Jonathan L. HOWARD Titre original : Johannes Cabal The Necromancer, 2009 Première parution : New York, USA : Doubleday et Londres, UK : Headline, 11 juin 2009ISFDB Cycle : Johannes Cabal vol. 1
ActuSF
(Chambéry, France), coll. Perles d'Épice Date de parution : 19 novembre 2021 Dépôt légal : novembre 2021, Achevé d'imprimer : octobre 2021 Réédition Roman, 464 pages, catégorie / prix : 19,90 € ISBN : 978-2-37686-277-2 Format : 14,0 x 20,0 cm✅ Genre : Fantastique
Johannes Cabal n'a jamais prétendu être un héros. Qu’y a-t-il d'héroïque, après tout, dans le fait de piller des tombes, de voler des ouvrages occultes ou d’entretenir de bons rapports avec les démons ?
Son but, cependant, n’est pas dénué de noblesse : toutes ses recherches visent à ressusciter les morts, à les ranimer tels qu'ils étaient de leur vivant. Sauf que pareil accomplissement demande certains sacrifices – parmi lesquels son âme, que Cabal aimerait finalement bien récupérer, non seulement pour ses recherches, mais aussi pour son propre bien.
Malheureusement, ladite âme est désormais prisonnière de la bureaucratie de l'Enfer. Or Satan est peut-être cruel et capricieux, mais surtout il s’ennuie – ce qui peut s’avérer plus dangereux encore. Surtout lorsque le Prince des Ténèbres propose au nécromancien une offre qu’il ne peut pas refuser.
En échange de son âme, Cabal va devoir lui en récupérer cent autres. Placé aux commandes d'une fête foraine diabolique – où tout est fait pour pousser à la querelle, au blasphème et au meurtre – et armé de sa seule intelligence, d'une très grosse arme de poing et d'une absence totale de fantaisie, Johannes Cabal dispose d’un an pour y parvenir…
Auteur anglais flirtant régulièrement avec le fantastique, Jonathan L. Howard signe ici son premier roman, une comédie sombre et cynique. Un texte attirant déjà réservé pour une adaptation !
Un peu à la légère, Johannes Cabal a vendu son âme au diable. Officiellement, pour apprendre les secrets de la nécromancie ; officieusement : on ne le révèlera pas. Mais l'absence de son âme pèse tant à Cabal qu'il décide de la récupérer auprès de qui de droit. Satan ne l'entend pas de cette oreille mais, beau joueur, accepte le pari que lui propose le nécromancien. Celui-ci aura un an pour trouver cent âmes en échange de la sienne, avec, histoire de faciliter (ou de corser) les choses, un imparable moyen de séduction monté sur rails, la Fête Foraine de la Discorde. Seul problème : Cabal est d'un naturel aussi gai qu'un dimanche après-midi de novembre. Mais qu'à cela ne tienne, le nécromancien fait appel aux services de son frère Horst, devenu vampire malgré lui. Et, au cœur de la cambrousse anglaise, voilà les frères Cabal lancés sur un train d'enfer...
Comme pour toute mécanique, il y a un temps de préchauffage : les deux-trois premiers chapitres. Si passées ces cinquante premières pages, le lecteur n'accroche pas, mieux vaut descendre en chemin sans regret. S'il ne décroche pas, le voyage en vaut la peine.
Ponctué de dialogues truculents, de clins d'œil aussi réjouissants qu'irrévérencieux (citons pour seul exemple ces bandits dont le chant de guerre vient de Necronomicon : The Musical...), JohannesCabal est susceptible de provoquer chez le lecteur neurasthénique une crispation spasmodique de ses muscles zygomatiques. Mais pas seulement, car l'auteur tire aussi des cordes autres que l'humour absurde, aidé en cela par le personnage de Cabal, aussi détestable qu'at-tachant.
Ces qualités parviennent (presque) à faire oublier les défauts du roman. Bâti comme une aventure picaresque, où chaque chapitre est un épisode indépendant, il n'en néglige pas moins quelques enjeux exposés au début ou passe de manière assez expéditive sur d'autres (tel le rassemblement des cent futurs damnés), afin de se consacrer davantage à la fin du voyage et le moment où Cabal doit rendre ses comptes à Satan. Dommage que cela arrive si vite, car la folle équipée du nécromancien à travers une campagne anglaise hors du temps est des plus agréables à suivre — pour le lecteur, s'entend. Johannes Cabal se situe quelque part entre la série La Caravane de l'étrange, en moins métaphysique, et Faust, en plus amusant.
Alors ? Si Johannes Cabal est un individu que toute personne sensée fuirait comme la peste, ça n'est heureusement pas le cas de ce livre, d'autant que le bouquin est fort joliment présenté à l'extérieur comme à l'intérieur.