ALBIN MICHEL
(Paris, France), coll. Super + fiction n° 10 Dépôt légal : 1er trimestre 1981, Achevé d'imprimer : février 1981 Première édition Roman, 348 pages, catégorie / prix : nd ISBN : 2-226-01130-7 Format : 13,5 x 21,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Autres éditions Sous le titre Reine des oragesPOCKET, 1989, 1993 sous le titre Reine des orages !, 1998 sous le titre Reine des orages, 2000 in La Romance de Ténébreuse - Intégrale I, 2012 in La Romance de Ténébreuse - Intégrale I, 2016
Quatrième de couverture
En 1948, Marion Zimmer Bradley, alors simple fan, gagnait un concours d'Amazing Stories couronnant la meilleure nouvelle « non professionnelle » de l'année. Sept ans plus tard, dans le prestigieux Magazine of Fantasy and Science-Fiction, elle prenait définitivement sa place parmi les grands auteurs de science-fiction, avec une longue nouvelle qui fut publiée en France dans Fiction, sous le titre : « Marée montante ». Marion Zimmer Bradley y préconisait — déjà — un retour à la nature et à la sagesse, qu'elle n'a cessé de défendre, depuis, dans de nombreux romans.
Sa série de romans sur la planète Tenebrosa est considérée comme son oeuvre majeure. Elle constitue une véritable saga, une réussite exceptionnelle dans la « science-fantasy », dont le succès aux Etats-Unis ne s'est pas démenti depuis plus de quinze ans.
La vaste épopée de Tenebrosa n'a pas commencé avec la venue des Terriens sur la planète au soleil de sang. Elle débuta beaucoup plus tôt, à l'époque tourmentée qui devait, par la suite, être qualifiée d'Âges de Chaos.
Car c'est durant ces jours sombres pour la civilisation que la puissance des matrices fut découverte et qu'on en fit le pire usage dans une lutte pour la suprématie entre les Domaines en formation. Cette force physico-mentale engendra une technologie qui menaça de faire de Tenebrosa une effrayante copie de tout ce qu'il y avait de mauvais sur la Terre lointaine. Reine des Orages se passe en ces temps où les matrices étaient entre les mains d'ambitieux... où la sélection génétique produisait des hommes et des femmes doués de facultés ou de pouvoirs étranges... où l'héritier des Hastur rencontra son destin sous la double forme de la tendre magicienne qu'il aimait et de la toute jeune fille qu'il avait juré de protéger...
Dans ce deuxième opus du cycle de Ténébreuse, nous entrons dans le vif du sujet. L'épisode se déroule pendant la période des « âges du chaos », qui correspond à l'époque médiévale de Ténébreuse. Les parallèles avec notre Moyen Age occidental sont nombreux. On y trouve des seigneurs, installés dans des châteaux forts. Ils se querellent, se marient entre eux, se constituent de grands fiefs comme Aldaran (lieu principal de l'intrigue) et fondent des familles importantes, comme Hastur (la famille royale), Serrais, Ardais, Aillard, Elhalyn et Alton. La planète ne connaît pas encore la paix et la stabilité politique qui marque les autres volumes.
Les pouvoirs psi sont très prégnants. Le fameux « laran » joue un rôle central dans les jeux de pouvoirs, mais aussi dans la vie quotidienne et dans les conflits, où il trouve de nombreuses applications. Ces talents sont cultivés avec soin au sein de la caste dirigeante des comyns, avec un véritable programme de sélection génétique qui organise les mariages en vue de préserver, développer ou stabiliser des larans particuliers. Les télépathes les plus doués sont regroupés dans des « tours » où ils se livrent aux recherches, et surtout aux tâches industrielles, facilitées par leurs pouvoirs. Ils pratiquent l'extraction de minerais et fabriquent des armes de plus en plus meurtrières.
Deux personnages sont au cœur de l'intrigue. Dorylis d'Aldaran est la fille naturelle (nedesto) du seigneur d'Aldaran, dont elle est la seule héritière. Elle a hérité de sa mère, morte en la mettant au monde, le laran qui permet de contrôler, voire de provoquer les orages. En grandissant, son pouvoir croît à tel point qu'elle est surnommée la reine des orages, foudroyant littéralement, parfois sans même le vouloir, ceux qui tentent de l'attaquer. De son côté, le jeune Allart Hastur d'Elhalyn est lui aussi victime de son propre laran, qui lui permet de voir tous les futurs possibles engendrés par chacune de ses actions. Cela l'amène au bord de la folie, car même devant les actes les plus banals, il est paralysé par la peur des conséquences, incapable qu'il est de distinguer les futurs probables des virtualités incertaines. Réfugié au monastère de Névarsin, il doit le quitter pour revenir dans le domaine familial par nécessité politique. Son père veut en effet le marier à une jeune héritière, pour renforcer les alliances de la famille, et respecter le programme génétique.
Reine des orages offre un tableau intéressant du fonctionnement de la haute société de Ténébreuse où la politique est omniprésente. C'est aussi là que les pouvoirs psy sont les plus présents et les plus déterminants dans le déroulement de l'intrigue. L'atmosphère y est très « fantasy », le laran servant un peu à tout et n'importe quoi, du guidage des planeurs à la création d'armes de guerres en passant par la construction de châteaux. Par contre, l'intrigue et la psychologie des personnages ne se distinguent pas par une grande originalité. Reine des orages est parfois bavard, avec quelques lenteurs autour des états d'âme prévisibles de héros très stéréotypés et assez manichéens.
On peut également regretter, pour la cohérence globale du cycle, l'absence d'un tome intermédiaire, qui fasse la liaison entre la Planète aux vents de folie et Reine des orages. On se trouve brusquement plongé dans l'adolescence de Ténébreuse sans avoir rien vu de son enfance. Les origines sont déjà des mythes, avec des personnages légendaires comme Hastur et Cassilda. Ce hiatus brutal peut désarçonner un lecteur qui lit ces deux romans d'affilée.