« C'était ce qu'il aimait le moins dans son travail : les cris des morts. Il détestait ces appels qu'il avait si souvent entendus. »
Nous sommes en 1998 et le sens du temps s'est inversé. Les morts les plus récents ressuscitent en premier, les autres suivront. Le vieillard devient adulte, l'adulte accède à l'adolescence et le bébé réintègre le sein maternel.
C'est dans cet univers dément que l'Anarque Peak va revenir à la vie. L'Anarque qui, en son temps, fut le chef religieux de millions de noirs américains qu'il poussa à la révolte.
Son retour imminent suscite espoir, passion, haine, selon les cas. Pour Sebastian Hermes, directeur d'un vitarium, entreprise qui s'occupe du retour à la vie des morts, la possession du corps de l'Anarque Peak devient bientôt le début d'un cauchemar sanglant.
Né à Chicago en décembre 1928, Philip K. Dick, après avoir exercé divers métiers, devint l'élève de l'écrivain Anthony Boucher, rédacteur en chef de The magazine of fantasy and science fiction. Son premier récit parut en 1952.
Ce roman, qui avait eu les honneurs du C.L.A. en 1968, est fondé sur un de ces postulats cauchemardesques dont Dick est friand : sous l'effet Hobart les vivants rajeunissent et les morts ressuscitent ; le retour de Peak, grand « leader » religieux, est guetté par des factions rivales, entre lesquelles un « héros » bien ordinaire, Sébastian Hermes, patron d'un vitarium (en quelque sorte, pompes funèbres... aspirantes), se débat avec beaucoup de pathétique et de suspense, gâtés malheureusement par l'insistance sur des détails farfelus (les aliments qu'on régurgite, les mégots qui redeviennent cigarettes, les poils de barbe qu'on se replante le matin), inopportuns puisqu'une représentation vraiment conséquente de l'inversion du temps rendrait toute action impossible ; beaucoup plus prenantes sont les questions humaines, comme : qu'est-ce que de voir vieillir la femme qu'on aime, à côté de la voir redevenir bébé ?