Jack VANCE Titre original : Bad Ronald, 1973 Première parution : New York, USA : Ballantine Books, septembre 1973ISFDB Traduction de Jacqueline LENCLUD Illustration de Kamil VOJNAR
GALLIMARD
(Paris, France), coll. Folio policier n° 764 Dépôt légal : mars 2015, Achevé d'imprimer : 25 mars 2015 Réédition Roman, 320 pages, catégorie / prix : F7b ISBN : 978-2-07-045810-3 Format : 10,8 x 17,8 cm✅ Genre : Horreur
Ronald Wilby est un adolescent perturbé, un peu trop gros, mal dans sa peau. Il aime bien regarder les filles, mais elles ne font pas attention à lui. Heureusement que sa maman s’occupe de lui et le console. Même quand il tue par accident la jolie Carol… Maman est prête à tout pour que la police ne l’arrête pas : elle lui aménage une cachette sous l’escalier de leur maison, lui apporte à manger et l'encourage à étudier pour devenir médecin. Quand les choses se seront calmées, ils partiront tous les deux. Mais un jour, sa maman est hospitalisée et Ronald reste seul, caché dans la maison…
« Un de mes meilleurs livres », disait Jack Vance à propos de ce roman récompensé par le prix Mystère de Ia critique en 1980 et adapté au cinéma en 1992.
Figure mythique de la science-fiction et de la fantasy, Jack Vance, né en 1916 à San Francisco, a marqué de son empreinte l'imaginaire de millions de lecteurs en les entrainant dans de somptueux périples exotiques. Il est décédé en 2013.
Coup sur coup à la fin 79, l'excellente collection policière « Red Label » a publié deux romans que, pour l'amateur de SF, il faudrait non pas vraiment repêcher mais assurément annexer à cause d'une dimension anecdotique. Il y a d'abord L'invisible Monsieur Levert, où John Sladek pastiche le roman à énigme comme il pastichait déjà la SF (Méchasme, Opta, 1972, rééd. Presses Pocket, et L'effet Mùller-Fokker, Opta, 1974) et ses figures principales (Un garçon à vapeur, Opta, 1977). Timide et sans débordement en apparence, ce roman est en fait une savante construction articulant de multiples niveaux de lecture. Son caractère spéculatif est donc essentiellement formel — ou ludique.
Tout aussi curieux est le roman de Jack Vance, Méchant garçon. D'abord parce qu'on ne connaissait pas cette face de l'écrivain, surtout célèbre par son heroic fantasy, fort bien faite mais qui ne cesse de ressasser les mêmes recettes désuètes. Certes, de Vance on connaissait aussi des merveilles comme La grande bamboche (in anthologie Bateaux ivres au fil du temps Casterman, 1978). Mais ce Méchant garçon est sans doute un des plus prodigieux romans noirs (et « à suspense ») jamais produits par le genre. Là aussi, l'amateur de SF détecte le caractère spéculatif tapi sous l'innovation thématique de Vance, l'invention d'un « cas de figure » inouï et qui focalise les fantasmes de voyeurisme. Ce qui est encore plus curieux, c'est que dans cette production policière (phénomène récent) de Vance se trouve littéralement mise en abîme toute son œuvre d'heroic fantasy ! Le personnage principal (qui est comme caché dans les murs d'une maison dont il épie les habitants) élabore jour après jour une vaste saga (le cycle d'Atranta) depuis son réduit secret où il est lui-même enfermé comme dans une microdemeure à l'intérieur de la villa. Une série d'emboîtements vertigineux !
A ne pas rater, pour l'anecdote comme pour les qualités intrinsèques de ces livres.