très passionnante, et de mieux apprécier ce livre qui est sans doute l'un des meilleurs de la collection. Un bon livre de mythologie-fiction, quoi qu'il en soit