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Loin de Terra

ANTHOLOGIE

Textes réunis par Maxim JAKUBOWSKI



DENOËL (Paris, France), coll. Présence du futur précédent dans la collection n° 69 suivant dans la collection
Dépôt légal : 4ème trimestre 1963, Achevé d'imprimer : 12 décembre 1963
Première édition
Anthologie, 240 pages, catégorie / prix : 6,15 FF
ISBN : néant
Format : 12,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture

• Les fusées sont aujourd'hui vivantes et les planètes douées de conscience.

• La chasse à l'homme est le sport favori des Rachens, nos maîtres, car le gibier humain vaut son pesant d'or.

• Des astronautes fantômes tournent sans fin autour de la terre...

  Voici la première anthologie de science-fiction britannique : neuf nouvelles extraordinaires, neuf écrivains de grande classe parmi lesquels Brian Aldiss, J.-G. Ballard, E. C. Tubb, etc..., et toutes les tendances littéraires.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Harry HARRISON, Les Rues d'Ashkalaon (The Streets of Ashkelon / The Streets of Ashkalon, 1962), pages 11 à 32, nouvelle, trad. Sonia FLORENS
2 - Kenneth BULMER, Les Proies (Quarry, 1956), pages 33 à 69, nouvelle, trad. Michel DEMUTH
3 - Brian ALDISS, Centenaire (Old Hundredth, 1960), pages 71 à 89, nouvelle, trad. Marcel BATTIN
4 - Colin KAPP, Le Verre de Iargo (The Glass of Iargo, 1960), pages 91 à 111, nouvelle, trad. Marcel BATTIN
5 - James Graham BALLARD, La Cage de sable (The Cage of Sand, 1962), pages 113 à 145, nouvelle, trad. Michel DEMUTH
6 - Gordon WALTERS, Un terrien meurt (Death of an Earthman, 1963), pages 147 à 171, nouvelle, trad. Jean-Claude CHABEL & Maxim JAKUBOWSKI
7 - Robert PRESSLIE, La Mauvaise saison (Another Word for Man, 1958), pages 173 à 193, nouvelle, trad. Sonia FLORENS
8 - Maxim JAKUBOWSKI, "Chasseur, reviens ..." ("Hunter , come home ...", 1963), pages 195 à 224, nouvelle, trad. Maxim JAKUBOWSKI
9 - Edwin Charles TUBB, Les Murailles de l'infini (Greater Than Infinity, 1960), pages 225 à 237, nouvelle, trad. Marcel BATTIN
Critiques

    Une anthologie de la science-fiction britannique ? Bravo pour l’idée, mais non pour sa réalisation.

    En langue française, les recueils de récits brefs de science-fiction ne sont pas bien nombreux. Mais cette rareté même permettait un choix étendu. Or, le caractère le plus évident de ce volume est l’inégalité des nouvelles qui le composent.

    Il y a ici plusieurs pièces dont la publication en livre ne s’imposait guère. Et celle qui porte la signature de Maxim Jakubowski est indubitablement du nombre. Cependant, il s’agit certainement ici d’un manque de modestie, plutôt que d’un manque de discernement ; mais aussi, pourquoi inviter la comparaison avec des nouvelles signées Harrison ou Aldiss ? Maxim Jakubowski a donc écrit Chasseur, reviens… qui est une verbeuse combinaison de deux thèmes. L’un est celui des astronefs vivants, dont James Blish avait fait le sujet de Solar plexus, et dont la très plaisante Juliette de Claude Cheinisse constituait une sorte de transposition en mineur (il s’agissait dans ce dernier récit d’une automobile vivante). Le second thème est celui d’un Terrien que son entourage transforme progressivement : A. E. van Vogt en avait tiré son mémorable Enchanted village. On objectera peut-être que ce sont là des comparaisons écrasantes. Sans doute, mais l’auteur les appelle, en présentant sa prose dans cette réunion où figurent les œuvres de quelques écrivains de premier plan. Ladite prose se caractérise ici par un style emphatique et grandiloquent.

    Avec le récit de Maxim Jakubowski, qui provient de son fanzine Nocturne, la nouvelle de Gordon Walters, apparemment inédite, représente le seul texte du livre qui n’ait pas eu les honneurs d’un magazine. Les deux nouvelles sont d’ailleurs sensiblement de même classe. Dans Un Terrien meurt, Gordon Walters tente d’accommoder le thème des pouvoirs extra-sensoriels d’une fade sauce policière.

