Jonathan L. HOWARD Titre original : Johannes Cabal The Necromancer, 2009 Première parution : New York, USA : Doubleday et Londres, UK : Headline, 11 juin 2009ISFDB Cycle : Johannes Cabal vol. 1
Conclure un pacte avec le diable n’est jamais une bonne idée ; mais si l’on a comme projet de ressusciter les morts, il faut être prêt à en payer le prix. Johannes Cabal, nécromancien de profession, peut en témoigner : il a même sacrifié son âme pour accomplir ce miracle ! D’ailleurs, il voudrait bien la récupérer, autant pour ses recherches que pour son propre bien. Seulement, le prince de l’enfer n’est pas du genre à revenir sur ses contrats… Alors quand il lui lance un pari fou, Johannes saute sur l’occasion. Il dispose désormais d’un an pour récupérer cent âmes en échange de la sienne, avec pour seuls appuis une fête foraine diabolique, des employés d’os et de chiffons, un frère plus très humain et un flagrant manque de fantaisie. Mais tout n’est pas joué d’avance ; le diable et son administration infernale ne risquent pas de lui faciliter la tâche…
Johannes Cabal, le Nécromancien est une comédie cynique portée par un antihéros à la tête d’une galerie de personnages hauts en couleurs, dans un univers fantastique où se croisent fantômes, démons et morts-vivants.
Jonathan L Howard a travaillé comme scénariste de jeux vidéo dans les années 1990, notamment pour la série des Chevaliers de Baphomet, qui a connu un grand succès. Johannes Cabal, le Nécromancien est son premier roman. Il vit aujourd'hui avec sa femme et sa fille près de Bristol.
Un peu à la légère, Johannes Cabal a vendu son âme au diable. Officiellement, pour apprendre les secrets de la nécromancie ; officieusement : on ne le révèlera pas. Mais l'absence de son âme pèse tant à Cabal qu'il décide de la récupérer auprès de qui de droit. Satan ne l'entend pas de cette oreille mais, beau joueur, accepte le pari que lui propose le nécromancien. Celui-ci aura un an pour trouver cent âmes en échange de la sienne, avec, histoire de faciliter (ou de corser) les choses, un imparable moyen de séduction monté sur rails, la Fête Foraine de la Discorde. Seul problème : Cabal est d'un naturel aussi gai qu'un dimanche après-midi de novembre. Mais qu'à cela ne tienne, le nécromancien fait appel aux services de son frère Horst, devenu vampire malgré lui. Et, au cœur de la cambrousse anglaise, voilà les frères Cabal lancés sur un train d'enfer...
Comme pour toute mécanique, il y a un temps de préchauffage : les deux-trois premiers chapitres. Si passées ces cinquante premières pages, le lecteur n'accroche pas, mieux vaut descendre en chemin sans regret. S'il ne décroche pas, le voyage en vaut la peine.
Ponctué de dialogues truculents, de clins d'œil aussi réjouissants qu'irrévérencieux (citons pour seul exemple ces bandits dont le chant de guerre vient de Necronomicon : The Musical...), JohannesCabal est susceptible de provoquer chez le lecteur neurasthénique une crispation spasmodique de ses muscles zygomatiques. Mais pas seulement, car l'auteur tire aussi des cordes autres que l'humour absurde, aidé en cela par le personnage de Cabal, aussi détestable qu'at-tachant.
Ces qualités parviennent (presque) à faire oublier les défauts du roman. Bâti comme une aventure picaresque, où chaque chapitre est un épisode indépendant, il n'en néglige pas moins quelques enjeux exposés au début ou passe de manière assez expéditive sur d'autres (tel le rassemblement des cent futurs damnés), afin de se consacrer davantage à la fin du voyage et le moment où Cabal doit rendre ses comptes à Satan. Dommage que cela arrive si vite, car la folle équipée du nécromancien à travers une campagne anglaise hors du temps est des plus agréables à suivre — pour le lecteur, s'entend. Johannes Cabal se situe quelque part entre la série La Caravane de l'étrange, en moins métaphysique, et Faust, en plus amusant.
Alors ? Si Johannes Cabal est un individu que toute personne sensée fuirait comme la peste, ça n'est heureusement pas le cas de ce livre, d'autant que le bouquin est fort joliment présenté à l'extérieur comme à l'intérieur.