BUCHET-CHASTEL
, coll. Fantasy Dépôt légal : avril 2001 Première édition Roman, 432 pages, catégorie / prix : 21,71 € ISBN : 2-283-01843-9 ✅ Genre : Fantasy
Sarance est la citée d'or : sacrée aux yeux des fidèles, glorifiée par ses poètes, elle est un joyau universel, au cœur d'un empire. Mais les fondations de cet empire s'élèvent sur les ruines d'un ordre plus ancien, aux confins de l'Ouest, et derrière la magnifique façade de la cité se cache un monde d'intrigues et de conspirations. L'empereur Valérius II de Sarance et sa brillante épouse doivent en même temps lutter contre les païens à l'Est, les tribus barbares de l'Ouest et du Nord, et faire face aux complots au sein même de leur cour. Sagace autant qu'ambitieux, l'empereur cherche à reconquérir les territoires perdus. Il entreprend également la construction du sanctuaire le plus somptueux que le monde ait jamais connu. Dans le même temps, dans les profondes forêts de lointaines provinces, on continue de pratiquer des rites sauvages illégaux et hérétiques.
Apparaît alors Crispin. Il entreprend un long et périlleux voyage pour atteindre la cité des cités, ignorant si le véritable danger réside dans le voyage lui-même ou dans sa destination. En effet, répondant à une assignation impériale, chargé d'un message secret, il voyage sous une fausse identité. D'autres homes sont morts pour moins que ça. Et Crispin, avant d'atteindre Sarance, doit d'abord traverser les terres d'élection des rites païens par une sinistre matinée du jour des Morts...
Les deux volets de La Mosaïque de Sarance – Le Chemin de Sarance et Le Seigneur des empereurs – forment un récit d'une fascinante et merveilleuse complexité. Ils nous offrent une méditation émouvante sur l'art et ses pouvoirs, et sur les façons dont, des plus puissants aux plus humbles, les hommes cherchent à inscrire leur nom dans l'histoire.
Poursuivant sa démarche consistant à (re)proposer le maximum de la partie fantasy historique de l’œuvre de Guy Gavriel Kay en français, l’Atalante publie une nouvelle traduction de Voile vers Sarance (une référence au poème « Voile vers Byzance » de Yeats), roman ouvrant la « La Mosaïque Sarantine », diptyque qui se conclura avec la parution du second volet, Le Seigneur des empereurs. Situé dans le même monde, imaginaire mais modelé sur le pourtour méditerranéen du Moyen Âge et de la Renaissance, que d’autres livres de l’auteur (Les Lions d’Al-Rassan, Le Dernier rayon du soleil et Enfants de la terre et du ciel), Voile vers Sarance recrée avec brio (l’auteur s’est entouré du conseil des meilleurs spécialistes de la période, et le résultat est flamboyant) la Constantinople du vie siècle, sous le règne de Justinien, ses intrigues de cour byzantines (c’est le cas de le dire), sa splendeur et ses curiosités (comme l’importance politique démesurée des différentes factions de « supporters » de courses de chars). On y suit un mosaïste originaire de Rhodias (l’équivalent de Rome, désormais gouvernée par les barbares), mandé dans la cité de Sarance afin d’y décorer l’équivalent de Sainte Sophie, tout juste (re)construite après avoir été livrée aux flammes lors d’une révolte populaire. Un voyage physique, certes, mais aussi, surtout, psychologique et spirituel (le héros y fera le deuil de sa famille fauchée par la Peste).
Ce roman a les qualités et les défauts des autres œuvres de l’auteur : précision historique, protagonistes très travaillés (dont de très beaux personnages féminins) et dialogues ciselés séduiront les uns, tandis que son rythme (très) lent, son introspection omniprésente et ses changements de point de vue fréquents ennuieront les autres. Comme souvent avec notre auteur canadien, un art ou un artisanat est au centre du propos, et comme souvent, aussi, un personnage modeste est projeté au sein des cours locales et des grands événements historiques. On remarquera toutefois que par rapport aux Lions d’Al-Rassan, le surnaturel est beaucoup plus présent, ce qui ravira certains lecteurs mais pas forcément ceux qui appréciaient, justement, les quasi romans historiques (par opposition à une fantasy historique plus classique) proposés par Kay. On notera aussi une tension sexuelle omniprésente, qu’on ne retrouve pas, ou peu, dans ses autres livres.
Reste un ouvrage qu’on conseillera à ceux qui connaissent déjà et apprécient l’auteur. Le lecteur qui, lui, voudrait le découvrir, se tournera sans doute avec davantage de bonheur vers Les Lions d’Al-Rassan, plus court et plus nerveux.
APOPHIS (site web) Première parution : 1/1/2020 Bifrost 97 Mise en ligne le : 14/12/2023