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Le Fils des Ténèbres

Fabrice COLIN

Première parution : Paris, France : Mnémos, 1999
Cycle : Winterheim  vol. 1 


Illustration de Arnaud CREMET
Illustrations intérieures de Julien DUVAL

J'AI LU (Paris, France), coll. Fantasy (2000 - 2007) précédent dans la collection n° 6180 suivant dans la collection
Dépôt légal : mai 2004, Achevé d'imprimer : 12 mai 2004
Roman, 288 pages, catégorie / prix : J
ISBN : 2-290-31800-0
Format : 11,0 x 17,7 cm
Genre : Fantasy

Édition définitive revue par l'auteur.

Autres éditions
   J'AI LU, 2002
   in Winterheim, 2012
   in Winterheim, 2013
   in Winterheim, 2013
   MNÉMOS, 1999
   in Winterheim, PYGMALION, 2011

Quatrième de couverture
     Il y a bien longtemps, les Faeders et les Dragons ont décidé de ne plus s'immiscer dans les affaires des mortels. Retirés loin de Midgard, ils ont cependant confié à la Dame des Songes et à ses trois demi-sœurs les Ténèbres la tâche de veiller sur les humains.
     Aujourd'hui, dans le royaume de Walroek, le jeune forestier Janes Oelsen, dont les parents n'ont jamais pu comprendre le caractère rêveur et la juvénile impétuosité, entre en possession d'une mystérieuse carte à la suite d'un pari. Accompagné de sa fidèle chouette Flocon, il va partir pour le château mau­dit de Nartchreck ou, à en croire les légendes, repose un fabuleux trésor...
 
     Fabrice Colin est né en 1972. Infatigable explorateur des sentiers du merveilleux, il en propose une vision tour à tour drôle (À vos souhaits) ou romantique (Vestiges d'Arcadia), pour tes plus jeunes (Les enfants de la Lune) ou les adultes (son très personnel Or not to be), avec une exceptionnelle maestria narrative. Il célèbre ici les fascinantes noces de la mythologie nordique, du conte de fées et de la tragédie shakespearienne.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition J'AI LU, Fantasy (2000 - 2007) (2003)

    D'abord parus chez Mnémos en 1999, Le Fils des Ténèbres et La Saison des conquêtes sont les deux premiers tomes d'une remarquable trilogie dont J'ai lu va prochainement publier — enfin ! — le troisième volume resté inédit, La Fonte des rêves. Inspiré de légendes nordiques, le cycle de Winterheim est l'occasion pour l'insaisissable Fabrice Colin de contourner les sentiers balisés de la fantasy et de nous offrir un opéra sombre et sauvage, truffé de références mais profondément personnel ; on y retrouve, plus évocateur que jamais, cet onirisme lyrique et vénéneux chargé de symbolisme qui imprégnait déjà son cycle d'Arcadia et son récent Or not to be, ainsi que ce sens aigu du tragique hérité de Shakespeare.

    Le premier « mouvement » du Fils des Ténèbres prend la forme d'un conte horrifique d'une puissance poétique hors du commun où Colin campe son décor glacial et enneigé, hanté par les Faeders d'Asgard. Nous y sommes les témoins médusés du viol de la déesse de la Nuit — l'une des trois Ténèbres, les deux autres étant la Mort et la Peur — par le roi Helmer. De cette union contre-nature naîtra le héros de la saga, Janes Oelsen. Commence alors un récit plus enlevé, quête initiatique menée avec un talent jamais démenti, où l'impétueux Janes affronte une armée de squelettes, est témoin de la mise à mort de son propre frère et nourrit des rêves de vengeance à l'égard du cruel draaken Asraan, avant de rencontrer l'amour en la personne de Livia, dans un passage d'anthologie. Comme son personnage, Colin fait feu de tous bois en multipliant les tons et les couleurs, sans jamais sacrifier à l'homogénéité du récit, et transcende un scénario sans grande originalité par son style flamboyant et son arrière-plan référentiel aussi discret que prégnant — on pense entre autres au cycle arthurien, aux poètes et aux peintres anglais du XIXe siècle ou encore, évidemment, aux Niebelungen de Wagner.

    La Saison des conquêtes montre un visage assez différent, sans rompre pour autant l'unité de la série. Janes, résigné à ne plus revoir Livia retenue prisonnière par son ennemi mortel Asraan, tente de se reconstruire une vie au cœur de la vallée des magiciens-poètes. Un saltimbanque lui redonne pourtant espoir : s'il parvient à s'emparer de l'Anthémion, un anneau mythique forgé par les trois Ténèbres, peut-être pourra-t-il délivrer sa bien-aimée. La quête de l'Anneau constitue l'essentiel de ce second tome, moins spectaculaire que le Fils des Ténèbres, plus inégal mais aussi plus hypnotique. Ici, rêve et réalité s'accouplent sans crier gare et accouchent d'une constante étrangeté fantastique dont la force d'évocation est proprement saisissante. Tandis que le premier tome, après son prologue élégiaque, alternait habilement heroic-fantasy virevoltante et onirisme exacerbé, nous sommes plutôt ici dans une sorte de Seigneur des Anneaux sous acide, où les Faeders et autres créatures mythologiques, sentant leur fin venir, mettent le monde à feu et à sang, plongeant ainsi les hommes dans un inframonde incertain.

