Inutile de présenter Van Vogt. Ce recueil de nouvelles,
La dernière Forteresse (Masque 77) comprend cette nouvelle de 1942, que
Spirale avait à moitié traduit, avant de sombrer. Les lecteurs qui avaient commencé à le lire, il y a trois ans, pourront, après ce long suspens, le terminer — dans une traduction différente. Ils pourront aussi comparer le thème et le traitement van vogtien avec celui de Leiber dans
Le grand Jeu du temps (Masque). Ceux qui pensent que la SF n'est qu'une littérature « d'idées », en lisant les deux romans pourront nuancer leurs impressions. On y trouve aussi
Les assassins de la terre (1949, déjà publié en Marabout in
Après...) ainsi qu'une œuvre plus récente
Les hommes reflétés de 1971. Excellente occasion pour savoir si Van Vogt évolue, ou s'il poursuit, maintenant solitaire, le rêve mégalomane qui fut un jour celui de toute la SF. Est-ce toujours la même histoire ? Quelques indices laissent entrevoir que la foi en l'idéologie de la science s'affaiblit. Mais que les valeurs puritaines continuent de motiver l'action de ses héros. Ce qui frappe, c'est peut-être cette discordance entre deux formes de l'imagination : capable de broder d'immenses fables technicomythiques, de faire se choquer en nuages indicibles les époques et les galaxies, il est dans l'impossibilité d'imaginer que les relations entre hommes et femmes puissent changer de modèle. Quel est le souhait d'Edith Price, se retrouvant au 93
e siècle dotée des pouvoirs absolus ? « Je voudrai faire un mariage d'amour. » Van Vogt, midinette de la SF ?