Isaac ASIMOV Titre original : The Naked Sun, 1956 Première parution : Astounding Science Fiction, octobre à décembre 1956. En volume : États-Unis, New York : Doubleday, janvier 1957ISFDB Cycle : Les Robots vol. 4
Isaac Asimov est né à Smolensk (U.R.S.S.) en 1920. Il est naturalisé américain et a conquis dans ce pays d'importants grades universitaires en biologie et en chimie. Parallèlement à son activité scientifique, il mène, depuis 1939, une carrière d'écrivain à la fois dans le domaine de l'anticipation et dans celui de la vulgarisation scientifique.
Nous connaissons déjà Elijah Baley et Daneel R. Olivaw qui menèrent une difficile enquête dans Les cavernes d'acier.
C'est désormais sur la lointaine planète Solaria qu'ils vont devoir exercer leur talent. Sur ce monde, les hommes n'acceptent plus de se rencontrer physiquement mais se « visionnent » grâce à des projections télévisées.
Or, un meurtre a été commis, un meurtre apparemment impossible puisque aucun Solarien n'aurait eu la force nerveuse suffisante pour s'approcher d'un de ses compatriotes. Qui plus est, un robot semble impliqué, ce qui est absurde, puisque les lois de la robotique interdisent à ces êtres de métal de causer le moindre tort aux hommes.
Critiques
Nous sommes en 2025, à une époque où l’intelligence artificielle devient de plus en plus logique… mais pas nécessairement intelligente. Une évolution que Isaac Asimov avait déjà anticipée dès 1956.
Nous retrouvons le détective terrien Elijah Baley et R. Daneel Olivaw, le robot en provenance de la planète Aurore, dans une enquête sur la planète Solaris. En effet, Baley a été mandaté pour résoudre un meurtre qui semble impossible. (Mais pourquoi faire appel à un Terrien, un étranger, pour régler une affaire de Spacien ?!)
Mais avant tout, laissez-moi vous parler de Solaris : cette planète est peuplée de 20 000 Solariens pour 80 000 000 km2 — tout le territoire de la planète est occupé — c’est-à-dire que chaque Solarien dispose d’un domaine de la taille du Luxembourg. Sans compter les quelque 200 000 000 robots positroniques à leur service (10 000 robots par humains, je ne fais plus la vaisselle…).
Les Solariens ne se voient plus que par stéréo-vision et ont horreur de tout contact physique à moins de vingt kilomètres. Il est donc « matériellement » impossible que ce soit un Solarien qui ait commis ce meurtre. Et cela ne peut également pas être un robot, car la Première Loi l’en empêcherait…
Le dilemme est posé.
J’ai particulièrement apprécié les réflexions proposées autour de la logique des robots, ainsi que la manière dont un ordre apparemment simple peut donner lieu à des interprétations complexes, parfois inattendues à cause des trois lois de la robotique. Asimov explore ici les limites de la rationalité artificielle, soulignant à quel point la précision du langage est cruciale face à une intelligence strictement logique.
Le versant policier du récit est d’ailleurs bien mieux maîtrisé que dans Les Cavernes d'acier. L’enquête est plus structurée et sert de véritable fil rouge à la découverte du mode de vie des Solariens. Ce contraste culturel est au cœur du roman : la comparaison constante entre la société hyper-individualiste à la surface de Solaria et la Terre aux cavernes surpeuplées d’Elijah Baley.
Face aux feux du soleil est un roman aussi lumineux par son intrigue que brûlant par ses enjeux.
PS d’ordre culturel : Le personnage Elijah Baley utilise souvent le juron « Jehoshaphat ! ». En recherchant sa signification, j’ai appris qu’il s’agissait d’un Juron adouci (minced oath), une méthode utilisée par Asimov dans ses livres afin de jurer, mais sans la culpabilité qui va avec. À l’époque, « Jehoshaphat » était utilisé aux États-Unis comme un substitut du mot « Jésus ».
Roman publié jadis au C.L.A., en tandem avec Les cavernes d'acier.On retrouve en effet dans les deux livres les mêmes personnages principaux : le détective du futur Elijah Baley et son acolyte le robot R Daneel Olivaw. On est ici en plein Asimov, en pleines lois de la robotique, avec tout ce que cela suppose de doucement barbant, de platement terre à terre. C'est la science-fiction de l'âge classique, mais sans les envolées d'un van Vogt, sans l'émotion d'un Simak, sans la précision technique d'un Heinlein. L'imagination d'Asimov se meut dans les galaxies avec autant de lyrisme que celle d'un employé de bureau qui raconterait comment se passe la vie dans l'entreprise. A lire quand même pour mémoire, puisqu'Asimov est un des « phares » de la SF old style.