    Le cycle de Winterheim et son cadre de fantasy ont permis à Fabrice Colin de donner libre cours à son inventivité formelle et à son goût prononce pour le romantisme noir, et de déployer toute l'étendue de son style. Le bienheureux lecteur qui découvrira les aventures de Janes Oelsen pour la première fois grâce à cette réédition (définitive, nous assure-t-on) aura la tête saturée d'images atroces, magnifiques, féeriques, tant Colin a su donner corps à ses visions fantasmatiques. Le dernier tome de la trilogie devrait clore en beauté la saga crépusculaire du royaume de l'hiver.

Olivier NOËL
Première parution : 1/5/2003
Asphodale 3
Mise en ligne le : 3/3/2025


Edition MNÉMOS, Légendaire ()

     Les mythologies nordiques et la légende d'Yggdrasil inspirent de plus en plus de récits de fantasy, et ce livre, premier d'une trilogie, en est sans doute l'un des exemples les plus réussi.

     Dès les premières pages du "premier mouvement" de cet opéra barbare, le récit atteint la puissance et la grâce des plus grandes épopées, de celle d'Arthur à celle des Nibelungen. Face à la famille des Faeders d'Asgard, descendant de Faeder (le Temps), face notamment aux trois Ténèbres - Hell (la Mort), Izizz (la Peur) et Naewen (la Nuit) - ainsi qu'à Wultan (la Force) qui veut réaffirmer son pouvoir sur le Midgard, l'histoire de la vengeance du roi Helmer, et de son Remord, est absolument magnifique. Les images y sont superbes, et l'on sera en particulier longtemps impressionné par la Nuit descendant en silence le Fleuve des Ames, son manteau et sa chevelure se fondant avec l'obscurité...
     Changeant de ton pour le "second mouvement", l'auteur y revient d'abord à une "Sword and Sorcery" à la Conan et n'hésite pas à envoyer son héros affronter seul des squelettes démoniaques, à la recherche d'un trésor dans un château hanté : là aussi on ne peut qu'admirer son talent de conteur, indispensable pour que le lecteur puisse adhérer sans réserve à ce type de récit.
     Rapidement cependant, l'histoire se transforme à nouveau, cette fois en un classique récit d'apprentissage, où le héros connaîtra successivement les états de prisonnier, d'aide-cuisinier puis de soldat, alors que parallèlement, continueront à oeuvrer les intrigues divines et politiques, puis amoureuses, sur fond de vengeance et de lutte pour le pouvoir. Le final "glacial" est lui aussi riche et magnifique, conférant à ce livre une remarquable homogénéité de qualité.

     S'il n'y a pas une originalité majeure dans les thèmes abordés, comme souvent en fantasy, ce qui fait la différence c'est la narration, le style et l'inventivité. L'écriture est ici à la fois poétique et captivante, à la fois musicale et imagée. Les genres et les tons se mêlent sans rupture de rythme et sans perturber la lecture. En outre, Colin insère par endroit des scènes fortes, originales et insolites, telles que le rêve de la chouette, l'irruption du Grand Toqué, ou surtout les rêveries entremêlées de Janes et Livia, l'un des plus beaux passages, particulièrement habile car aisé à lire malgré l'originalité de la forme.
     Autant de passages aux tons différents, autant de passages réussis qui donnent à ce livre mille saveurs, autant de preuves que Colin est un grand écrivain.

Pascal PATOZ (lui écrire)
nooSFere


Edition MNÉMOS, Légendaire (1999)

     Les Ténèbres, ce sont trois sœurs : la Mort, la Nuit et la Peur qui, avec la Dame des Songes, sont les seuls Dieux (ici appelés Faeders) à fréquenter encore le monde de Midgard. Les autres Faeders et les Dragons se sont retirés, mais le manque de pouvoir leur pèse et ils aimeraient bien revenir diriger les humains comme au bon vieux temps. C'est de la rencontre entre la Nuit et un roi fou que naîtra Janes, le fils des Ténèbres, qui aura peut-être son rôle à jouer s'il arrive à survivre à l'invasion de son pays par le roi-draaken Asraan, adorateur des Dragons.

