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Quand je serai grand, je serai mort

Nicolas LIAU


Illustration de Victor SOREN

FLATLAND (Tourcoing, France), coll. La Fabrique d'horizons précédent dans la collection n° 3 suivant dans la collection
Date de parution : 7 septembre 2020
Dépôt légal : septembre 2020, Achevé d'imprimer : août 2020
Réédition
Recueil de nouvelles, 200 pages, catégorie / prix : 14 €
ISBN : 978-2-490426-08-9
Format : 13,5 x 21,5 cm
Genre : Fantastique

Version revue et augmentée. Sous-titré "Contes déliquescents".
Portrait de l'auteur par Hann Reverdy.

Autres éditions
   LES 2 ENCRES, 2008
   in L'Ange de la Mélancolie, ASGARD, 2012

Quatrième de couverture

   Quatorze rêveries émaillent, dans ce premier recueil de contes de Nicolas Liau, les déambulations d’un promeneur. D’un noir de tombeau, elles diffusent pourtant une lumière singulière : celle que fait naître la magie du verbe dans l’esprit qui s’abandonne aux imaginations.
   Laissez-vous embarquer par cette prose somptueuse, vous ne pourrez le regretter. Des délices et des supplices de l’enfance, des répulsives séductions de la mort, vous goûterez les charmes discutables mais troublants. Toujours, l’humanité qui sourd de ces personnages entraînés par le destin au-delà du garde-fou des apparences vous touchera.
   Tels cette fillette distrayant de ses chansons le cadavre d’un pendu, ce trépassé incapable de laisser derrière lui ses biens terrestres, ou ces deux gaillards qui jouent aux osselets les charmes d’une pucelle défunte dans un cimetière. Ici, un reclus laisse une jeune flâneuse choir dans un puits. Là, une souillonne dispute à une morte son linceul princier, avec lequel elle veut langer son morveux. Plus loin, encore, une mourante joue de la viole dans un couvent en ruines. Les tours et les détours sont innombrables pour embrasser fougueusement la Camarde ou faire la nique à la Faucheuse. Même s’il faut subir le harcèlement de celle que l’on n’eut pas le courage de suivre dans le trépas, souffler des cercueils de verre pour chérubins réduits en cendres, ou rêver de suivre en plein ciel de libres araignées filantes.
   On voit trop vite arriver la dernière station de ce funèbre pèlerinage. Il faut alors se résoudre à laisser le promeneur poursuivre seul son chemin. « Aujourd’hui, j’ai rendu visite à la ténèbre, franchi ses quatorze seuils, je les ai comptés. Moi, quand je serai grand, je serai mort. Vraiment mort, je veux dire. Et quand je serai mort, je serai encore plus grand ! »

« Nicolas Liau prétend que je lui porte chance ! Il se trompe : ce sont ses propres textes qui, par leurs qualités réelles, sont sa chance et l'estime qu'ils imposent. La puissance d'évocation de ces événements qui le hantent, et qu'il déploie dans ses contes, nous conduit au cœur des peurs maudites. Elles y distillent une noire jubilation. J'attends que justice soit juste envers cet auteur passionné qui sait si bien jouer du vif de nos émotions. » Claude Seignolle

Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Claude LECOUTEUX, Préface, pages 11 à 12, préface
2 - Les Rêveries d'un promeneur, pages 15 à 20, prologue
3 - Pour qui croassent les corbeaux ?, pages 23 à 29, nouvelle
4 - Corps et biens, pages 31 à 37, nouvelle
5 - Frau Welt, pages 39 à 45, nouvelle
6 - La Mort dans l'âme, pages 47 à 53, nouvelle
7 - À tous les vents, pages 55 à 61, nouvelle
8 - Lange et linceul, pages 63 à 90, nouvelle
9 - La Complainte des Xylanthropes, pages 91 à 110, nouvelle
10 - Deux pieds dans la tombe, pages 111 à 116, nouvelle
11 - Dernières volontés d'une pucelle, pages 117 à 120, nouvelle
12 - La Corde pour le criminel, pages 121 à 125, nouvelle
13 - L'Automne des songe-creux, pages 127 à 149, nouvelle
14 - Thanaphobos, pages 151 à 156, nouvelle
15 - Le Martyre des cendres, pages 157 à 164, nouvelle
16 - La Gueule des Deux Mignonnes, pages 165 à 171, nouvelle
17 - Le Promeneur suicidaire, pages 173 à 177, épilogue
18 - David DUNAIS, Postface, pages 179 à 189, postface
Critiques

    Quand je serai grand, je serai mort est un recueil, fix-up dans l’esprit si ce n’est dans le récit, qui regroupe seize nouvelles courtes ou très courtes, beaucoup à chute, lovées dans l’écrin que forment une préface de Claude Lecouteux et une postface de David Dunais, aussi dithyrambiques l’une que l’autre.

    Seize textes donc, de romantisme noir, situés dans le monde et le passé indéterminés qui sont ceux des contes ; les textes commencent d’ailleurs par « il était une fois » ou « il y avait une fois ». Tous ces mini-contes mettent en scène tristesse, mort, désespoir, surnaturel. On y croise des petites filles en danger, des filles mortes, des fantômes, des amours malheureuses, des mariages gauchis dès l’origine, des vengeances post-mortem, des maladies, des malformés, des simplets, des enfants indésirés ou d’autres morts dans la matrice même de leur mère défunte, des bottes magiques, des fortunes subites, des chutes dans la misère, etc. On y meurt à qui mieux mieux, parfois même de sa propre volonté ou de sa propre bêtise. Des morts qui affectent souvent ceux dont on est proche, qu’on l’ait souhaité ou qu’il ne s’agisse que d’un regrettable effet pervers.

