T. J. BASS Titre original : The Godwhale, 1974 Première parution : États-Unis, New York : Ballantine Books, janvier 1974ISFDB Traduction de Françoise MAILLET Illustrations intérieures de Pierre CLÉMENT
OPTA
(Paris, France), coll. Club du livre d'anticipation n° 59 Dépôt légal : 4ème trimestre 1975, Achevé d'imprimer : 8 décembre 1975 Première édition Roman, 416 pages, catégorie / prix : nd ISBN : 2-7201-0036-6 Format : 13,5 x 20,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Le chapitre 2 intitulé "Rorqual Maru" a fait l'objet d'une publication dans Galaxy Magazine de janvier-février 1972. Tirage limité à 5000 exemplaires numérotés de 1 à 5000 et à 120 exemplaires hors-commerce de collaborateurs marqués H.C.
Rien ne bougeait à la surface de la planète, mis à part les Agrimaches et de rares fugitifs comme Moon.
Les Agrimaches fidèles et obtuses se donnaient beaucoup de peine pour extraire le moindre quantum de l'énergie solaire et le transformer en hydrates de carbone. Leur intelligence mécanique était adaptée à leurs tâches. En ce jour de l'an 2349. Après Olga, un autre cerveau mécanique s'éveilla sur le Mont Rocheux. Ses circuits étaient beaucoup plus complexes ; il était subtil, et dévoué à rien ni personne d'autre que lui-même...
En l'an deux mille trois cent quarante-neuf de l'Ere d'Olga, Moon et Dan s'en retournaient vers le Mont Rocheux. En ce troisième millénaire, la Terre était couleur avocat, et paisible. Couleur avocat, car le sol était entièrement photosynthétisé ; et paisible, car l'humanité dans son évolution avait abouti au Néchiffe à quatre orteils, citoyen-fourmi ne songeant pas à contester.
Voici le premier tableau, la première scène, presque immobile, d'une odyssée telle que la science-fiction ne nous en avait pas donnée depuis longtemps.
Une histoire des temps à venir écrite avec le souci de la vérité scientifique du biologiste et l'émotion profonde d'un grand écrivain.
Humanité et demie et Le dieu-baleine constituent sans nul doute, après Dune de Herbert, la seconde Saga Totale de science-fiction.
Critiques
Dans cette très grande fresque (dont la première partie était déjà connue par les larges extraits parus dans Galaxie n° 107, 110, et 111), l'idée d'une population terrestre atteignant 3500 milliards est effectivement suggérée par le grouillement de personnages à peine différenciés, auxquels on a d'autant plus de mal à s'attacher que, si les Néchiffres de la Fourmilière sont veules et mous, les Egotiens qui lui échappent et qu'elle pourchasse (Broncos, Entre-les-Murs, Océanides) sont frustes et sans pitié ; tous sont des pantins de leurs glandes (tendresse lutéale et dureté folliculaire des « pouliches ») et de leurs gènes (« quatre-orteils » amorphes, « cinq-orteils » rebelles), voire (dans le deuxième tome) semi-mécanisés ; ce sont d'ailleurs des machines (Curedent, Gitar) qui ont le plus de personnalité, et les dieux en qui reposent tous les espoirs (Olga dans le premier tome, Rorqual le dieu-baleine dans le deuxième) sont des machines. Tous les détails, même les plus incroyables, s'appuient sur de remarquables connaissances scientifiques, cependant que l'ensemble a l'élan épique des grandes légendes, dont il est d'ailleurs nourri : Jonas et sa baleine, Moïse guidant son peuple vers la Terre promise, le Joueur de flûte de Hamelin (la traductrice écrit « Hameln », mais à ce compte il faudrait parler de Jonah et de Mosché !). Pourtant tout éclat lyrique ou épique est banni : tout, jusqu'au plus atroce, est décrit sur le même ton détaché et froid, à peine relevé par endroits d'une petite pointe d'humour noir. C'est qu'il n'y a pas de place pour la morale dans cette vision d'une humanité en expansion, dont la Fourmilière et ses adversaires ne sont que deux stades obéissant à un déterminisme tout aussi inhumain. Si bien que l'admiration du lecteur ne va pas sans quelque malaise.