    Le niveau s’élève quelque peu avec les récits de Colin Kapp et de E. C. Tubb, bien que ces deux auteurs aient souvent fait beaucoup mieux que ce qu’on nous en présente ici. Dans Le verre de largo, Colin Kapp met en scène un enquêteur-poète au langage parfois plaisamment farfelu, mais la faiblesse du récit réside en la totale gratuité de l’idée pseudoscientifique sur laquelle il se fonde.

    Quant aux Murailles de l’infini de E. C. Tubb, c’est la démonstration d’un métier assez solide exploitant un thème classique, celui de l’astre vivant. Là aussi, une comparaison qui n’est pas favorable à la nouvelle de ce livre : du même sujet, Ray Bradbury avait tiré Here there be tygers.

    Plus ambitieux sur le plan de l’écriture proprement dite, les récits de J. G. Ballard et de Brian Aldiss tendent à créer un climat plutôt qu’à narrer une action. Centenaire, de Aldiss, est l’étude en demi-teintes d’un lointain avenir où nous et les autres sont – ou sommes – confondus. La prose raffinée et poétique de Brian Aldiss était ici d’une traduction particulièrement malaisée, et il n’est pas certain que Marcel Battin ait résolu tous les problèmes qu’elle posait. Dans La cage de sable, J. G. Ballard sait piquer adroitement la curiosité du lecteur par son évocation de ce sable martien qui se trouve au bord de l’Atlantique ; il réussit également – et c’est plus important – à trouver un nouveau symbole du scepticisme à l’égard de la science. Son évocation de satellites artificiels devenus les cercueils de leurs pilotes, qui tournent interminablement autour de la Terre en dessinant des constellations régulièrement changeantes, a trouvé en Michel Deutsch un traducteur attentif, intelligent et fidèle à la fois. Michel Deutsch a également préparé une excellente version française de Les proies, dont l’auteur est Kenneth Bulmer. Aucune recherche de profondeur dans ces pages, mais la narration précise et nerveuse d’une chasse à l’homme – au sens très littéral de l’expression : des safaris sont organisés pour des extra-terrestres, avec des humains en guise de gibier.

    Dans La mauvaise saison, Robert Presslie reprend lui aussi un thème classique, celui de l’extra-terrestre dont les intentions sont aussi bonnes que l’apparence est inquiétante. Mais il le traite avec simplicité et naturel, et réussit à être humain sans devenir larmoyant ni emphatique. Ici aussi, il y a lieu de mentionner une bonne traduction, due à Sonia Florens.

    Le livre comprend encore Les rues d’Aslikalon, dont l’auteur est Harry Harrison. L’inclusion de ce récit dans un volume consacré à la science-fiction britannique peut être discutée, puisqu’il s’agit d’un écrivain américain ; mais le fait est que la nouvelle a été publiée dans le magazine londonien New Worlds, et, surtout, qu’elle se rattache au genre périlleux de la science-fiction à résonances religieuses. C’est à coup sûr un texte qui ne s’oublie pas aisément et, à ce titre, il peut être comparé à The star d’Arthur Clarke, voire à Un cantique pour Leibowitz de Walter Miller. Harry Harrison met simplement en scène une population d’extra-terrestres qui reçoivent le message d’un missionnaire, et qui se posent ensuite certaines questions. Indéniablement, cette nouvelle méritait d’être traduite en français (encore un bon travail de Sonia Florens) et aussi de figurer dans un livre.

    Mais peut-on en dire autant de toutes les autres histoires qu’a choisi Maxim Jakubowski ? Force est de répondre à une telle question par la négative. Malgré tout le plaisir que l’on éprouverait à encourager une entreprise aussi louable intrinsèquement que la préparation d’une anthologie, on ne peut guère applaudir à ce volume. Le manque de discernement et l’absence de modestie (ce n’est peut-être qu’un hasard, mais Chasseur, reviens… est une des deux plus longues nouvelles du recueil) font de ce volume un ramassis inégal beaucoup plus qu’une véritable anthologie au sens étymologique. La chose est d’autant plus regrettable que c’est le premier livre de la collection Présence du Futur où se trouvent présentés des textes d’auteurs différents.

Demètre IOAKIMIDIS
Première parution : 1/4/1964 dans Fiction 125
Mise en ligne le : 29/12/2023

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