Il y eut le Désastre, et plusieurs siècles de mort. Puis la vie refleurit dans une zone abritée de la radioactivité. Là les fils du Verseau reconstruisirent un monde selon les principes de la science blanche : les lois du soleil, du vent, du muscle et de l'eau. La science noire des ancêtres — l'atome, le pétrole, les technologies lourdes — fut totalement prohibée. Fragile équilibre, aussitôt remis en question : sur les hauteurs de la Sierra, où commence le territoire des Spatiaux, d'inquiétants apprentis sorciers s'affairent de nouveau. Soleil Sue, qui règne sur le réseau de communications de la Vive Voix, est mise en cause. Lou, maître parfait de la Voie Bleue et Limpide, mène l'enquête. Science blanche contre science noire ? Ce n'est pas si simple : pour l'humanité, le temps est peut-être venu d'écouter une fois encore les chants des étoiles.
Norman Spinrad, né à New York en 1940, a conquis la gloire par des romans satiriques très incisifs comme Les Miroirs de l'esprit. Patrice Duvic lui a consacré un Livre d'Or à son image, plein de punch et d'humour. Chants des étoiles occupe dans son œuvre une place à part : c'est un grand roman lyrique et peut-être un livre de survie pour un siècle prochain.
Critiques
« Pour toutes les civilisations du stade technologique primaire, l'instant crucial de vérité est atteint lorsque le pouvoir-possibilité de vie et de mort atomique-thermonucléaire place le destin planétaire sous le contrôle choix-responsabilité d'êtres à présent plus puissants que l'écosphère qui leur a donné naissance. La connaissance-maîtrise de la puissance atomique donne aux espèces pensantes le paradoxe-puissance-décision-choix de transcender le niveau moléculaire des limitations de la matière et de détruire eux-mêmes leur biomasse-planète, leur faisant ainsi connaître une extinction tragique-stupide-volontaire. Quatre-vingt pour cent des civilisations primaires isolées non reliées échouent à ce test et empoisonnent leur ecosphère. »
La Terre a atteint ce stade primaire et s'est détruite. Ce qui subsiste de l'humanité essaie tant bien que mal de ne pas renouer avec un passé tragique qui a balayé la notion d'avenir scientifique. La stabilité karmique est placée au centre de l'existence qui se partage entre le Blanc et le Noir, le sain et la science. Mais les vieux rêves humains ne sont pas morts. Il y a les Spatiaux. Ceux-là ne renoncent pas et entraînent Lou Bleu Limpide, le maître parfait dispensateur de justice, et Soleil Sue, la reine de la Vive Voix, dans une entreprise on ne peut plus noire...
Chants des étoiles est un roman épais. Trop, manifestement. Contrairement à ses grandes œuvres, Norman Spinrad n'a pas su éveiller et maintenir un intérêt suffisant. Son histoire pèche par excès de lourdeurs et de longueurs qui diluent l'action au profit de débats souvent répétitifs et parfois stériles. Elle souffre d'un manque d'équilibre évident qui s'étire...
Le début se révélait un peu déconcertant mais la civilisation terrienne esquissée promettait de bonnes choses. On devinait une atmosphère étrange, faite de sagesse et de stabilité, de survie et de renouveau. Mais bien vite Spinrad a compliqué son canevas et s'est empêtré dans une quête pâlote et sans ressort. Un si long roman était inutile. Sur deux cents pages, peut-être aurait-il été sauvé...