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(Paris, France), coll. Science-Fiction / Fantasy n° 5261 Dépôt légal : juin 1987, Achevé d'imprimer : 11 juin 1987 Recueil de nouvelles, 256 pages, catégorie / prix : 6 ISBN : 2-266-02001-3 Format : 10,7 x 17,6 cm✅ Genre : Fantasy
— Morne atmosphère, soupira Fafhrd. Il me faudrait un exploit...
— O naïf ! gloussa le Souricier. Trouve-toi donc une fille.
— Bah ! Celles que j'ai connues sont maintenant chez la Mort.
La porte s'ouvrit et deux femmes entrèrent. Il y eut un flottement, puis l'on se rassit. Elles venaient de l'Ile de Givre, cette terre légendaire dont les marins rêvaient.
— L'lie de Givre est menacée, dit la brune. Pour Nehwon, c'est le commencement de la fin. Il nous faudrait deux héros.
Loin au nord, dans une sphère noire, s'affairait un être vieux et décharné : Khahkht, le sorcier des glaces.
— Le monde perd la tête, marmonna-t-il. Les ribaudes trifouillent, les héros cafouillent. Il est temps, temps, temps de construire le monstrème de glace.
Trois lunes plus tard, Fafhrd, à la proue du Faucon de mer, scrutait la brume.
Fritz Leiber, né en 1910, est l'un des plus grands auteurs de S.F. américains. Le Cycle des épées est l'oeuvre de sa vie : il y travaille depuis cinquante ans.
1 - La Tristesse du bourreau (The Sadness of the Executioner, 1973), pages 7 à 18, nouvelle, trad. Jacques CORDAY 2 - La Belle et les bêtes (Beauty and the Beasts, 1974), pages 19 à 21, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM 3 - Pris au piège de la terre de l'ombre (Trapped in the Shadowland, 1973), pages 22 à 31, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM 4 - L'Appât (The Bait, 1973), pages 32 à 36, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM 5 - Sous la loi des dieux (Under the Thumbs of Gods, 1975), pages 37 à 58, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM 6 - Pris au piège de la mer des étoiles (Trapped in the Sea of Stars, 1975), pages 59 à 80, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM 7 - Le Monstrème de glace (The Frost Monstreme, 1976), pages 81 à 124, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM 8 - L'Ile de givre (Rime Isle, 1977), pages 125 à 250, roman, trad. Arlette ROSENBLUM
Critiques
Dans ce dernier volet des aventures pittoresco-rocambolesques de Fafhrd et du Souricier Gris, plus que les deux héros eux-mêmes, ce sont les femmes qui en occupent le cœur ; en particulier toutes les jeunes et belles femmes qu'ont connues dans le passé nos deux séducteurs. Et il n'en manque point : des esclaves, des soubrettes, des ribaudes, des voleuses, des princesses, une vampire, une femme-rat...
Fafhrd et le Souricier Gris sont mysogines dans une époque qui l'est davantage. Pour leur temps, ils seraient presque tolérants, parce qu'ils adorent les femmes comme ils adorent l'aventure, le danger, l'argent, la compétition, l'alcool, la vie. Leurs défauts se muent en qualités, leurs faiblesses morales en charmes, leur aveuglement en volonté chevaleresque.
Mais dès que ces femmes qu'ils ont pourtant aimées et protégées les repoussent les unes après les autres, comme s'ils étaient de vulgaires importuns ou des apparitions fantomatiques indignes d'intérêt ou des présences spectrales indésirées, leur assurance flanche. Leur détermination s'émousse, mille doutes les assaillent. Tout à coup, ils se sentent mal dans leur peau. Une seule femme vous manque et tout est dépeuplé. Toutes les femmes vous manquent et c'est le chaos.
Quelques textes très courts et très savoureux, ainsi qu'une longue histoire centrée sur un endroit nommé l'Ile de Givre, composent ce recueil. Cette dernière traîne un peu en longueur, du moins en ai-je eu l'impression. Mais l'ensemble respire tellement la santé, l'humour et la bonne humeur qu'on ne peut que se laisser séduire par ces deux forbans au cœur tendre et à l'âme orgueilleuse, presque vantarde. Et se laisser entraîner comme leurs ombres dans des lieux terribles où nul mortel ne se rend jamais, dans des lits occupés par de fines jouvencelles, sur des champs de bataille où s'affrontent Dieux et sorciers.
Le Cycle des Epées constitue l'un des plus beaux fleurons de la littérature d'Heroic Fantasy. Peu d'auteurs ont réussi à atteindre un tel degré de rêve dans le genre, excepté Tolkien et son œuvre monumentale. Mais Leiber n'a pas à rougir de la comparaison. Et son Cycle des Epées n'a pas fini d'être réédité.