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Quand je serai grand, je serai mort

Nicolas LIAU


Illustration de Sébastien BERMÈS

LES 2 ENCRES , coll. Histoires d'Encres précédent dans la collection
Dépôt légal : septembre 2008
Première édition
Recueil de nouvelles, 150 pages, catégorie / prix : 14 €
ISBN : 978-2-35168-088-9
Genre : Fantastique

Autres éditions
   in L'Ange de la Mélancolie, ASGARD, 2012
   FLATLAND, 2020

Quatrième de couverture
     La hantise de la mort pousse à toutes les folies...
     Ici, une fillette amuse de ses chansons le cadavre d’un pendu, une veuve voit sa maison peu à peu envahie par l’odeur de la putréfaction, un simple d’esprit cache la dépouille de son père dans une soupente. Là, un vagabond jette son cœur à des chiens errants, deux gaillards jouent aux osselets au milieu d’un cimetière, un vieux solitaire trouve un œil de verre dans son jardin. Là encore, un scieur de bois trempe ses mains dans le sang des arbres, un paysan piétine des sépultures pour s’enrichir, un poète enfouit son mal-être sous un masque à gaz. Plus loin, un reclus laisse une jeune flâneuse chuter dans un puits, une mourante joue de la viole à l’intérieur d’un couvent en ruine, un vieillard enfonce ses doigts dans les yeux d’une statue équestre. Là-bas, enfin, un jeune homme regarde ses rêves pourrir près d'une fontaine, un souffleur de verre fabrique d’étranges cercueils à ses cinq fils et deux amoureuses affrontent le vide au sommet d’un pigeonnier.

     Mourra bien qui mourra le dernier...

     Né en automne 1982 au creux de la Vallée Noire, au cœur du Berry, Nicolas Liau affectionne depuis toujours le grand Imaginaire, ombreux et tourmenté. Diplômé de Lettres Modernes, il a consacré son mémoire de Maîtrise au vertige de l'espace chez Tolkien et Lovecraft et publié plusieurs articles sur Le Seigneur des Anneaux. Avouant une passion coupable pour le cinéma d'épouvante et la beauté fourbe des chats, Nicolas vient en outre de signer un ouvrage sur le bestiaire fantastique du folklore berrichon.
     Il vit aujourd’hui à Laval.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Claude SEIGNOLLE, Exergue, pages 7 à 7, préface
2 - David DUNAIS, Préface, pages 9 à 18, préface
3 - Les Rêveries du promeneur suicidaire, pages 19 à 19, nouvelle
4 - Pour qui croassent les corbeaux ?, pages 20 à 28, nouvelle
5 - Corps et biens, pages 29 à 36, nouvelle
6 - Frau Welt, pages 37 à 44, nouvelle
7 - À coeur ouvert, pages 45 à 51, nouvelle
8 - Dernières Volontés d'une pucelle, pages 52 à 56, nouvelle
9 - La Corde pour le criminel, pages 57 à 62, nouvelle
10 - La Complainte des Xylanthropes, pages 63 à 84, nouvelle
11 - J'irai marcher sur vos tombes, pages 85 à 91, nouvelle
12 - Trois petites goulées de mort pure, pages 92 à 97, nouvelle
13 - Deuil pour deuil..., pages 98 à 105, nouvelle
14 - La Mort dans l'âme, pages 106 à 113, nouvelle
15 - Thanaphobos, pages 114 à 120, nouvelle
16 - Le Mouroir aux tourterelles, pages 121 à 127, nouvelle
17 - Le Martyre des cendres, pages 128 à 136, nouvelle
18 - Et si tu m'aimes, tombe avec moi, pages 137 à 144, nouvelle
19 - Thomas SIZARET, Postface, pages 145 à 145, postface
Critiques
     Nouvel auteur chez un éditeur tout jeune, ce livre est plus qu'une incitation. C'est un véritable impératif : celui de féliciter l'auteur et l'éditeur pour la qualité de l'œuvre.

     Le fantastique romantique et morbide est un sujet mille fois vu et revu, et hautement casse-gueule pour pseudo-baudelairiens d'opérette. On y trouve néanmoins des perles, telles que les Musiques liturgiques pour nihilistes (le Bélial') de Brian Hodge — on nous reprochera peut-être de prêcher pour notre paroisse, mais si vous lisez ce recueil, vous verrez que l'éloge est plus que justifié. La grande force de Nicolas Liau, c'est d'avoir opté pour le conte court. Il crée ainsi une certaine distance, et évite de tomber dans le mauvais gore. Car il s'intéresse beaucoup plus aux cadavres qu'à leur mort. Il s'intéresse aussi beaucoup à l'attitude des vivants. Ainsi dans « Pour qui croassent les corbeaux » (publié initialement dans le très recommandable Borderline), qui nous conte l'histoire d'une fillette tentant d'éloigner les corbeaux du cadavre d'un pendu. Comme tout conte, la plupart des textes s'ouvrent sur le fameux « Il était une fois ». Mais l'auteur n'hésite pas à louvoyer, en optant aussi pour des « Il y avait une fois », coquetterie jamais superflue, car Nicolas Liau sait justement tirer un judicieux parti de ce contre-pied. On l'imagine d'ailleurs en dandy romantique, car il en épouse merveilleusement les thèmes, mêlant cependant son style au conte, comme nous l'avons vu. Du dandysme, il a également pris le raffinement, ciselant ses textes elliptiques et enchanteurs, qui ne sont pas sans rappeler par moments Francis Berthelot. Comme dans « La complainte des xylanthropes », où un homme abandonné par sa femme apprend le langage des arbres. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils sont ravis de trouver un interlocuteur, car ils ont beaucoup de choses à nous dire. On y retrouve aussi cette noirceur constante, parfois rehaussée d'une pointe d'humour, noir bien entendu.

