Vonda N. McINTYRE Titre original : Superluminal, 1983 Première parution : États-Unis, Boston (Massachusetts) : Houghton Mifflin, septembre 1983ISFDB Traduction de Daniel LEMOINE Illustration de Florence MAGNIN
OPTA
(Paris, France), coll. Club du livre d'anticipation n° 123 Dépôt légal : novembre 1986, Achevé d'imprimer : 5 novembre 1986 Première édition Roman, 428 pages, catégorie / prix : nd ISBN : 2-7201-0294-6 Format : 13,5 x 20,2 cm✅ Genre : Science-Fiction
Tirage limité à 1500 exemplaires numérotés de 1 à 1500 et à 30 exemplaires hors-commerce de collaborateurs marqués H.C.
... Des vaisseaux qui voyagent plus vite que la lumière.
... Des pilotes qui les guident au-delà de nos trois dimensions familières.
... EtLaenea qui sacrifie son cœur humain pour une machine bionique, afin de pouvoir entrer dans les rangs des voyageurs interstellaires.
Ce nouveau roman de Vonda Mclntyre (auteur du fameux SERPENT DU RÊVE) est une histoire d'amours étranges et de pérégrinations fantastiques. L'amour de Laenea Trevelyan et de Radu Dracul et leurs extraordinaires voyages vers d'autres espaces, d'autres dimensions, de nouvelles terres et de nouveaux océans.
Des êtres à la fois proches et lointains auxquels l'auteur sait donner vie et consistance psychologique.
Une des odyssées les plus dépaysantes de la science-fiction moderne. Une inquiétante traversée du miroir de nos songes et de nos angoisses.
1 - Daniel WALTHER, Les Amours bioniques de Laena Trevelyan et Radu Dracul, pages 7 à 8, préface
Critiques
Vonda Mclntyre, apparue au début des années '70, fait partie de cette génération d'auteurs américains qui revint à un certain classicisme, après l'explosion psychédélique des années '60. Mais, à la différence de George R.R. Martin, John Varley ou Carolyn J. Cherryh, sa production littéraire reste mince : trois romans et deux novellisations de Star Trek ainsi que quelques nouvelles. Lauréate du Nébula en 1974, catégorie nouvelle, avec le splendide De brume, d'herbe et de sable (in La frontière avenir, Seghers), elle l'obtint dans la catégorie roman cinq ans plus tard pour Le serpent du rêve (Robert Laffont), développement de ladite nouvelle qui reçut également le Hugo.
Superluminal, comme Le serpent du rêve, est tiré d'une splendide novella, Aztèques, parue dans la défunte collection Etoile Double des éditions Denoël. Dès les premières pages, on sent la patte d'un écrivain talentueux, soucieux de qualité et d'originalité. La première phrase, « Elle n'avait pas hésité à renoncer à son cœur », annonce un grand space opéra cruel et dépaysant, dans la lignée de Cordwainer Smith. Comme chez Smith, il faut sacrifier une partie de son humanité — ici, son cœur — pour connaître l'extase de guider une nef spatiale. Et référence ou coïncidence, le spatioport est une île artificielle évoquant le Terraport des Seigneurs de l'instrumentalité.
Mais Vonda Mclntyre a d'autres préoccupations que son illustre prédécesseur, même si les cent et quelques premières pages de Superluminal font penser à La dame aux étoiles, avec cet amour impossible qu'éprouvent l'un pour l'autre Laena et Radu, si proche de celui d'Hélène Amérique pour Monsieur Plusgris. La suite du roman bascule en effet dans un relatif classicisme narratif, dont la destination première est d'offrir un tremplin à une description fouillée des personnages et de leurs rapports. Parler d'une écriture « féminine » est une absurdité, la polémique autour du sexe de James Tiptree / Alice Sheldon l'a amplement prouvé, mais il est certain que la sensibilité de Vonda Mclntyre s'exprime bien plus nettement que celle de beaucoup de ses collègues du sexe opposé. Les relations humaines ont, chez elle, au moins autant d'importance que le côté purement « aventure » de l'histoire. Un livre superbe et attachant comme il en paraît trop peu, qui se déguste comme un alcool fin.
Pour inaugurer sa nouvelle collection appelée « Stellaire », Mnémos a choisi de rééditer Superluminal de Vonda McIntyre, paru en 1986 chez OPTA. Publié en 1983 en VO, le roman résulte en fait de l’expansion de la novella « Aztèques », parue en 1977, à laquelle est rattachée « Transit », une nouvelle également sortie en 83, mais plus tôt.
Dans son univers, les clivages homme / femme sont dépassés du fait de l’application d’une méritocratie parfaite, mais de nouvelles différences sociales émergent, que ce soit du fait des capacités de certaines professions ou de l’apparition de variantes génétiques (adaptées au milieu sous-marin) de l’humain. Les Pilotes forment l’élite de cette société, car ils sont les seuls à pouvoir rester éveillés sans mourir au sein du Flux, les dimensions supérieures à l’espace-temps quadridimensionnel banal permettant de franchir rapidement les gouffres interstellaires. Le prix à payer, toutefois, est considérable : leur cœur doit être remplacé par une prothèse mécanique. Membres d’équipage et passagers, eux, se voient placés sous une anesthésie si profonde et toxique que la mort n’est pas rare.
L’ouvrage, qui s’ouvre sur un incipit d’une grande force (« Elle n’avait pas hésité à renoncer à son cœur »), commence par narrer, dans son premier tiers, l’histoire d’amour impossible entre Laena, jeune pilote, et Radu, membre d’équipage, qui, à partir du second tiers, fera preuve d’un don hautement singulier qu’il utilisera pour retrouver une Laena égarée dans les dimensions supérieures de l’univers, mais qui, menaçant de remettre en cause l’ordre établi, lui attirera une attention malvenue de la part des Pilotes et des tout-puissants Administrateurs du Flux. Cette seconde partie étant plus axée sense of wonder et aventure, tout en n’oubliant jamais le pivot du roman : les relations humaines.
Même si l’autrice fait preuve de belles qualités (un sens bluffant de l’anticipation technologique, un intéressant univers transhumaniste), le roman n’en reste pas moins trop bancal pour convaincre : le premier tiers est très (trop) lent (sans compter que l’histoire d’amour ne séduira pas tous les profils de lecteurs), tandis qu’au contraire, le reste s’avère trop rythmé pour son propre bien. Certains dialogues ou manières de réagir de personnages secondaires peinent à convaincre, et la conclusion abrupte laisse questions et fils d’intrigue en suspens. Sans même parler de l’univers, qui évoque un peu trop de prestigieux devanciers (Cordwainer Smith, Frank Herbert).
Mais McIntyre n’est pas la seule en cause : l’éditeur s’est cru obligé de souligner avec emphase le côté révolutionnaire (l’inversion des stéréotypes de genre, par exemple) et visionnaire du livre, alors qu’il aurait mieux employé son temps à corriger le texte (et à laisser le lecteur tirer les conclusions qui s’imposaient) : pour un roman de taille modeste, le nombre de coquilles et d’erreurs n’a rien de glorieux !
APOPHIS (site web) Première parution : 1/10/2022 Bifrost 108 Mise en ligne le : 20/5/2025
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