Né dans l'Indiana en 1918, il dut gagner sa vie très jeune. Il suivit des cours du soir et obtint sa licence de lettres en 1950. Il est maintenant l'une des grandes figures de la science-fiction américaine et est lu dans le monde entier.
Après sa mort, survenue au cours d'un accident de voiture, Jack Cull se réveille en Enfer.
Un Enfer très différent de ce qu'il avait imaginé. Sans flammes, sans tourments éternels, mais avec des démons. De pauvres diables devenus les esclaves des hommes et qui, pourtant, parviennent à torturer leurs maîtres.
Jack Cull n'a pas besoin d'un démon pour le faire souffrir : le départ de Phyllis, qui l'a abandonné pour le Premier Téléphone, suffit amplement.
Et voilà que l'Enfer devient chaos. Toute la ville souterraine, jadis construite par les démons, s'effondre dans un cataclysme géant. Des milliers d'hommes et de femmes sont tués et ne ressuscitent plus, les démons eux-mêmes succombent. Quel espoir de survie reste-t-il à Jack Cull, qui tente de fuir en compagnie de la cruelle Phyllis et de Fyodor, le mystique fou ?
Jack Cull vit en enfer. Mais un enfer d'une forme assez inattendue : il s'agit d'une cité de granit plantée au milieu d'un désert, sur une planète biscornue où la géographie semble se manger la queue. Vous savez, un peu comme dans ces jeux vidéo où l'on réapparaît à gauche du tableau lorsqu'on quitte l'écran par la droite. C'est dans ce monde curieux que les êtres humains s'incarnent après leur mort et ressuscitent aussitôt si d'aventure il leur arrive de trépasser à nouveau. Bien sûr, ce ne serait pas un vrai enfer sans démons... Mais ceux-ci n'ont rien de vraiment menaçant pour les humains, qui les dépassent largement en nombre. Quelles sont exactement l'origine et la nature de cet enfer, nul ne le sait. Les références religieuses n'y sont pas omniprésentes... parfois, un mystérieux prédicateur (dénommé X) ressemblant trait pour trait à Jésus Christ se manifeste pour un sermon toujours identique. Pour Cull, la mort s'écoule non sans une certaine routine. Il exerce un travail de bureau à l'Inter, un gigantesque central téléphonique dont les opérateurs centralisent l'information infernale. Un jour, il reçoit l'appel de Fyodor, un vieil original qui prétend détenir des informations sur l'origine de ce monde et sur l'identité de X. Soucieux de son avancement, Cull décide de suivre cette piste... mais ce qu'il n'a pas prévu, c'est qu'il sera accompagné de Phyllis, une jeune femme qui l'a quitté jadis pour un homme plus à même de servir son ambition professionnelle, et pour laquelle il brûle toujours d'une passion mêlée de franche hostilité. Et ce qu'il ignore encore, c'est que sa quête des mystères de ce monde va prendre un tour beaucoup plus essentiel et définitif qu'il ne l'imaginait.
L'Univers à l'envers parut en 1964, précédant de quelques mois seulement la nouvelle qui servit de prototype à la célébrissime saga de l'auteur, Le Fleuve de l'éternité (dont la publication s'étala au cours de la décennie suivante). Il sautera certainement aux yeux du lecteur ayant lu les deux corpus que de nombreux éléments du fameux cycle de Farmer se trouvent déjà à l'état plus ou moins embryonnaire dans L'Univers à l'envers : une réflexion romanesque sur la vie après la mort, la mise en scène d'une résurrection collective en « circuit fermé », un protagoniste en quête du sens de l'après-vie... Pourtant, malgré ces similitudes, il serait très réducteur de ne voir en ce roman qu'un simple proto-Fleuve. Tout d'abord, le tonalité de L'Univers à l'envers demeure plus sombre : si le monde du Fleuve s'apparente par bien des aspects à un Eden, nous sommes ici en enfer. En outre, les personnages qui peuplent ce roman n'ont rien des héros de légende du Fleuve : ils sont plus faibles, plus faillibles, plus nuancés ; en un mot, plus humains — et le schéma narratif s'éloigne d'autant du modèle classique du roman d'aventures auquel se réfère volontiers le cycle du Fleuve. Quant aux deux histoires, si elles consistent bel et bien en autant de quêtes mystico-cosmologiques, elles diffèrent franchement dans leur conclusion. Ainsi, la lecture de l'un des deux récits ne saurait en aucun cas gâcher la découverte de l'autre. Tout au contraire, L'Univers à l'envers et la saga duFleuve de l'éternité s'éclairent mutuellement, entrent en résonance l'un avec l'autre de façon plutôt intéressante.
L'une des grandes qualités de L'Univers à l'envers reste sa capacité à stimuler l'imagination du lecteur grâce à une narration visuellement très évocatrice. Le décor labyrinthique créé par Farmer semble parfois prendre substance, dans toute son étrangeté et sa complexité. Malgré sa brièveté, le récit mélange réflexion, philosophie, aventure et action dans des proportions assez harmonieuses, sans pesanteur excessive. L'intrigue est bien construite, et se ponctue d'un dénouement tout à fait à la hauteur des attentes suscitées par sa progression. Bref, nous sommes ici en présence d'un excellent petit roman dont la découverte s'avère aussi originale que divertissante, même s'il ne constitue par forcément une pièce cruciale de la bibliographie de Philip José Farmer.
Qu'il soit abordé en complément de la saga du Fleuve de l'éternité ou de façon indépendante, L'Univers à l'envers est donc une lecture tout à fait recommandable. Précisons aussi que le texte est précédé dans cette édition d'une préface de Gérard Klein, qui ajoute comme bien souvent à l'intérêt du volume. Une curiosité qui réserve plus d'une bonne surprise.