    Voici un livre que j’aurais dû aimer et qui m’a globalement laissé aussi froid que le marbre noir du monument dans lequel la courtisane imparfaite de Baudelaire souffrait pour toujours de n’avoir pas connu ce que pleurent les morts. Pourquoi ? Liau écrit dans un style très chargé, utilisant un riche vocabulaire qu’on dira archaïque encore plus que désuet. Ses textes occupent un barycentre entre le conte, le fantastique romantique, la poésie en prose, et les très bonnes nouvelles de la regrettée Gudule. C’est joliment réalisé mais trop de baroque tue le baroque et la surcharge d’écriture – exercice de style – détache de la lecture, d’autant que l’élément dramatique est, lui, trop prévisible – Robert Smith désespère dans « Siamese twins » précisément grâce à l’absence de toutes ces envolées lyriques qui sentent ici la damoiselle prête à tomber en pamoison.

    Si « Deux pieds dans la tombe » est amusante, si « Le Martyre des cendres » offre une délicieuse descente aux enfers du malheur, la nouvelle la plus convaincante est « Lange et linceul ». Elle est la plus longue et la seule dans laquelle a le temps de se construire vraiment une intrigue satisfaisante mêlant horreur morbide et progression narrative « crédible ». Les autres sont trop courtes, trop prévisibles, trop tendues vers une chute qui, hélas, n’effraie ni ne désespère. Et pour ce qui est de la très longue et louée « La Complainte des Xylanthropes » – qui rappelle le Baudelaire des Correspondances —, sa longueur même nuit à la tension dramatique, a contrario donc de celles où c’est la brièveté qui pose problème.

    Il y a peut-être un lectorat pour ces contes noirs qui n’auraient pas détonné au XVIIIe ou XIXe siècle, mais je crains qu’ici et maintenant le temps de ce type de littérature – dont je suis friand dans sa version originale qui a le privilège de l’antériorité – ne soit passé.

Éric JENTILE
Première parution : 1/1/2021 dans Bifrost 101
Mise en ligne le : 21/6/2024

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition LES 2 ENCRES, Histoires d'Encres (2009)

     Nouvel auteur chez un éditeur tout jeune, ce livre est plus qu'une incitation. C'est un véritable impératif : celui de féliciter l'auteur et l'éditeur pour la qualité de l'œuvre.

     Le fantastique romantique et morbide est un sujet mille fois vu et revu, et hautement casse-gueule pour pseudo-baudelairiens d'opérette. On y trouve néanmoins des perles, telles que les Musiques liturgiques pour nihilistes (le Bélial') de Brian Hodge — on nous reprochera peut-être de prêcher pour notre paroisse, mais si vous lisez ce recueil, vous verrez que l'éloge est plus que justifié. La grande force de Nicolas Liau, c'est d'avoir opté pour le conte court. Il crée ainsi une certaine distance, et évite de tomber dans le mauvais gore. Car il s'intéresse beaucoup plus aux cadavres qu'à leur mort. Il s'intéresse aussi beaucoup à l'attitude des vivants. Ainsi dans « Pour qui croassent les corbeaux » (publié initialement dans le très recommandable Borderline), qui nous conte l'histoire d'une fillette tentant d'éloigner les corbeaux du cadavre d'un pendu. Comme tout conte, la plupart des textes s'ouvrent sur le fameux « Il était une fois ». Mais l'auteur n'hésite pas à louvoyer, en optant aussi pour des « Il y avait une fois », coquetterie jamais superflue, car Nicolas Liau sait justement tirer un judicieux parti de ce contre-pied. On l'imagine d'ailleurs en dandy romantique, car il en épouse merveilleusement les thèmes, mêlant cependant son style au conte, comme nous l'avons vu. Du dandysme, il a également pris le raffinement, ciselant ses textes elliptiques et enchanteurs, qui ne sont pas sans rappeler par moments Francis Berthelot. Comme dans « La complainte des xylanthropes », où un homme abandonné par sa femme apprend le langage des arbres. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils sont ravis de trouver un interlocuteur, car ils ont beaucoup de choses à nous dire. On y retrouve aussi cette noirceur constante, parfois rehaussée d'une pointe d'humour, noir bien entendu.

     Erudit et reconnaissant, il sait également mêler le contemporain et la littérature classique à travers les clins d'œil. Du côté contemporain, « J'irai marcher sur vos tombes » affiche une nette connivence, pour une histoire sans rapport, si ce n'est la noirceur, avec le polar de Vian. Une belle histoire de cimetière qui résumerait assez bien le livre : s'emparer des lieux communs pour mieux surprendre en s'en détournant. Du coté classique maintenant, « Les rêveries du promeneur suicidaire » est un clin d'œil rousseauiste qui a été éclaté en exergue de chaque conte. Le recueil s'ouvre sur le début du texte, et chaque texte du recueil avec la suite de ce conte. Qui s'avère au final une fantaisie assez futile, et un procédé qui fait perdre au texte le coté percutant qu'il aurait eu en restant d'un seul tenant. S'il faut vraiment trouver un défaut au recueil, eh bien le voici.

     A part ça il n'y a rien à redire : c'est du grand art. Du grand art que l'on conseillera toutefois à un public bien ciblé, amateur de contes fantastiques morbides et elliptiques, ainsi qu'aux amateurs des bijoux que recèle notre langue pour qui se donne la peine de la ciseler.

Olivier PEZIGOT
Première parution : 1/10/2009
dans Bifrost 56
Mise en ligne le : 9/11/2010

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