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Le Voyage de Haviland Tuf

George R. R. MARTIN

Titre original : TUF Voyaging, 1986
Traduction de Alain ROBERT
Illustration de Frédéric SORRENTINO

J'AI LU (Paris, France), coll. Science-Fiction (2007 - ) n° 9043
Dépôt légal : août 2009
Réédition
Roman, 448 pages, catégorie / prix : 8,00 €
ISBN : 978-2-290-01097-6
Format : 11,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     Par un exceptionnel concours de circonstances, Haviland Tuf, honnête négociant interstellaire sans grande envergure, se retrouve en possession d'un vaisseau de plusieurs kilomètres de long. Jadis conçu pour être une arme mortelle, le navire abrite le secret d'une science aujourd'hui perdue, capable de cloner des milliers d'espèces végétales et animales disparues. Le potentiel commercial et militaire est énorme ! Pas question, pour les associés véreux de Tuf, de lui laisser une telle mine d'or entre les mains. Mais derrière ses apparences placides, le vieux bonhomme a plus d'un tour dans son sac...

     George R.R. Martin.
     Scénariste et producteur au cinéma et à la télévision, il est aussi l'auteur du célèbre Trône de fer, une saga épique monumentale actuellement en cours d'adaptation en série télévisée par la chaîne HBO. Dans un tout autre registre, il prouve avec Le voyage de Haviland Tuf qu'il est aussi à l'aise dans le space opera que dans la fantasy.

     « Une confirmation de l'excellence de Georges R. R. Martin,. »
ActuSF
     « Une lecture légère, sympathique, distrayante et dépourvue de toute prétention malvenue »
Bifrost
Critiques
 
     Haviland Tuf est un monstre. Du moins par son apparence physique : deux mètres cinquante, obèse, albinos, chauve et glabre. Il ne se sépare jamais de ses chats. Rusé et madré, doté d'un intellect supérieur, il s'exprime toujours avec préciosité, non sans une bonne dose d'humour pince-sans-rire. Et parce qu'il détient l'Arche, un vaisseau de trente kilomètres de long et mille ans d'âge susceptible de modifier (voire de détruire) un écosystème planétaire grâce aux myriades d'espèces dont il emporte des cultures cellulaires que Tuf peut cloner, élever et manipuler à volonté, il possède aussi une puissance quasi-divine.
     Chaque « chapitre » de ce roman est en fait une nouvelle ou un récit qui permet de suivre ce personnage au long de sa nouvelle carrière. En effet, quand on fait sa connaissance, Tuf, à bord de son Corne d'abondance d'excellentes marchandises à bas prix, n'est qu'un négociant interstellaire itinérant dont les revers de fortune le poussent à convoyer un groupe disparate (des chercheurs, un androïde, des mercenaires) qui compte s'emparer d'une épave mythique. Bien sûr, ces alliés de circonstance ont tous leur idée de ce qu'il conviendrait d'en faire : sur place, les conflits d'intérêt vont s'exacerber, à tel point que Tuf, bien qu'en apparence peu armé pour l'emporter, va hériter du butin, l'Arche, plus ou moins en ordre de marche.
     Dès lors, il se bombarde « ingénieur écologue » et voyage d'un système à l'autre pour proposer ses services et tirer son épingle financière du jeu. Il devra débrouiller diverses situations épineuses, d'autant plus que ses objectifs ne vont pas toujours dans le sens des missions qu'on lui confie, et surtout résoudre, au fil de trois « stations » dans son pèlerinage, le double problème que pose S'uthlam, une planète affligée d'un souci récurrent de surpopulation et auprès de laquelle il a contracté une énorme dette afin de faire réparer son nouveau vaisseau.
     Tuf a accompagné George R. R. Martin pendant une dizaine d'années — les textes qui composent le livre ont paru de 1976 à 1985, pour l'essentiel dans Analog. Il s'agit d'un des pendants les plus clairement vancéens de son œuvre : au-delà de la couleur locale, de la nature du protagoniste, du style des dialogues et du caractère épisodique de la narration, l'auteur infuse dans ces aventures un certain nombre de considérations (sur la cruauté gratuite, le rôle de la religion, la responsabilité personnelle), si bien qu'on se retrouve dans une vraie fable dont les ressorts mythiques sont constamment soulignés par de nombreuses allusions bibliques. Signalons que Martin semble assez mécréant, d'ailleurs...
     Outre l'ingéniosité et le caractère alerte des récits, malgré un côté un peu répétitif par instants (le seul vrai défaut de ce livre, dû en partie à sa conception), il convient de noter leur noirceur sous-jacente, qui va croissant, jusqu'à une fin plutôt sombre. C'est dire que les habitués, par exemple, du Trône de fer, ne devraient pas, malgré la différence de genres, se retrouver en terre inconnue. Et voyons : un personnage à l'aspect « différent », forcé de recourir à la ruse plus qu'à la force brute, poussé par le sort et par ses propres machi-nations vers une position de pouvoir cependant fragile, pouvoir dont il use pour le « bien » dans un univers chaotique menacé par la guerre, ça ne vous rappelle vraiment rien ? Oui, Haviland Tuf — sous ses dehors de Blofeld, l'ennemi de James Bond — est bien un cousin lointain de Tyrion Lannister...

