La présente anthologie réunit et confronte des récits fantastiques de terreur issus des différents pays du monde. Elle présente une anthologie de la peur imaginaire, un catalogue des motifs d’épouvante non point réels, mais inventés par l’homme, de toutes pièces, sans obligation, par plaisir. Pour admettre un récit dans le florilège maudit, l’auteur du recueil a exigé qu’il remplisse une condition nécessaire et suffisante, qu’il n’est pas inutile de formuler ici, non sans pléonasme, sous ses deux aspects complémentaires : la terreur doit être engendrée seulement par une intervention surnaturelle ; l’intervention du surnaturel doit obligatoirement aboutir à un effet de terreur.
Cette apparente répétition n’est pas superflue. Pour s’en convaincre, il n’est que de feuilleter la plupart des recueils en circulation : on y trouve pêle-mêle des contes de terreur où n’entre aucun élément fantastique et nombre de récits d’une exquise fantaisie et d’un symbolisme méticuleux, dont le fantastique charme ou édifie sans effrayer. Au contraire, du présent recueil sont écartés les contes de fées, presque toutes les légendes issues du folklore et les récits d’inspiration merveilleuse ou féerique : aussi bien Les Mille et Une Nuits et les Contes de Perrault que les récits d’Andersen et d’Oscar Wilde.
Le tome I de l’Anthologie rassemble les chefs-d’œuvre d’inspiration fantastique de la littérature anglo-saxonne (dans ses trois branches principales anglaise, irlandaise et américaine) et ceux des domaines flamand et germanique. Dans le tome II, le lecteur trouvera avec l’apport français (de Balzac à Fargue et à Jouhandeau) des récits italiens, espagnols, mexicains, argentins, haïtiens, polonais, russes, finnois, vietnamiens, japonais et chinois.
Cette anthologie, sans inclure aucun récit de science-fiction, fait place pour la première fois à des récits récents qui, purement fantastiques au sens traditionnel du mot, ont du moins été influencés par cette littérature nouvelle et qui mettent en scène un surnaturel plus systématique, plus abstrait, plus froid et presque déshumanisé.
Elle sera prochainement suivie par la réédition considérablement augmentée d’un troisième tome, Puissances du Rêve, qui réunira des contes fantastiques où la rhétorique du songe constitue le ressort de l’intrigue en même temps qu’elle en provoque le dénouement.
1 - Roger CAILLOIS, De la féérie à la science fiction, pages 7 à 24, préface 2 - Roger CAILLOIS, Avertissement à la seconde édition, pages 25 à 29, dossier 3 - Charles DICKENS, Un procès criminel (The Trial for Murder / To Be Taken with a Grain of Salt, 1865), pages 33 à 46, nouvelle, trad. Sylvère MONOD 4 - Charles DICKENS, Le Signaleur (The Signal-Man, 1866), pages 47 à 63, nouvelle, trad. Sylvère MONOD 5 - Montague Rhodes JAMES, Coeurs perdus (Lost Hearts, 1895), pages 64 à 74, nouvelle, trad. Jacques PAPY 6 - W.W. JACOBS, La Patte de singe (The Monkey's Paw, 1902), pages 75 à 87, nouvelle, trad. Jacques PAPY 7 - Robert Smythe HICHENS, Comment l'amour s'imposa au professeur Guildea (How love came to professor Guildea, 1900), pages 88 à 137, nouvelle, trad. Jos RAS 8 - Algernon BLACKWOOD, La Poupée (The Doll, 1946), pages 138 à 166, nouvelle, trad. Jacques PAPY 9 - SAKI, Sredni Vashtar (Sredni Vashtar, 1910), pages 167 à 172, nouvelle, trad. Jean ROSENTHAL 10 - Oliver ONIONS, Io (Io), pages 173 à 189, nouvelle, trad. Robert ALOS 11 - David Herbert LAWRENCE, Le Cheval à bascule (The Rocking-Horse Winner, 1926), pages 190 à 207, dossier, trad. René HILLERET 12 - Phillip MacDONALD, Domaine interdit (Private - Keep Out!, 1949), pages 208 à 226, nouvelle, trad. Roger DURAND 13 - Ann BRIDGE, L'Accident (The Accident, 1936), pages 227 à 254, nouvelle, trad. René HILLERET 14 - Charles R. MATURIN, Le Château de Leixlip (Leixlip Castle ou The Doomed Sisters, 1825), pages 257 à 268, nouvelle, trad. Georgette CAMILLE 15 - Joseph Sheridan LE FANU, Le Siège de la Maison Rouge (An Authentic Narrative of the Ghost of a Hand, 1862), pages 269 à 276, nouvelle, trad. Michel ARNAUD 16 - Fitz-James O'BRIEN, Le Forgeur de Merveilles (The Wondersmith, 1859), pages 277 à 316, nouvelle, trad. Jacques PAPY 17 - William AUSTIN, Peter Rugg, le disparu (Peter Rugg, the Missing Man, 1824), pages 319 à 349, nouvelle, trad. Georgette CAMILLE 18 - Washington IRVING, Aventure d'un étudiant allemand (The Adventure of the German Student / The Lady with the Velvet Collar, 1824), pages 350 à 356, nouvelle, trad. Robert BENAYOUN 19 - Edgar Allan POE, Bérénice (Berenice, 1835), pages 357 à 367, nouvelle, trad. Charles BAUDELAIRE 20 - Edgar Allan POE, La Chute de la Maison Usher (The Fall of the House of Usher, 1839), pages 368 à 388, nouvelle, trad. Charles BAUDELAIRE 21 - Ambrose BIERCE, La Mort de Halprin Frayser (The Death of Halpin Frayser, 1891), pages 389 à 405, nouvelle, trad. Jacques PAPY 22 - Henry JAMES, Les Amis des amis (The Friends of the Friends / The Way It Came, 1896), pages 406 à 437, nouvelle, trad. Marie CANAVAGGIA 23 - Edward Lucas WHITE, Lukundoo (Lukundoo, 1925), pages 438 à 455, nouvelle, trad. Michel ARNAUD 24 - Ray BRADBURY, Le Terrain de Jeux (The Playground, 1952), pages 456 à 475, nouvelle, trad. Henri ROBILLOT 25 - Richard MATHESON, Escamotage (Disappearing Act, 1953), pages 476 à 491, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 26 - Mildred CLINGERMAN, La Sève de l'arbre (The Wild Wood, 1957), pages 492 à 503, nouvelle, trad. Yves RIVIÈRE 27 - Ernst Theodor Amadeus HOFFMANN, Les Mines de Falun (Die Bergwerke zu Falun, 1819), pages 507 à 536, nouvelle, trad. Madeleine LAVAL 28 - Achim von ARNIM, Marie Melück Blainville (Melück Maria Blainville, 1812), pages 537 à 564, nouvelle, trad. Théophile GAUTIER 29 - Hanns Heinz EWERS, L'Araignée (Die Spinne, 1908), pages 565 à 586, nouvelle, trad. Marc HENRY 30 - Jean RAY, Le Manuscrit français, pages 589 à 612, extrait de nouvelle 31 - Jean RAY, La Vérité sur l'oncle Timotheus, pages 613 à 621, nouvelle 32 - Thomas OWEN, Père et fille, pages 622 à 633, nouvelle 33 - (non mentionné), Index alphabétique des auteurs, pages 634 à 636, dictionnaire d'auteurs 34 - Roger CAILLOIS, Remerciements, pages 637 à 638, notes