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Les Gouffres de la Lune

Arthur C. CLARKE

Titre original : A Fall of Moondust, 1961
Première parution : États-Unis, New York : Harcourt, Brace & World, 1961 / Angleterre, Londres : Victor Gollancz, septembre 1961   ISFDB
Cycle : SOS Lune (omnibus)

Traduction de B.R. BRUSS
Illustration de Pascal CASOLARI

MILADY (Paris, France), coll. Imaginaire précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : décembre 2013, Achevé d'imprimer : novembre 2013
Roman, 384 pages, catégorie / prix : 7,60 €
ISBN : 978-2-8112-1102-8
Format : 11,0 x 17,8 cm
Genre : Science-Fiction

Réédition en un tome d'un roman découpé en deux dans la précédente édition.


Quatrième de couverture

« Arthur C. Clarke est un des véritables génies
de notre époque. »
Ray Bradbury

« Le colosse de la science-fiction. »
The New York Times

Au XXIe siècle, la Lune a été colonisée, et les touristes les plus aisés peuvent se payer le luxe d’une croisière sur la mer de la Soif. Pour cela, ils prennent place à bord du vaisseau Séléné, spécialement conçu pour glisser à la surface de la poussière – aux propriétés étonnantes – qui recouvre cette « mer ».
Mais cette fois-ci, un tremblement du sol entraîne l’engloutissement du Séléné, désormais incapable d’émerger à la surface ou de transmettre la moindre information sur sa position. Tandis que les voyageurs se trouvent emprisonnés dans ce qui pourrait bien devenir leur tombeau, à l’extérieur les secours s’organisent...

Critiques

    Ce roman est un simple récit d’aventures lunaires, ou plu­tôt de naufrage. Les titres des deux tomes de la première édition française au Fleuve Noir ( Naufragés de la lune et SOS Lune) sont explicites, mais le titre original, A Fall of Moondust, spécifie davantage le contexte. Le Séléné est le seul et unique « bateau » lu­naire — imaginez une sorte de petit bateau-mouche comme on en voit sur la Seine, conçu pour une vingtaine de passagers – qui navigue sur la (fictive) Mer de la Soif. Il s’agit d’une mer de poussière ultrafine, comme du talc ou cette poudre de graphite que l’on utilise comme lubrifiant. Ce qui y tombe y disparaît sans laisser la moindre trace en surface.

    Dans ce roman, Clarke nous propose une Lune réaliste selon les connaissances de l’époque, et c’est là le plus grand intérêt du livre. Il n’y a pas d’air, il faut porter des scaphandres. La pesanteur est six fois moindre que sur Terre, laquelle est im­mobile dans le ciel mais connaît des phases tout comme la Lune vue du plan­cher des vaches. La journée y dure quinze jours et la nuit tout autant. L’amplitude thermique est énorme. Le paysage lunaire ap­paraît comme en noir et blanc ; les ombres très tranchées font apparaître le relief comme fort tourmenté alors qu’il est en fait peu ac­centué.

    Un tremblement de Lune engloutit le Séléné sous quinze mètres de poussière ultra-fluide avant qu’il puisse envoyer un appel de détresse. Nous savons aujourd’hui, grâce aux sismographes laissés sur notre satellite par les diverses missions, qu’il y a bien des séismes sur la Lune, mais Clarke, lui, dut le spéculer. En revanche, la poussière n’atteint jamais une telle épaisseur.

    Dans un premier temps, il faut localiser le lieu du naufrage, avant que s’engage une course contre la montre pour sauver les passagers et l’équipage du bateau. L’accroissement de la chaleur dans la cabine, l’augmentation du taux de gaz carbonique sont quel­ques-uns des risques auxquels les naufragés doivent faire face. Pendant ce temps, la colonie lunaire met tout en œuvre en la person­ne de son ingénieur en chef, Lawrence, pour organiser les secours. Les médias sont là, avi­des d’informations, de sensationnel et d’émotions, certes, mais pas de tragédie.

    L’histoire se déroule dans un XXIe siècle qui n’est pas le nôtre – on est très loin d’avoir des villes et du tourisme lunaires, des colonies sur Mars et Vénus et un astronaute ayant atteint Pluton. Il n’y a pas de méchants et pourtant, ça tient. Il y a de sales caractères, des personnes plus fragiles, un soucoupiste devenu escroc pour le bien de sa cause, et le flic qui va de pair avec.

