« Comme nous nous enfuyions au bas de la pente, sous la clarté lunaire trompeuse, j'entendis Conrad marmotter d'une voix étranglée :
— La progéniture des puits noirs de la folie et de la nuit éternelle ! Des obscénités rampantes qui grouillent et se vautrent dans le limon de gouffres insoupçonnés, dans les entrailles de la terre... l'ultime horreur de la régression... le nadir de la dégénérescence humaine... Juste ciel, leurs ancêtres étaient des hommes ! Ces puits... vers quels enfers d'une horreur noire et blasphématoire descendent-ils, et par quelles hordes démoniaques sont-ils peuplés ? Que Dieu protège les enfants des hommes des Habitants... les Habitants des tombes ! »
Découvrez au plus vite ces neuf nouvelles fantastiques — dans la veine du Pacte Noir et de L'homme noir — mais encore plus sombres, violentes et cauchemardesques !
Pour ce 20e REH chez NéO, un univers glauque et hanté par l'horreur... les Forces du Mal et de la Nuit se déchaînent sur le monde, et bien peu en réchapperont !
Ou la vision hallucinée de "Two-Gun Bob", l'un des plus grands écrivains fantastiques de ce siècle !
L'épouvante et la mort, surgies des Ténèbres et des Rêves, sont au rendez-vous !
En attendant Le tertre maudit !
Robert Ervin Howard est né en 1906 à Peaster (Texas). Il s'est suicidé en 1936. Quinze ans de création littéraire lui ont suffi pour devenir l'un des maîtres du fantastique et de l'heroic fantasy de ce siècle. Nous avons, depuis quelques années, révélé au public français une grande partie de son œuvre restée scandaleusement inédite jusqu'alors : Le pacte noir, Kull le roi barbare, Solomon Kane, Le retour de Kane, L'homme noir, Bran Mak Morn, Cormac Mac Art, Agnès de Chastillon, El Borak l'Invincible, El Borak le Redoutable, El Borak le Magnifique, El Borak l'Eternel, Wild Bill Clanton, Kirby O'Donnell, Cormac Fitzgeoffrey, Steve Harrison et le Maître des Morts, Steve Harrison et le Talon d'Argent, Vulmea le Pirate Noir, Sonya la Rouge, dix-neuf volumes magiques et fous, inoubliables, tous traduits et présentés par le meilleur spécialiste de Howard que nous ayons en France : François Truchaud.
Quant à la série des Conan, après avoir été publiée par Lattes, elle est en cours de réédition dans J'Ai lu.
1 - François TRUCHAUD, Aux heures pâles de la nuit, pages 5 à 10, préface 2 - Delenda Est (Delenda Est, 1968), pages 11 à 19, nouvelle, trad. François TRUCHAUD 3 - Celui qui hantait la bague (The Haunter of the Ring, 1934), pages 20 à 39, nouvelle, trad. François TRUCHAUD 4 - La Maison parmi les chênes (The House in the Oaks (Completed by August Derleth), 1971), pages 40 à 61, nouvelle, trad. François TRUCHAUD 5 - Le Cobra du rêve (The Cobra in the Dream, 1968), pages 62 à 69, nouvelle, trad. François TRUCHAUD 6 - Le Fléau de Dermod (Dermod's Bane, 1967), pages 70 à 76, nouvelle, trad. François TRUCHAUD 7 - Le Peuple de la Côte Noire (People of the Black Coast, 1969), pages 77 à 88, nouvelle, trad. François TRUCHAUD 8 - Les Habitants des tombes (The Dwellers under the Tombs, 1976), pages 89 à 113, nouvelle, trad. François TRUCHAUD 9 - La Lune de Zambebweï (Moon of Zambebwei / The Grisli Horror, 1935), pages 114 à 151, nouvelle, trad. François TRUCHAUD 10 - Les Adorateurs d'Ahriman (Black Wind Blowing, 1936), pages 152 à 180, nouvelle, trad. François TRUCHAUD
Critiques
Délaissant ses héros sauvages et intrépides, aux aventures tumultueuses, dont nous avions l'habitude (Kull, Bran Mak Morn, Solomon Kane, El Borak ou encore Sonya la Rouge), ce dernier recueil, Les Habitants des tombes, nous présente neuf nouvelles fantastiques, démontrant ainsi que le talent de R.E. Howard ne s'articulait pas simplement autour de personnages exceptionnels.
Le fantastique se retrouve dans tous ces textes comme d'ailleurs dans toute l'œuvre de Howard, si imprégnée d'occultisme et de magie. Cette omniprésence se vérifie également dans les nouvelles « aventure pure », El Borak ou Wild Bill Clanton par exemple, où Howard ne peut jamais s'empêcher de laisser subsister des éléments surnaturels. NéO nous avait déjà proposé des recueils de nouvelles fantastiques de cet auteur, Le Pacte Noir et L'Homme noir dont Les Habitants des tombes se situent dans le prolongement mais avec un ton beaucoup plus dur, plus violent, hanté par la mort (« Le fléau de Dermod », beau texte en demi-teinte qui tranche sur l'habituelle production de Howard). Une réelle cruauté se dégage d'ailleurs de quelques-unes de ces histoires comme « Le peuple de la côte noire », un récit échevelé et très sombre, « La lune de Zambebwei », où on retrouve l'attrait de R.E. Howard pour l'aventure et l'exotisme (plantation luxuriante en Afrique) mais qui contient des scènes très brutales : mutilations, tortures, .sorcellerie la plus noire, ou encore « Les adorateurs d'Ahriman » (nom fétiche pour Howard qui le reprendra notamment dans Conan !e Conquérant), rapide et mouvementé, imprégné d'un certain sadisme.
Beaucoup de thèmes inhérents au fantastique sont présents dans ce recueil : fantômes (« Delenda Est », « Le fléau de Dermod »), horreurs venues d'une autre dimension (« La maison parmi les chênes », qui n'est pas sans rappeler Lovecraft et qui a d'ailleurs été terminée par A. Derleth), magie (« Celui qui hantait la bague », « La lune de Zambebwei », « Le coeur d'Ahriman »), le rêve ou plutôt le cauchemar, thème très fort dans cette littérature, ici, dans « Le cobra du rêve », il s'agit d'un cauchemar à répétition, au dévoilement progressif, et qui envahit la réalité jusqu'à la déformer. Et enfin un thème particulièrement howardien, celui de la dégénérescence d'une race qui s'éteint (« Les habitants des tombes »).
Un excellent recueil qui permettra d'apprécier une autre facette du talent de R.E. Howard, réduit pendant trop longtemps par des critiques mal informés au seul domaine de l'héroic fantasy.