« Amoureux inconditionnel de l'Afrique, Sir Henry Rider Haggard y situa la majeure partie de ses romans. Mais un autre continent, à l'histoire aussi chargée de mythes et de mystères que l'est l'Amérique, ne pouvait que l'attirer. Trois grands romans naquirent de cette rencontre entre le Maître de l'Aventure Fantastique et les civilisations disparues du Nouveau Monde : La Vierge du Soleil (déjà paru dans cette même collection), Cœur du Monde et La Fille de Montezuma.
Publié en français, il y a un demi-siècle, dans une adaptation qui amputait de plus d'un tiers l'œuvre originale, voici Cœur du Monde enfin traduit dans son intégralité.
On y retrouve les personnages d'exception qui sont les héros privilégiés de l'auteur de She : un aventurier britannique au grand cœur, un Indien d'une haute noblesse d'âme et d'un inébranlable courage, détenteur de la moitié d'un talisman dont la réunion à son autre moitié doit lui conférer le pouvoir, et enfin une princesse d'une inégalable beauté, issue du dernier descendant des rois aztèques et originaire du « Cœur du Monde », la fantastique cité perdue de l'Amérique Centrale. On y retrouve également ce génie que possède Rider Haggard de donner vie à des héros déchirés entre leur destin et leurs passions et d'évoquer des lieux hors du temps, surgissant comme par miracle des terres les plus secrètes de la planète.
Livre superbe sur la grandeur oubliée et la décadence des brillantes civilisations du passé, Cœur du Monde est aussi un chant magnifique à la gloire de l'Amour éternel et de l'Aventure, deux grands thèmes qui ont inspiré ses plus beaux livres à l'auteur des Mines du roi Salomon. »
Richard D. Nolane
Né en 1856 et mort en 1925, Sir Henry Rider Haggard, ami intime de Kipling, fut l'un des principaux représentants de l'âge d'or du roman d'aventures en Angleterre. Solidement intégré à la société de son époque, il fut fait deux fois chevalier. Économiste, il était également technicien des questions agricoles et juriste. Mais il est d'abord pour nous un très grand romancier qui sut mêler dans tous ses romans, fantastique et aventure, ésotérisme et érotisme, pour constituer une œuvre impérissable dont une grande partie reste à traduire. On pourra lire de lui, dans cette même collection : Le cycle de She qui comprend La fille de la sagesse, Aycha, She, et Aycha et Allan, ce dernier ouvrage servant de trait d'union entre ce premier cycle et celui d'Allan Quatermain, qui comprend dix-huit volumes, parmi lesquels Les mines du roi Salomon, La fleur sacrée, Allan Quatermain et L'épouse d'Allan. Les cinq autres ouvrages que nous avons publiés : Le peuple du brouillard, La vierge du soleil, L'esclave Reine,Eve la Rouge (fabuleux roman historico-fantastique), et La nuit des Pharaons (qui contient deux nouvelles où apparaît Allan Quatermain) sont des œuvres séparées où l'aventure et l'amour sont toujours les moteurs du récit. Le dieu jaune vient de paraître dans la collection « Aventures fantastiques » dirigée par Richard D. Nolane chez Garancière, et nous publierons prochainement La fille de Montezuma dans sa version intégrale.
Critiques
Pour nombre de lecteurs, le nom de Sir Henry Rider Haggard est assimilé, tel Flaubert, à celui de son personnage principal : She. On ne saurait leur en tenir rigueur : longtemps, seuls des fragments du cycle de She furent disponibles en langue française, et il fallait découvrir de vieilles éditions des années 30 pour connaître Allan Quatermain, même après Steward Granger ! Heureusement, Néo persiste et signe avec un égal bonheur dans sa redécouverte d'un auteur fondamental du récit d'aventures intelligent, peintre des Passions et du Destin.
Si l'Afrique a nourri les branches principales de l'œuvre de Rider Haggard, celui-ci ne pouvait ignorer les autres lieux propices à l'imaginaire, au premier rang desquels l'Amérique Latine. A l'égal des vieilles civilisations noires du Zimbabwe, le privilège de la géographie de ce continent est d'entretenir les traditions des peuples perdus : El Dorado et les sauriens de Conan Doyle... La vierge du soleil, dans la même collection, a soulevé un coin du voile. Cœur du monde en révèle un peu plus.
Ils sont tous là : la Cité perdue, la Tradition séculaire, le Trésor qui attire des aventuriers sans scrupules (les aventuriers sont toujours sans scrupules !), le digne et courageux Anglais, les nobles Indigènes porteurs du poids de leur passé, ici les indiens de souche Aztèque honnis des mexicains métis. (En passant, peut-être pas si « clair » idéologiquement, noire britannique : sa valorisation de l'indien idéalisé — les Aztèques furent « relativement » barbares — se fait aux dépens du mexicain bâtard d'espagnol. Ode aux races pures ?)
Comme toujours, mais le motif est attendu chez l'auteur et ses variations toujours subtiles, la passion amoureuse noue avec le destin des personnages une trame définitivement tragique. La mort et la destruction sont au rendez-vous : si le feu consumait Ayesha, l'eau engloutira ici perdre sa belle princesse indienne en même temps que le goût de la vie. S'il est une œuvre dans laquelle l'antique fatum écrase l'être humain, c'est bien chez Rider Haggard. Cette perception du tragique exceptionnel en fait l'auteur d'ouvrages incomparables, qui traversent intacts les modes et les décennies.