John BRUNNER Titre original : The Crucible of Time, 1983 Première parution : Del Rey / Ballantine, septembre 1983ISFDB Traduction de Jacques POLANIS
Robert LAFFONT
(Paris, France), coll. Ailleurs et demain Date de parution : mars 1985 Dépôt légal : mars 1985, Achevé d'imprimer : 12 mars 1985 Première édition Roman, 480 pages, catégorie / prix : 92 FF ISBN : 2-221-04461-4 Format : 13,6 x 21,5 cm✅ Genre : Science-Fiction
Voici l'histoire d'une planète condamnée dès sa naissance parce que l'étoile qu'elle accompagnait devait traverser une zone dangereuse dans l'espace interstellaire. Une région de gaz, de poussières, de tourbillons, où les étoiles se heurtaient ou encore explosaient en devenant des novae et détruisaient leur cortège de planètes.
Sur cette planète, pourtant, était apparue une forme d'intelligence, un peuple étrange issu de sortes de végétaux. Et dès que ces intelligences purent lever les yeux vers le ciel, elles devinèrent, puis comprirent scientifiquement que leur destin était scellé.
Mais elles ne renoncèrent pas à survivre. Certaines d'entre elles se donnèrent pour tâche, à travers les millénaires, de conquérir assez de savoir pour gagner l'espace et survivre à la destruction de leur monde.
Et elles réussirent.
Peut-être John Brunner nous les donne-t-il en exemple ? Avec le soin minutieux, le sens de la couleur qu'il a magistralement manifestés dans Tous à Zanzibar, il brosse ici à travers cent personnages, rnille anecdotes, le portrait d'une espèce entière acharnée à survivre. Une espèce terriblement différente de la nôtre, sauf par l'intelligence et par les sentiments.
1 - Avant-propos (Foreword (The Crucible of Time), 1983), pages 9 à 9, préface, trad. Jacques POLANIS
Critiques
Cette vaste fresque retrace les principales étapes d'une race végétale vers la connaissance scientifique, jusqu'à l'ère spatiale qui lui permettra de quitter sa planète vouée à la destruction. Bien que fort dissemblables par rapport à l'être humain, ces végétaux intelligents ont en commun les sentiments et la plupart des comportements. Loin de vouloir illustrer les modes de vie et de pensée d'une civilisation a priori incompréhensible (comme c'est le cas d'une certaine SF ethnologique dont l'oeil de la reine constitue un récent exemple), Brunner s'attache à relever les similitudes qui jalonnent le parcours vers la connaissance ; ainsi, la conquête du savoir semble obligatoirement devoir suivre le même déroulement, respecter les mêmes étapes comme si l'ordre logique des découvertes était lui-même soumis à une loi scientifique. Les religions obscurantistes précèdent la connaissance et le fanatisme des sectes vient également, à une période plus avancée de l'histoire de ce peuple, entacher la science du mysticisme. Le même hasard préside à la découverte de la radioactivité. L'évolutionnisme social et culturel pour Brunner est unilinéaire, comme l'illustrent les sept parties de l'ouvrage retraçant les phases du travail de l'acier : après le feu, on passe de la fusion à la coulée, du moule au lingot, du marteau et de l'enclume à la forme adéquate.
Dans la même collection, l'œuf du dragon de Foward présentait une civilisation extraterrestre tout au long de son évolution, jusqu'à l'étape que l'homme n'a pas encore atteinte. Les conclusions optimistes proposent un message d'espoir.
Après avoir décrit des futurs proches d'un noir pessimisme, (et Brunner est l'un des plus sombres représentants de cette tendance), la SF ne repart pas vers les lointains avenirs radieux mais s'applique à décrire le destin, à raconter l'histoire d'univers étrangers. Cette mise en parallèle rassurante pour l'humanité, pose à nouveau, maintenant que les problèmes immédiats semblent en passe d'être surmontés, la question de la spécificité de l'être et de sa place dans l'univers.
Tout au long de ce livre chatoyant, vivant et coloré, elle reste en suspend, le lecteur ne pouvant s'empêcher à chaque anecdote, d'effectuer des comparaisons.