Que vous soyez en vacances en Sardaigne, en fuite à Vienne, ou chez vous en Californie, que vous soyez un homme ou une femme, malade ou en bonne santé, riche ou pauvre, jeune ou vieux, célèbre ou inconnu, la mort est là, qui attend...
Elle s'amuse, elle se rit de nous. Elle joue à nous faire peur, elle veut nous effrayer. Elle est même prête à nous tendre des pièges, nous séduisant pour mieux nous faire tomber. Saurons-nous lui résister ? Saurons-nous lui dire : « J'accepte de mourir, parce que après tout c'est la vie » ?
Wyatt Leonard croyait que oui. Il pensait ne plus rien avoir à craindre de la mort, qui pour lui avait pris le visage d'un cancer incurable. Et pourtant, quand sa meilleure amie l'entraîne à Vienne à la recherche d'un homme qui dit parler avec la mort dans ses rêves, bien des choses vont changer...
Jonathan Carroll s'est fait connaître en France avec Le Pays du fou rire (Prix Apollo 1989). Il a par la suite continué de déployer, au fur et à mesure de ses livres, un univers riche et personnel, où se croisent de nombreux personnages récurrents. Stephen King n'hésite pas à reconnaître en lui l'un des rares romanciers « capable de mélanger des thèmes du fantastique et du bizarre au sein d'un style toujours très littéraire ». Jonathan Carroll vient de remporter le Grand Prix de l'Imaginaire, catégorie « nouvelle étrangère ».
Critiques
Tout commence par des cauchemars ceux que raconte un agent de voyage anglais, Ian McGann, à Jesse Chapman, un américain travaillant à Vienne. McGann a rencontré un messager de la Mort, qui répond à toutes les questions... mais fait payer un prix terrible à ceux qui ne comprennent pas les réponses. Ni McGann ni Chapman pourtant ne sont des personnages principaux, et le livre suit deux itinéraires bien différents : ceux de Wyatt Leonard, ex-présentateur de télévision pour enfants, atteint d'une leucémie, et d'Arlen Ford, célèbre actrice et sex-symbol désormais retirée du monde du spectacle.
Sophie, la soeur de Jesse, catastrophée par la disparition de son frère, convainc Wyatt, son meilleur ami, de l'accompagner à Vienne — où Arlen a établi sa résidence, loin du show-biz californien.
Les personnages se croisent, de façon fortuite ou non, prennent le thé dans les fameuses pâtisseries viennoises, et même leurs conversations avec la Mort sont singulièrement dépourvues de tension dramatique. Si on ne peut gagner contre la Faucheuse, la morale du roman est que la victoire des vivants réside dans leur capacité à Lui voler leur bonheur de l'instant, à L'oublier un moment : rien de renversant.
Mais, fidèle à ce point de vue, le livre n'est jamais aussi intéressant que lorsqu'il rend la texture de la vie de ses personnages. Ce qu'il fait en détail, avec brio même, et sans jamais ennuyer. Carroll aurait sans doute pu vendre ce livre comme de la littérature générale, et il convenait parfaitement à la défunte collection « Présences » où il est paru initialement. On est ici à cent lieues des auteurs que Pocket publie industriellement (comme Koontz ou Masterton), mais ce sont ces joyaux isolés (rappelez-vous Méchant Garçon de Jack Vance) qui font pour moi le charme de la collection « Terreur ».