OPTA
(Paris, France), coll. Club du livre d'anticipation n° 60 Dépôt légal : 1er trimestre 1976, Achevé d'imprimer : 10 février 1976 Première édition Recueil de nouvelles, 496 pages, catégorie / prix : nd ISBN : 2-7201-0045-5 Format : 13,5 x 20,0 cm Genre : Science-Fiction
Couverture cartonnée toilée gauffrage à chaud argenté et Jaquette. A noter que la bibliographie en fin de volume est incomplète. Tirage limité à 5000 exemplaires numérotés de 1 à 5000 et à 120 exemplaires hors-commerce de collaborateurs marqués H.C.
Quatrième de couverture
[texte de la quatrième de jaquette]
Damon Knight. Durant une période de quinze années, ses nouvelles ont apporté des feux et des explosions encore inconnues dans les jeux d’artifice d'une science-fiction en pleine furia, une science-fiction joyeuse, toute gonflée d’idées. Rappelez-vous, dans le tout premier numéro de Galaxie, ce Comment servir l’homme qui nous présentait de désopilants extra-terrestres anthropophages et gastronomes... C’est Damon Knight qui, dans In search of wonder, célèbre essai où il se permettait de démolir l’idole van Vogt, déclarait que la SF moderne tendait à devenir "de plus en plus spéculative", lançant sans le vouloir la mode d'un terme nouveau.
Dans les vingt nouvelles qui composent ces Univers, il démontre lui-même que la science-fiction des années 50/60, toujours distrayante et déconcertante, devenait sournoisement agressive et bizarrement grave sous les règles du suspense et de la chute. Tu ne tueras point !, par exemple, nous révèle un monde statique de paix et d'ordre où le dernier homme porteur du germe de la violence devient un révolutionnaire martyr. A l’état de nature, bien avant l’émergence des problèmes d'écologie, décrit un véritable conflit entre le monde urbain et les campagnes, entre la technologie dure et la biologie douce.
Vingt nouvelles qui représentent le meilleur de l'œuvre d'un grand maître de la SF à idées.
1 - Ne vivez pas dans le passé ! (Don't Live in the Past, 1951), pages 1 à 45, nouvelle, trad. Jacques PARSONS 2 - Un monde sans enfants (World Without Children, 1951), pages 47 à 104, nouvelle, trad. Bruno MARTIN, illustré par Romain SLOCOMBE 3 - Quatre en un (Four in One, 1953), pages 105 à 143, nouvelle, trad. Charles CANET, illustré par Romain SLOCOMBE 4 - A l'état de nature (Natural State, 1954), pages 145 à 224, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM, illustré par Romain SLOCOMBE 5 - En scène ! (You're Another, 1955), pages 225 à 261, nouvelle, trad. Roger DURAND, illustré par Romain SLOCOMBE 6 - Tu ne tueras point ! (The Country of the Kind, 1956), pages 263 à 279, nouvelle, trad. Régine VIVIER, illustré par Romain SLOCOMBE 7 - A rebours (This Way to the Regress / Backward, O Time, 1956), pages 281 à 291, nouvelle, trad. Daphné HALIN, illustré par Romain SLOCOMBE 8 - Contact avec l'inconnu (Stranger Station, 1956), pages 293 à 319, nouvelle, trad. Catherine GRÉGOIRE, illustré par Romain SLOCOMBE 9 - Quelle histoire ! (A Likely Story, 1956), pages 321 à 338, nouvelle, trad. Daphné HALIN, illustré par Romain SLOCOMBE 10 - Oeil pour ... quoi ? (An Eye for a What?, 1957), pages 339 à 367, nouvelle, trad. Jean-Pierre PUGI 11 - L'Homme et la jarre (Man in the Jar, 1957), pages 369 à 383, nouvelle, trad. Daphné HALIN, illustré par Romain SLOCOMBE 12 - La Nuit des mensonges (The Night of Lies, 1958), pages 387 à 391, nouvelle, trad. P. J. IZABELLE, illustré par Romain SLOCOMBE 13 - Le Manager (The Handler, 1960), pages 393 à 398, nouvelle, trad. Daphné HALIN, illustré par Romain SLOCOMBE 14 - Autodafé (Auto-da-Fe, 1961), pages 399 à 407, nouvelle, trad. Michel DEMUTH, illustré par Romain SLOCOMBE 15 - Pièce de musée (Collector's Item / The End of the