Le temps du Retour est un petit bijou de concision et d'efficacité. Dès la première ligne, le lecteur est aspiré dans un maelström un peu fou, un peu clinique ! Bien sûr, parfois, c'est un peu rapide et il devient nécessaire de deviner tout ce que Farmer écrit à demi-mots. Au fond, le roman possède la force et la séduction d'une nouvelle ; chaque mot compte.
Ne racontons pas l'histoire. Somme toute, elle tient la route bien qu'elle n'ait rien d'extraordinaire. Sachez seulement qu'elle se situe en l'an 2700 après Jésus-Christ (dans le texte, Jésus-Christ est souvent cité, à chaque fois sous un nom différent !) et qu'un virus mutant, cordialement cultivé puis envoyé sur la Terre par une Colonie Martienne, a exterminé les trois quarts de l'humanité Six milliards de morts en l'espace de six mois...
Après, c'est une affaire de grand chef. La cuisine appartient au domaine de l'Art, ne l'oublions pas !
Le livre regorge d'humour, de religion et de sexe, les trois thèmes étant magiquement liés par la cohérence un peu floue de l'intrigue. Farmer joue sur les trois tableaux pour inspirer des sentiments contradictoires et pour susciter l'intérêt, mais ne s'appesantit sur aucun. Il montre patte de velours là ou un autre, peut-être, aurait écrasé l'accélérateur...
Quant à la phrase finale, c'est une joyeuse bouffée d'ironie. On dirait que Farmer s'adresse directement à ceux qui lisent Le Temps du Retour :
«Ne vous inquiétez pas, mes amis, nous sommes coincés dans la boue, mais nous finirons bien par avancer. »
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/6/1985 dans Fiction 363
Mise en ligne le : 5/1/2005