    Les Gouffres de la lune est un roman d’aventures où le suspense est bien tenu tout du long, toujours plausible, sans grand renfort de pyrotechnie, mais il a un peu vieilli, le progrès n’ayant pas suivi la marche effrénée qu’Arthur C. Clarke aurait voulu lui voir soutenir.

Jean-Pierre LION
Première parution : 1/4/2021 dans Bifrost 102
Mise en ligne le : 11/10/2024


    La Lune est désormais une destination touristique comme une autre, si ce n’est qu’elle est réservée aux plus fortunés. Ceux-ci peuvent découvrir les stupéfiants paysages lunaires, comme les différentes mers, et notamment celle (fictive) de la Soif ; la visite se fait avec le Séléné, un petit vaisseau à même d’accueillir une vingtaine de voyageurs, « surfant » sur la poussière qui recouvre le sol lunaire. Lors d’une excursion, le véhicule est malheureusement victime d’un accident : la poussière s’effondre sous lui et il se retrouve enseveli. Les services touristiques, qui ne reçoivent plus le signal émis périodiquement, comprennent qu’il y a un souci. Les secours s’organisent, mais la course contre la montre est désormais engagée : sous la couche de poussière, le Séléné est difficilement localisable, et ne dispose que d’une autonomie de quelques heures. Le capitaine et ses passagers pourront-ils être sauvés à temps ?

    On le sait, l’œuvre d’Arthur C. Clarke baigne dans la hard scienceLes Gouffres de la Lune n’échappe pas à la règle : tout y est en effet analysé sous l’angle scientifique, comme l’origine de l’accident : la fameuse poussière lunaire y est amplement décrite. Le roman datant de 1961, les connaissances lunaires ont évolué depuis, et l’on sait désormais que le régolithe, aux grains très fins et magnétisés qui collent aux combinaisons et rentrent dans les plus petits interstices, ne permet pas le mode de déplacement du Séléné. De même, sa couche ne dépasse pas huit mètres, de sorte que l’enfouissement décrit paraît invraisemblable. À l’époque, néanmoins, c’était crédible, et les connaissances de 1961 sont ici parfaitement utilisées. La tentative de sauvetage est également décrite avec force détails : comment sauver un vaisseau que l’on ne voit pas, que la poussière menace de recouvrir, et quand on n’a finalement pas tant de matériel à disposition (en dépit du tourisme, les infrastructures restent assez sommaires) ; il faut alors faire preuve d’imagination, tout en restant prudent dans la mise en pratique de solutions théoriquement viables. Enfin, bien sûr, les modalités de survie à bord du Séléné : si Clarke élude la possibilité du manque d’oxygène (le Séléné est prévu pour tenir longtemps), il s’intéresse davantage à l’évacuation du monoxyde de carbone exhalé par les passagers ou à la chaleur résultant de l’ensevelissement sous la poussière. Bref, tout — ou presque — est motif à questionnement scientifique, dans une tentative d’expliquer l’ensemble des tenants et aboutissants. En vulgarisateur chevronné, Clarke rend cela éminemment lisible, distillant à merveille les passages explicatifs au sein de scènes rythmées par l’urgence de la situation. Et, surtout, il n’oublie pas l’enjeu humain au cœur des débats — plus de vingt personnes risquent leur vie, certains parmi les secouristes leur poste ou leur honneur. Malgré quelques grosses ficelles (la présence fortuite d’un commandant militaire parmi les touristes, le voleur en fuite et son chasseur), des personnages caricaturaux (la vieille fille acariâtre et jalouse), Clarke réussit son entreprise, à savoir nous faire partager l’angoisse des occupants du Séléné ainsi que celle des personnes impliquées dans les secours, et cela, même si l’issue ne fait guère de doute, l’auteur ayant une confiance inébranlable dans la capacité qu’a la science d’aider l’Homme dans les missions qu’il se donne.

    Nominé au prix Hugo, ce roman fut tout d’abord publié en deux volumes dans son édition française (S.O.S. Lune et Les Naufragés de la Lune en Fleuve Noir « Anticipation » en 1962, et chez Marabout « Poche 2000 » en 1974). Il est connu dans sa version originale pour avoir été le premier récit de SF à faire l’objet d’une édition condensée du Reader’s Digest. Un roman solide qui, malgré l’obsolescence du point de départ scientifique (la fameuse « moondust »), reste une valeur sûre dans l’œuvre de Sir Arthur C. Clarke.

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 1/7/2019 dans Bifrost 95
Mise en ligne le : 3/11/2023

Critiques des autres éditions ou de la série
Critique de la série par Jacques VAN HERP
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