Pierre-Paul DURASTANTI (lui écrire)
Première parution : 1/7/2012 dans Bifrost 67
Mise en ligne le : 5/12/2015

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition MNÉMOS, Icares SF (2007)

     Le brave marchand Haviland Tuf se trouve, par le fruit d'un hasard assassin assez cartoonesque, promu au rang d'unique possesseur de L'Arche, dernier vaisseau de guerre à germes de la puissante ancienne Terre. Le bonhomme s'autoproclame aussitôt ingénieur écologue et entame un périple qui l'amène à faire étape dans plusieurs mondes et à mettre à contribution les ressources du vaisseau — cuve à cloner, chronomuteur et bibliothèque cellulaire — afin de résoudre les problèmes que lui soumettent leurs habitants. Marchand dans l'âme, Tuf négocie au mieux de ses intérêts et de ceux de ses clients les services qu'il rend. Cependant, au fil des transactions, il réévalue progressivement les intérêts de ceux-ci en tenant compte de leur nature humaine.

     Pour ceux qui ne le savent pas ou qui l'on oublié, George R. R. Martin a écrit dans d'autres domaines de l'imaginaire avant de se consacrer à l'interminable série de fantasy : « A song of Ice and Fire » (en français, le cycle du « Trône de fer », disponible en poche chez J'ai Lu). A la décharge des incultes, puisqu'il faut bien leur trouver des excuses, reconnaissons que le succès et l'ampleur (pour ne pas dire l'enflure) de cet ersatz des Rois maudits ont quelque peu éclipsé les œuvres antérieures de l'auteur, en particulier les deux romans Armageddon Rag et Riverdream (critiqué dans le Bifrost n°42), et aussi le recueil Chanson pour Lya (réédité récemment chez J'ai Lu). En ce qui concerne Le Voyage de Haviland Tuf, tous les indicateurs révèlent sans contestation possible le space opera le plus classique, pour ne pas dire le plus old school : vaisseau gigantesque doté d'une puissance dévastatrice, voyage interstellaire, découverte d'écosystèmes exotiques mais habités par des civilisations calquées sur celles de notre Histoire... On frémit d'avance ou on se pâme (cochez l'option qui vous convient) à l'idée de lire une énième variation des lectures de son adolescence. Néanmoins, les apparences sont souvent trompeuses, ce que ne contredit pas ce présent roman. En effet, il apparaît rapidement que les clichés les plus éculés du space opera sont désamorcés par la personnalité même de Haviland Tuf et par le ton volontairement humoristique adopté par l'auteur pour le mettre en situation. Grand, bedonnant, d'une carnation blafarde, de caractère débonnaire mais loin d'être naïf, Tuf ne présente pas vraiment les caractéristiques du héros irrésistible ou du mauvais garçon attachant, style Han Solo. Si on ajoute que son raisonnement est d'un pragmatisme désarmant, qu'à l'instar de ses chats il retombe toujours sur ses pieds quelle que soit la situation, et qu'il ponctue ses paroles d'interjections — bigre ! — étonnantes, il ne fait plus aucun doute que George R. R. Martin joue davantage des clichés qu'il n'en use.

     En conséquence, ce roman est une lecture légère, sympathique, distrayante et dépourvue de toute prétention malvenue. Pour peu que l'on fasse abstraction des quelques coquilles et du découpage très mécanique — un chapitre égale une escale dans le voyage — on peut même trouver une qualité supplémentaire à ce texte : celle de la fable, car mine de rien, Martin intègre dans son récit deux ou trois vérités générales pas toujours très plaisantes sur la nature humaine.

     Au final c'est donc George R. R. Martin et non le personnage fictif de Haviland Tuf qui s'impose comme le plus roublard des deux. Maintenant, si vous souhaitez vous reposer entre deux lectures plus exigeantes, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

Laurent LELEU
Première parution : 1/4/2007
dans Bifrost 46
Mise en ligne le : 11/9/2008

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