A quelque vingt-cinq degrés au nord de l'équateur de Krishna s'étend la Mer Banjao, la plus grande étendue d'eau de la planète. Là se cache le Sunqar, empire de légende et de mystère. Sous les rayons torrides de Roqir pourrissent lentement les galères pointues de Dur et les trirèmes ventrues de Jazmurian, prises dans l'étreinte impitoyable de ce vaste continent flottant mi-aquatique, mi-végétal. Même les violents orages qui sévissent dans cette partie de la planète arrivent à peine à rider la surface de cet immense marécage glauque. Pourtant, parfois, apparaît un bouillonnement sinistre qui révèle la présence des monstres qui règnent en maîtres incontestés des profondeurs.
Cette première partie d'un « space-opera » paru dans Astounding en 1950, et déjà publié en France en Galaxie-bis (n° 22 pour Zei, n° 27 pour sa suite, La main de Zei), est, selon van Herp, « humoristique » et « non conventionnelle » : qu'y a-t-il de si original à transposer sur « la planète Krishna » les vieux clichés du colonialisme, religions et mœurs « pittoresques » et... odeurs insupportables ? Quant à l'humour, il est pesant comme un « bishtar » (à deux trompes, ne pas confondre !). La psychologie (complexe d'Œdipe de l'explorateur, matriarchie du royaume de Qirib) reste au niveau de la calembredaine, et le style est digne de Ponson du Terrail : le traducteur est-il responsable de perles du genre de « Dirk... se rapprocha instinctivement de son compagnon pour diminuer la distance entre eux » ? En ce cas, S. de C. n'a pas de chance, car il y en avait de belles aussi dans Le règne du gorille ! Mais, selon le Sadoul, c'est désopilant : alors voyez si vous êtes plus faciles à désopiler que moi !