GALLIMARD
(Paris, France), coll. Folio SF n° 147 Dépôt légal : septembre 2003, Achevé d'imprimer : septembre 2003 Réédition Recueil de nouvelles, 338 pages, catégorie / prix : F10 ISBN : 2-07-042327-1 Format : 10,9 x 17,8 cm✅ Genre : Fantasy
La traduction du roman est révisée, sans que cela soit mentionné sur l'ouvrage. Les nouvelles sont quant à elles inédites.
Quatrième de couverture
Dans les déserts sans fin et les marécages désolés d'un lointain futur, l'ultime bataille qui décidera du sort de Viriconium a débuté.
Viriconium, la Cité pastel. Durant des millénaires elle fut le dernier refuge de la civilisation sur une Terre pillée et mise en ruine par ses propres habitants. Désormais, ses tours multicolores ont perdu de leur superbe, ébranlées par le conflit sans merci qui a opposé deux reines entrées en possession d'antiques armes ayant une fois déjà détruit le monde.
Le ténébreux tegeus-Cromis, Seigneur de l'Ordre de Methven, a quitté sa retraite, décidé à prendre fait et cause pour la Jeune Reine contre les hordes de l'ancienne. Mais il va voyager à travers les terres dévastées pour découvrir que la Guerre des deux reines n'est que le prélude d'un conflit beaucoup plus vaste et dangereux...
Premier acte du Cycle de Viriconium, mythique trilogie de fantasy postapocalyptique enfin disponible dans son intégralité, La Cité pastel évoque une version sombre des Danseurs de la fin des temps de Michael Moorcock.
Né en 1945 au Royaume-Uni, M. John Harrison a publié sa première nouvelle en 1966, avant de s'impliquer une dizaine d'années dans le magazine New Worlds, alors dirigé par Michael Moorcock. Il est l'auteur de La mécanique du Centaure, space opera halluciné précurseur des œuvres de Iain M. Banks.
1 - Les Chevaliers de Viriconium (Viriconium Knights, 1981), pages 11 à 45, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI 2 - La Cité Pastel (The Pastel City, 1971), pages 47 à 283, roman, trad. Jean-Pierre PUGI 3 - Les Seigneurs de l'Anarchie (The Lords of Misrule, 1984), pages 285 à 306, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI 4 - Péchés Impardonnables (Strange Great Sins, 1983), pages 307 à 333, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI
Critiques
Edité partiellement à droite et à gauche dans des collections aujourd'hui disparues (sous des couvertures d'ailleurs répugnantes, pour ceux qui auraient la malchance de les apercevoir un jour), le cycle de Viriconium est enfin accessible dans son intégralité via la collection Folio « SF », qui avait déjà remis Harrison au goût du jour avec l'intéressant La Mécanique du centaure (critique in Bifrost 32). Space-opera curieux, déjanté et résolument anti-manichéen, ce roman n'a pas vraiment fait l'unanimité, mais c'est surtout son manque de conformisme et son style méandreux qui avaient choqué. Avec La Cité pastel, M. John Harrison trouve l'occasion d'intéresser de nouveaux lecteurs (et de nouveaux moyens de se faire insulter), en proposant un cycle (court, rassurez-vous) qui n'est évidemment pas sans rappeler l'œuvre d'un certain Moorcock. La quatrième de couverture annonce clairement la couleur en parlant de « fantasy post-apocalyptique », dans la mesure où les faits ont lieu dans un lointain futur qui a connu moult gloires, apogées, décadences et effondrements chaotiques. Dernier empire en date, Viriconium est menacé par une reine nordique rebelle, prétendante au trône de la cité Pastel. Tegeus-Cromis, l'un des dernier Methvens encore debout (ces chevaliers et seigneurs de guerre qui assuraient la prospérité du royaume à l'époque du père de la reine actuelle), décide de sortir d'une retraite pourtant bien méritée. Il s'entoure des derniers de son ordre et part à la rencontre des armées de la Reine du nord. Mais ce qu'il trouvera risque de menacer les fondements mêmes du monde tel qu'il l'a toujours connu...
Avec un style qui doit beaucoup à Moorcock (mais un excellent Moorcock, comparable à celui de l'extraordinaire nouvelle « Incursion au Cambodge », incluse dans le recueil Déjeuner d'affaire avec l'Antéchrist en « Lunes d'encre »), Harrison dépeint un monde crédible et inquiétant. L'écriture est étrange, parfois alourdie d'interminables descriptions, mais toujours efficace dans l'ambiance. On retrouve ici la manière de raconter propre à Harrison, qui faisait déjà le plaisir de La Mécanique du centaure, mais dans un genre plus sombre et plus dense. Les scènes de bataille sont hallucinantes, et les perspectives d'avenir de l'humanité angoissantes (c'est un euphémisme). Anti-héros sombre et solitaire, tegeus-Cromis (on l'écrit comme ça, que voulez-vous) rejoint les héros moorcockiens (moorcockesques ?) dans une sorte de spleen existentiel permanent qui n'est pas sans poésie. Pour le reste, le mariage de la fantasy « chevaleresque » (en un sens) et des vieilles technologies oubliées (exosquelettes, dirigeables et robots poussiéreux) fonctionnant toujours aussi bien, ce n'est pas le lecteur qui s'en plaindra. A noter que le texte central est entouré de plusieurs nouvelles déroutantes, se déroulant dans le même univers. Pas nécessaires au premier coup d'œil, ces textes peuvent se lire dans un deuxième temps avec plus d'attention. Bref, si tout se met en place dans cette Cité pastel, on attend beaucoup des tomes suivants (le cycle de Viriconium se compose de trois tomes au total — tous devraient être parus au moment ou vous lisez ces lignes). Quoi qu'en pense le lecteur (on aime ou pas la fantasy post-apocalyptique), cela confirme néanmoins le talent de M. John Harrison, injustement méconnu sous nos longitudes. Souhaitons que cette plus large diffusion lui redonne la place qu'il mérite.