Search, 1963), pages 409 à 414, nouvelle, trad. Daphné HALIN, illustré par Romain SLOCOMBE 16 - Les Touristes de la galaxie (The Big Pat Boom, 1963), pages 415 à 424, nouvelle, trad. Arlette ROSENBLUM, illustré par Romain SLOCOMBE 17 - Une folie ancienne (An Ancient Madness / Mary, 1964), pages 425 à 452, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH, illustré par Romain SLOCOMBE 18 - Semper fi (Semper Fi / Satisfaction, 1964), pages 453 à 467, nouvelle, trad. Daphné HALIN, illustré par Romain SLOCOMBE 19 - Une fille sur mesure (Maid to Measure, 1964), pages 469 à 473, nouvelle, trad. Paul ALPÉRINE, illustré par Romain SLOCOMBE 20 - Hommage aux purs (To the Pure, 1965), pages 475 à 482, nouvelle, trad. Daphné HALIN, illustré par Romain SLOCOMBE 21 - (non mentionné), Titres originaux, traducteurs et copyrights, pages 485 à 486, bibliographie
Critiques
Après ceux de Sheckley et les Contes de terreur de Bloch, voilà le troisième « best of... » présenté par le C.L.A. — une excellente formule qui permet de survoler la carrière d'un auteur sur quinze, vingt ans ou plus, à travers un choix significatif de nouvelles. (Casterman, par Dorémieux, complète l'entreprise avec Matheson, et bientôt Sturgeon). Avec 20 textes de longueurs très variables (entre 80 et 3 pages) s'échelonnant de 1951 à 1965 (ce qui recoupe pratiquement toute la carrière de Knight-écrivain), le présent volume permet de mieux cerner la personnalité et l'évolution du père des Orbit que le mince recueil publié l'an dernier par Kesselring (Et toi donc !, où se retrouvaient toutefois ses deux nouvelles les plus célèbres, Sans éclat et Comment servir l'homme, non reprises ici). Personnalité : critique, perspicace et sarcastique, ce qui l'entraine à vouloir donner sa propre version, distancée, modifiée, ou allégée par l'humour, de thèmes maintes fois exploités (le voyage dans le passé avec Ne vivez pas dans le passé !, l'immortalité avec Un monde sans enfants, le conflit technologie — écologie avec A l'état de nature). Evolution : le passage de longs développements humoristiques (Ne vivez pas..., A l'état de nature) à des textes plus courts où le sérieux reprend le dessus (Tu ne tueras point !, Contact avec l'inconnu), pour tomber dans des récits ultra-brefs, brillants, allusifs, souvent obscurs et la plupart du temps creux — qui illustrent sans doute sa paternité douteuse à la nouvelle vague (Le manager, Pièce de musée, Une fille sur mesure), encore qu'il faille lui savoir gré de ses timides approches sexuelles (Une folie à l'ancienne, jolie évocation post-atomique, et surtout Hommage aux purs, qui chatouille agréablement l'esprit après lecture).
L'esprit critique de Knight (on connaît son attaque contre van Vogt) lui fait aussi (peut-être inconsciemment) se référer à ce qu'il abhorre — témoins la galerie de monstres super-vogtiens mis en scène dans Quatre-en-un, Contact avec l'inconnu, Œil pour... quoi ? De ce portrait en miettes, et à coup sûr difficilement saisissable à cause de toutes ces facettes déployées, reste l'évidence que c'est le Knight « sérieux » qui manifeste, et de loin, le talent le plus considérable. A ce titre, Tu ne Tueras point ! (un châtiment « doux » mais d'autant plus impitoyable), Contact avec l'inconnu l'imparable différence entre deux races rendant tout approche impossible — un récit à mettre en parallèle avec L'homme dans le labyrinthe, de Silverberg), et Autodafé (une version désabusée de Demain les chiens) sont les phares du recueil, et de vrais chefs-d'œuvre de la nouvelle.
On regrettera, sur le plan de la fabrication du volume, que Moebius ait cédé les pages graphiques au sinistre Slocombe, et surtout l'absence de préface et de bibliographie. On se relâche, au C.L.A. !