     Erudit et reconnaissant, il sait également mêler le contemporain et la littérature classique à travers les clins d'œil. Du côté contemporain, « J'irai marcher sur vos tombes » affiche une nette connivence, pour une histoire sans rapport, si ce n'est la noirceur, avec le polar de Vian. Une belle histoire de cimetière qui résumerait assez bien le livre : s'emparer des lieux communs pour mieux surprendre en s'en détournant. Du coté classique maintenant, « Les rêveries du promeneur suicidaire » est un clin d'œil rousseauiste qui a été éclaté en exergue de chaque conte. Le recueil s'ouvre sur le début du texte, et chaque texte du recueil avec la suite de ce conte. Qui s'avère au final une fantaisie assez futile, et un procédé qui fait perdre au texte le coté percutant qu'il aurait eu en restant d'un seul tenant. S'il faut vraiment trouver un défaut au recueil, eh bien le voici.

     A part ça il n'y a rien à redire : c'est du grand art. Du grand art que l'on conseillera toutefois à un public bien ciblé, amateur de contes fantastiques morbides et elliptiques, ainsi qu'aux amateurs des bijoux que recèle notre langue pour qui se donne la peine de la ciseler.

Olivier PEZIGOT
Première parution : 1/10/2009 dans Bifrost 56
Mise en ligne le : 9/11/2010

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition FLATLAND, La Fabrique d'horizons (2021)

    Quand je serai grand, je serai mort est un recueil, fix-up dans l’esprit si ce n’est dans le récit, qui regroupe seize nouvelles courtes ou très courtes, beaucoup à chute, lovées dans l’écrin que forment une préface de Claude Lecouteux et une postface de David Dunais, aussi dithyrambiques l’une que l’autre.

    Seize textes donc, de romantisme noir, situés dans le monde et le passé indéterminés qui sont ceux des contes ; les textes commencent d’ailleurs par « il était une fois » ou « il y avait une fois ». Tous ces mini-contes mettent en scène tristesse, mort, désespoir, surnaturel. On y croise des petites filles en danger, des filles mortes, des fantômes, des amours malheureuses, des mariages gauchis dès l’origine, des vengeances post-mortem, des maladies, des malformés, des simplets, des enfants indésirés ou d’autres morts dans la matrice même de leur mère défunte, des bottes magiques, des fortunes subites, des chutes dans la misère, etc. On y meurt à qui mieux mieux, parfois même de sa propre volonté ou de sa propre bêtise. Des morts qui affectent souvent ceux dont on est proche, qu’on l’ait souhaité ou qu’il ne s’agisse que d’un regrettable effet pervers.

    Voici un livre que j’aurais dû aimer et qui m’a globalement laissé aussi froid que le marbre noir du monument dans lequel la courtisane imparfaite de Baudelaire souffrait pour toujours de n’avoir pas connu ce que pleurent les morts. Pourquoi ? Liau écrit dans un style très chargé, utilisant un riche vocabulaire qu’on dira archaïque encore plus que désuet. Ses textes occupent un barycentre entre le conte, le fantastique romantique, la poésie en prose, et les très bonnes nouvelles de la regrettée Gudule. C’est joliment réalisé mais trop de baroque tue le baroque et la surcharge d’écriture – exercice de style – détache de la lecture, d’autant que l’élément dramatique est, lui, trop prévisible – Robert Smith désespère dans « Siamese twins » précisément grâce à l’absence de toutes ces envolées lyriques qui sentent ici la damoiselle prête à tomber en pamoison.

    Si « Deux pieds dans la tombe » est amusante, si « Le Martyre des cendres » offre une délicieuse descente aux enfers du malheur, la nouvelle la plus convaincante est « Lange et linceul ». Elle est la plus longue et la seule dans laquelle a le temps de se construire vraiment une intrigue satisfaisante mêlant horreur morbide et progression narrative « crédible ». Les autres sont trop courtes, trop prévisibles, trop tendues vers une chute qui, hélas, n’effraie ni ne désespère. Et pour ce qui est de la très longue et louée « La Complainte des Xylanthropes » – qui rappelle le Baudelaire des Correspondances —, sa longueur même nuit à la tension dramatique, a contrario donc de celles où c’est la brièveté qui pose problème.

    Il y a peut-être un lectorat pour ces contes noirs qui n’auraient pas détonné au XVIIIe ou XIXe siècle, mais je crains qu’ici et maintenant le temps de ce type de littérature – dont je suis friand dans sa version originale qui a le privilège de l’antériorité – ne soit passé.

Éric JENTILE
Première parution : 1/1/2021
Bifrost 101
Mise en ligne le : 21/6/2024

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