     La libre utilisation des légendes nordiques et l'omniprésence des dieux font penser aux romans mythologiques de Roger Zelazny, d'autant plus que c'est Florence Magnin qui a illustré (magnifiquement) la couverture. Dans cette histoire, il faut plus chercher le symbolisme que le réalisme. Les Faeders, des dieux aux caractéristiques archétypales, marchent parmi les hommes et sont des personnages comme les autres : ils ont des désirs refoulés et des problèmes avec leur famille. Les simples humains ne sont que les jouets de leurs intrigues.
     Ce premier tome de la trilogie de Winterheim a pourtant un peu de mal à débuter dans une ambiance glacée, tant les personnages ont des allures de marionnettes. L'hiver est permanent à Midgard, on y trouve des palais et des labyrinthes de glace, les fleuves gèlent et l'animal familier n'est pas le chien mais la chouette harfang. Les cœurs des hommes aussi sont froids et cruels et l'histoire ne se réchauffe et ne prend de l'ampleur qu'avec l'apparition de Janes, adolescent guidé de loin par un destin dont il n'a aucune idée. Janes est un garçon attachant, simple et téméraire, intelligent et déterminé et il est facile de se prendre d'affection pour lui et de s'intéresser à son devenir. Janes est un chercheur qui courra tour à tour après l'aventure, la vengeance et l'amour.

     Malgré le classicisme de la trame (le coup du jeune garçon pataud dont le destin est de sauver le monde est un cliché de la fantasy), on se laisse prendre au jeu. L'écriture de Colin, qui peut être efficace ou poétique selon ce dont il a besoin, y est pour beaucoup. Le décor est enchanteur, d'une beauté sombre et âpre superbement rendue. La narration du coup de foudre de Janes est, par exemple, un moment de pur bonheur littéraire. La dimension de l'histoire, qui tient plus du merveilleux des contes de fées que du « réalisme » de la fantasy épique, tisse une ambiance particulière qui devient très vite envoûtante et on prend plaisir à la lire une fois l'histoire mise en place. Vite, la suite !

Martine LONCAN
Première parution : 1/12/1999
Yellow Submarine 129
Mise en ligne le : 17/12/2002


Edition MNÉMOS, Légendaire (1999)

     A Elsnör, le roi Helmer a décidé de défier les dieux d'Asgard. Il capture Haewen, déesse de la nuit, qu'il jure de ne libérer que lorsque sa femme tuée dans d'étranges circonstances, lui sera rendue. Hell, déesse de la mort, n'entend pas céder au chantage d'un humain, et le royaume d'Elsnör s'enfonce dans une nuit perpétuelle tandis qu'Helmer sent le remords grandir en lui, ou plutôt à côté de lui, incarné par une créature sans visage.
     Quelques décennies royaume voisin de Walroek, Janes, fils de fermiers sans histoire, pressent qu'il a une destinée à accomplir. Il veut être le premier à percer le secret du château de Nartchreck et à découvrir le trésor qu'il renferme Mais lorsqu'une horde barbare dirigée par Asraan, un démon ailé, s'abat sur Walroek, Janes voit sa famille périr et tout son univers s'effondrer. Dès lors, la soif d'aventure va s'effacer au profit d'un inextinguible désir de vengeance.
     Pour son nouveau roman, Fabrice Colin a choisi un univers et une intrigue très classiques. Inspirés de la mythologie scandinave, ses dieux se sont retirés des affaires humaines et vivent isolés à Asgard. Mais leur influence, ainsi que le poids des affrontements passés les ayant opposé aux humains, demeurent très forts. Le roman suit la quête de Janes, à la recherche de ses origines et de sa vraie nature. Classique, certes, mais fort bien mené, et réservant quelques surprises plus qu'agréables, comme cette comédie musicale désopilante improvisée dans les cuisines du château d'Asraan. Et si le romancier ne parvient pas toujours à se départir d'une certaine emphase, dans ses descriptions comme dans ses dialogues, reconnaissons qu'il fait montre dans l'ensemble d'une sobriété dont nombre de ses confrères et sœurs feraient bien de s'inspirer.
     Si le terme n'était pas connoté aussi péjorativement, on classerait ce roman — qui n'est que la première partie d'une trilogie — parmi les œuvres d'heroic fantasy. Contournons le problème en parlant de fantasy épique. Le Fils des Ténèbres n'est sans doute pas un chef-d'œuvre, peut-être pas même le meilleur roman de son auteur, mais il s'agit d'un livre extrêmement bien maîtrisé, sans temps mort, offrant en outre certaines scènes réellement enthousiasmantes. Confirmation donc que Fabrice Colin est l'un des tout meilleurs romanciers de fantasy français.

Philippe BOULIER
Première parution : 1/4/1999
dans Bifrost 13
Mise en ligne le : 6/9/2003

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