Pâques 1977 : dans les caves creusées dans le roc de l'antique château de Malevil, Emmanuel met son vin en bouteilles tandis que ses amis d'enfance discutent devant lui avec passion des élections municipales.
Et voici que ce jour, pour Emmanuel si quotidien, si routinier, est aussi le jour d'une guerre atomique qui s'abat sur le monde par surprise et le détruit. En un instant, autour de Malevil dont le roc millénaire résiste à la fournaise, tout est anéanti. Les bois brûlent. Les villages se consument. La terre devient poussière.
Dès leurs premiers pas sur la planète carbonisée, les compagnons d'Emmanuel rencontrent leurs premiers ennemis : d'autres hommes, sauvés comme eux, mais qui convoitent le château fort et ses réserves. Contre ces bandes errantes commence, implacable, la lutte armée des sédentaires. Dans ce coin de France, berceau de la préhistoire, les survivants de Malevil régressent vers une civilisation primitive.
Scénario prospectif ? Etude futurologique d'un noyau humain ? Si l'on veut. Mais à la façon dont l'était déjà cet « Animal doué de raison », dont Robert Merle a raconté la singulière histoire.
Plus singulière encore — plus cruelle aussi — sera l'histoire de ce groupe d'hommes acharnés à maintenir sur terre l'espèce humaine : récit haletant où abondent les personnages, les péripéties, la vie intense du quotidien.
Est-ce un livre à désespérer ? Ou, à l'intérieur de l'éventualité la plus sombre, sommes-nous ici, comme le prétend l'auteur, « dans le meilleur des cas » ?
Robert Merle, qui est en congé d'enseignement depuis 1969, a reçu le prix Goncourt en 1949 pour Week-end à Zuydcoote, et le prix de la Fraternité en 1962 pour L'Ile. Outre des traductions, des essais critiques, des études d'histoire contemporaine et des pièces de théâtre, il a publié La mort est mon métier (1952), Un animal doué de raison (1967), Derrière la vitre (1970) et Les Hommes protégés (1974).